Climat: la Belgique veut des garanties pour soutenir des objectifs UE ambitieux
La Belgique fait partie des pays qui réclament d'importantes garanties pour ses citoyens et ses entreprises afin de soutenir des objectifs climatiques ambitieux au niveau de l'Union européenne, ressort-il jeudi de son intervention au conseil des ministres de l'Environnement des 27 États membres de l'UE.

Les Vingt-sept y débattent de l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l'horizon 2040, mais aussi de la contribution que l'UE doit annoncer lors de la prochaine grande conférence de l'ONU sur le climat au Brésil, en novembre, pour réduire ses GES à l'horizon 2035. C'est la ministre wallonne en charge du Plan Air-Climat, Cécile Neven (MR), qui portait la voix du pays à cette réunion, aux côtés du ministre fédéral du Climat Jean-Luc Crucke (Engagés), conformément au tour de rôle du système interfédéral belge. Concernant 2040, il s'agira d'un objectif contraignant, puisqu'il sera inséré dans la loi climat européenne. Mais aucune décision n'est attendue ce jeudi. La Commission a proposé en juillet de réduire de 90% les émissions de gaz à effet de serre en 2040 par rapport à 1990, moyennant certaines flexibilités. Mais les divergences entre les 27 sont telles qu'une décision à ce sujet devra découler d'une prise de position des chefs d'État et de gouvernement, lors d'un sommet en octobre.
«La Belgique ne sera en mesure d'accorder son soutien à l'objectif de 90% qu'à la condition de disposer de garanties claires et crédibles», a averti Mme Neven. La liste est longue: «l'Europe doit mettre en place toutes les garanties concernant la protection du pouvoir d'achat de nos ménages, la compétitivité de nos entreprises, le développement de l'emploi, le respect d'une transition juste et l'avenir de notre agriculture». La Belgique réclame aussi de garantir une énergie abordable et bas carbone, une architecture climatique mieux fondée sur le principe du coût-efficacité et plus équitable entre ses États membres, un plan européen d'accompagnement des industries énergivores (comme la chimie, le ciment, l'acier ou la chaux)... «L'Europe ne pourra pas réussir sa transition sans une adhésion forte des citoyens et des entrepreneurs», a justifié la ministre Neven. Pour faire accepter l'objectif de -90%, la Commission a proposé certaines flexibilités, par exemple que les États membres puissent soutenir des projets vertueux hors UE, en autorisant l'achat de crédits carbone internationaux jusqu'à 3% des émissions nettes, à partir de 2036. Ou encore de prendre en compte, dans le calcul de l'effort climatique national, des puits de carbone naturels, ce que les ONG dénoncent comme une manière de contourner les efforts nécessaires.
À cet égard, la Belgique ne pourra pas soutenir des flexibilités qui auraient des effets contre-productifs ou qui n'ont pas atteint un niveau suffisant de maturité technologique, a déclaré Cécile Neven Le pays réclame au passage une flexibilité budgétaire accrue pour les États membres qui s'engagent à respecter leurs objectifs climatiques et économiques. Quant à la contribution 2035 à annoncer à l'ONU, la Belgique pourrait soutenir la proposition indicative de la présidence danoise du Conseil de l'UE, selon la ministre. Les Vingt-sept calent en effet à ce sujet aussi. Faute de mieux, l'idée serait d'approuver une simple déclaration d'intention évoquant une fourchette de baisse des émissions de -66,3% à -72,5% par rapport à 1990, puis de préciser la cible quand les 27 auront arraché un compromis sur leur trajectoire 2040. «Mais nous voulons quand même rappeler que l'Europe, c'est 6,9% des émissions de CO2 mondiales. Il est donc absolument nécessaire de trouver un juste équilibre entre les efforts des grands émetteurs», prévient la Belgique.