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Le Space privé de la moitié de ses animaux!

Le Space, à Rennes, c’est l’événement que beaucoup d’éleveurs français attendent de pied ferme. Présentations, concours, ventes… durant trois jours, les meilleures bêtes se retrouvent sous le feu des projecteurs. Pourtant, cette édition avait une saveur particulière. En effet, la moitié des animaux annoncés n’ont pas pu être présents. Comme chez nous, ce genre de rassemblement en France se déroule dans un contexte sanitaire sous haute tension.

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Du petit garçon rêvant de grimper sur un tracteur aux exposants, en passant par les visiteurs locaux et internationaux, la magie du Space tient dans sa capacité à fédérer des milliers de personnes autour de l’élevage. Et cette année encore, le salon de Rennes a battu des records de fréquentation avec 102.528 visiteurs, dont 14.011 internationaux provenant de 125 pays. La journée du mercredi a, elle, comptabilisé pas moins de 45.781 entrées, un chiffre jamais atteint auparavant.

Preuve que, professionnel ou simple curieux, l’agriculture nous concerne tous. Mais le cœur battant du Space reste, sans aucun doute, ses éleveurs. Il suffit de parcourir le hall où sont exposées les plus belles bêtes pour le comprendre. À l’instar de l’allée de l’élevage à Libramont, c’est l’un des lieux phares du salon. Pourtant, cette fois, l’ambiance y était étrange, avec ses stands vides. Sur le ring, même constat : la présentation de la race Parthenaise s’est déroulée… sans animaux. En Blonde d’Aquitaine, à peine une dizaine d’animaux étaient présents.

« La participation des bovins et ovins a été maintenue. Conformément au règlement, tous les animaux ont été testés négatifs aux PCR FCO8 et 3 ainsi qu’à la MHE », indiquent les organisateurs. Mais au final, seule la moitié des bêtes initialement prévues ont pu participer. Si les concours et présentations ont bien eu lieu, le programme a dû s’adapter aux effectifs. Quant aux ventes bouchères, de reproducteurs allaitants ou encore la Génomic Élite en races laitières, elles ont malgré tout été organisées avec succès.

« Ce salon, normalement il se vit avec ses bêtes »

Bref, pour les habitués, le Space 2025 ne ressemblait à aucun autre. Olivier Tarlevé, éleveur de Blonde d’Aquitaine, peut en témoigner. Depuis 25 ans, il vient au salon avec ses animaux. Cette fois, la FCO en a décidé autrement. « Mes bêtes étaient positives à la prise de sang. Elles n’avaient aucun symptôme. Sans le test, je ne l’aurais jamais su », confie-t-il. En France, la vaccination contre cette maladie n’est pas obligatoire. « Désormais, j’ai décidé de vacciner. Normalement, je devais être là avec trois Blondes, à savoir une vache suitée, une gestante et éventuellement un taureau. Je suis installé dans le Morbihan, et j’ai des acheteurs qui viennent ici pour mes reproducteurs. Alors oui, je suis présent, mais il manque quelque chose. Le Space, ça se vit avec ses animaux ! Puis, ça fait drôle de voir des stands vides… »

Déçu, l’éleveur breton tient néanmoins à saluer ses condisciples qui ont pu représenter la race. Parmi eux, Mickaël Rothureau. Si son nom vous dit quelque chose, c’est normal : il officiait en tant que juge lors du concours Blonde d’Aquitaine de Libramont en 2024. Installé dans le Maine-et-Loire, il a présenté trois bovins à Rennes, après avoir franchi les tests vétérinaires et la désinfection imposée à l’arrivée. Une précaution indispensable pour les organisateurs, qui n’ont pas voulu prendre le moindre risque. Si la fièvre catarrhale ovine n’avait pas empêché sa venue, en 2024 par contre c’est la MHE qui l’avait privé de Space. « Certains animaux avaient les muqueuses sèches, rencontraient des difficultés à se déplacer ou perdaient 100 kg en l’espace de 8 à 15 jours », se rappelle-t-il.

Une première participation réussie pour certains éleveurs

Du côté des Salers, même topo. Heureusement, Benjamin Gasquet, éleveur dans le Cantal, berceau de la race, a pu monter sur le ring avec trois bêtes. Une première pour lui ! Cerise sur le gâteau, il est même reparti avec un 1er prix pour sa vache de 3 ans. Si c’est la première fois qu’il prend part au Space avec ses Salers, Benjamin est un habitué des compétitions. « Depuis mon installation, je les fais toutes. Il ne me manque que Paris. Il fallait être vraiment motivé pour venir au salon. Il manque beaucoup d’éleveurs du nord de la France car ils sont plus impactés que nous par la FCO. Dans notre région, nous en avons subi les conséquences il y a deux ans ».

L’éleveur de Salers a décroché une victoire avec sa bête de 3 ans.  Le prochain rendez-vous ? Le Sommet de l’élevage.
L’éleveur de Salers a décroché une victoire avec sa bête de 3 ans. Le prochain rendez-vous ? Le Sommet de l’élevage. - D.T.

L’installation de ce passionné date de 2015, alors que son père travaillait en Prim’Holstein. « Mais je ne voulais pas traire et j’aime les Salers. À présent, nous faisons vêler 140 vaches en race pure. Nous gardons les femelles pour la reproduction, quant aux mâles, on en fait des taurillons que l’on finit et que nous conduisons à l’abattoir ».

Pour lui, comme beaucoup d’autres, le prochain rendez-vous inscrit à l’agenda est le Sommet de l’élevage qui ouvrira ses portes à Clermont-Ferrand le 7 octobre. Avec combien d’animaux présents ? Face au contexte sanitaire, faire des prédictions relève bel et bien de l’impossible.

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