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Hector, l’assistant virtuel qui vous facilite le quotidien

Imaginez : vous prenez votre smartphone et tapez ou dictez l’intervention que vous venez de réaliser sur une culture ou un animal. En un rien de temps, l’information est enregistrée et vient s’ajouter à celles déjà renseignées au fil de la saison, pour être consultée à tout moment de la journée. C’est préci-sément ce que permet, entre autres, l’assistant virtuel Hector. Avec, à la clé, un gain de temps certain pour se consacrer aux travaux de la ferme ou, pourquoi pas, s’offrir un peu de liberté.

Temps de lecture : 8 min

« Hier, j’ai déchaumé la parcelle Fond de la Roche », « La vache 1930 a mis bas un veau mâle, dont le numéro de boucle est 3342 », « J’observe que la vache 8812 boite. À surveiller »… Ce ne sont là que quelques-unes des actions ou observations qu’il est possible de renseigner dans Hector, qui les enregistre avec tous les détails nécessaires. Le but : permettre aux agriculteurs de simplifier leurs tâches administratives en les réalisant au fur et à mesure de la journée, à l’aide d’un outil dont tout le monde ou presque dispose, le smartphone.

Par un agriculteur, pour les agriculteurs

Derrière l’assistant virtuel Hector se cache un agriculteur de Libramont, familier avec les technologies numériques puisqu’il est informaticien de formation. Après avoir créé Léa, un logiciel de gestion destiné aux entreprises de travaux agricoles, Henri Louvigny revient sur le devant de la scène agri-informatique avec cette nouvelle solution, rendue possible par l’essor que connaît l’intelligence artificielle ces dernières années.

« Début 2024, les agriculteurs du pays ont fait part, notamment, de leur ras-le-bol face aux tâches administratives qui leur incombent au quotidien. Déclaration pac, enregistrement des traitements phytosanitaires et des naissances, nouvelles normes qui s’ajoutent aux législations existantes… Il fallait trouver une solution pour simplifier la gestion des tâches chronophages », se souvient Henri. En parallèle, l’intelligence artificielle (IA) poursuivait son entrée dans le quotidien des entreprises et des citoyens.

« J’ai rapidement pensé que l’IA pouvait être une solution aux problèmes rencontrés, qu’il s’agisse des contraintes administratives ou des réglementations sans cesse plus complexes », poursuit-il. « Durant un an, je me suis penché sur le développement d’un assistant virtuel, spécifiquement dédié aux agriculteurs et aussi simple que possible à utiliser. » C’est ainsi qu’est né Hector, disponible sur www.hector.farm. L’outil est capable de comprendre et d’enregistrer des tâches via une conversation, de donner des réponses aux questions sur la réglementation (bio, couvert végétalisé permanent, zone tampon…) et, enfin, de structurer les données de l’exploitation en un point unique.

« L’agriculteur n’est pas un informaticien.  Hector se veut simple et intuitif. Aucune  formation n’est nécessaire avant la prise  en main du logiciel », insiste Henri Louvigny.
« L’agriculteur n’est pas un informaticien. Hector se veut simple et intuitif. Aucune formation n’est nécessaire avant la prise en main du logiciel », insiste Henri Louvigny.

« Il a fallu un an pour qu’Hector réponde aux attentes fixées. Ses différentes fonctions ont été testées au sein de ma ferme, sur des situations concrètes. » De quoi permettre de faire les éventuelles corrections et autres adaptations nécessaires à une utilisation quotidienne par des cultivateurs et éleveurs. L’informaticien poursuit d’ailleurs son travail de la même façon : chaque nouvelle fonction est testée sur le terrain avant d’être rendue accessible à la communauté d’utilisateurs.

Labourer, semer, traiter… et encoder

Pratiquement, que permet de réaliser Hector ? En grandes cultures, les tâches encodables sont nombreuses : semis (avec la possibilité de préciser la variété et la densité), travail du sol, récolte, traitement phytosanitaire (avec enregistrement de la dose appliquée)… Le tout, parcelle par parcelle, est ensuite daté et structuré dans le logiciel. À tout moment, les informations sont consultables et modifiables, que ce soit depuis l’application ou via un ordinateur de bureau. Hector permet encore d’exporter les activités sous forme de fichier pdf, afin d’obtenir un carnet de culture qui peut être présenté en cas de contrôle ou de besoin administratif.

« Le logiciel est en mesure de récupérer la liste des parcelles cultivées directement dans le fichier pac, en tenant compte de leur particularité. En zone Natura 2000 ou sous régime bio ? L’assistant enregistre l’information. Il fait de même avec l’éventuelle présence d’un cours d’eau ou la mise en place d’un éco-régime », complète Henri. Il peut ainsi guider l’utilisateur en tenant compte de la situation rencontrée sur le terrain.

À noter que le logiciel peut réaliser le même travail sur base d’une liste manuscrite des parcelles prise en photo à l’aide du smartphone.

Au champ, il suffit donc de taper ou de dicter l’intervention réalisée en précisant la parcelle travaillée pour qu’Hector enregistre directement l’information au bon endroit.

Par ailleurs, le logiciel se veut polyvalent par rapport au vocabulaire utilisé. À titre d’exemple, qu’on lui dise « j’ai labouré », « j’ai passé la charrue » ou encore « j’ai charrué », il enregistre automatiquement l’action de labour. « L’IA a été configurée de manière à comprendre le vocabulaire agricole. »

L’activité est enregistrée en un rien de temps,  sur la parcelle correspondante. Et il est  possible d’y ajouter une photo.
L’activité est enregistrée en un rien de temps, sur la parcelle correspondante. Et il est possible d’y ajouter une photo.

Des questions… et des réponses

Hector comprend encore un « agent phyto », mis à jour sur base des données de Phytoweb. Il est ainsi possible de lui poser toutes sortes de questions afin d’en savoir plus, par exemple, quant à l’utilisation d’un produit sur telle ou telle espèce, de se rappeler à quoi sert tel ou tel produit… Par facilité, il suffit également de taper les premières lettres du produit recherché pour, ensuite, le sélectionner dans la liste apparaissant à l’écran.

Toujours dans cette optique de simplicité, prendre une photo d’un bidon suffit pour que l’assistant identifie le produit et en donne les informations.

Sur base du numéro de boucle

Pour les éleveurs, il convient de saisir (toujours par écrit ou oralement) le numéro de la boucle accompagné de l’intervention effectuée (vêlage, traitement médicamenteux…) pour que le tout soit daté et enregistré. « Le logiciel recompose le cheptel au fur et à mesure que des numéros de boucle lui sont fournis. À terme, il devrait être possible d’aller récupérer les informations relatives au troupeau directement sur la plateforme Cerise. » De quoi éviter un encodage animal par animal.

Un autre point fort de l’assistant virtuel réside en sa capacité à enregistrer des photos. « Que ce soit l’état d’une prairie, un vêlage, une boiterie, une blessure… La photo constitue un moyen de se souvenir d’une situation assez facilement. »

À l’image de ce qui est réalisable avec les produits de protection des plantes, un agent « médicament » est disponible afin de répondre à toutes les questions relatives aux médicaments vétérinaires. Il est également possible de générer une fiche propre à chaque animal afin de visualiser en un coup d’œil l’ensemble des données à son sujet. De même, la recherche d’un produit peut aussi se faire sur base des premières lettres de son nom ou sur base d’une photo de la boîte de médicaments.

La pac sans zone d’ombre

La connaissance des différentes réglementations constitue un autre point fort de l’agent conversationnel, que ce soit en Wallonie, en Flandre ou en France, les trois zones pour lesquelles il a été développé. « Hector a été configuré afin que l’utilisateur ait directement accès à la législation en vigueur dans sa région ou son pays », précise le développeur. Ainsi, un agriculteur wallon est certain d’obtenir une réponse adaptée à sa situation et non basée sur les règles françaises.

Pour ce faire, l’assistant virtuel est directement et proactivement alimenté avec l’ensemble des données nécessaires alors qu’un agent conversationnel classique irait chercher les réponses sur le web, sans spécialement faire la distinction entre la Wallonie et la France. Mesures agro-environnementales, éco-régimes, Natura 2000, réglementations régionales… n’ont donc aucun secret pour lui.

Enfin, il est encore possible d’encoder des factures, par simple photographie, afin d’enregistrer des données relatives aux charges et recettes de l’exploitation ; le tout trié et classé par catégorie. « Cela permet d’avoir une vue d’ensemble sur les achats, de retrouver les montants payés dans le passé pour certains intrants, de réaliser des graphiques… Mais il ne s’agit pas d’un logiciel de facturation. »

Un assistant qui évolue avec les besoins du terrain

Le développement de l’assistant virtuel se poursuit au quotidien, au rythme des demandes, des idées et de l’ampleur que prend l’IA. « Hector est comme un petit garçon de trois ans. Il sait marcher et va maintenant apprendre à courir, puis à courir de plus en plus vite », illustre Henri, qui poursuit l’objectif d’améliorer sans cesse le produit.

Et d’ajouter : « Les utilisateurs transmettent déjà leurs idées via l’application. Je sais de cette manière ce qu’il faut adapter ou améliorer pour répondre aux attentes des uns et des autres ». Ainsi, des éleveurs souhaiteraient, comme mentionné ci-avant, qu’Hector soit en mesure d’aller récupérer des informations depuis Cerise, mais aussi d’en envoyer sur ladite plateforme. « L’idée sera toujours de répondre aussi rapidement que possible aux problématiques rencontrées sur le terrain, tenant compte de notre marge de manœuvre. »

L’informaticien peut aussi compter sur sa propre expérience, tant au champ qu’à l’étable. Parmi les améliorations récentes, il a d’ailleurs rendu Hector disponible sur ordinateur. « Cela permet, par exemple, de créer un carnet de champ au format pdf après avoir réalisé les encodages directement depuis la cabine du tracteur. Ou encore d’analyser des variations de rendements année après année. » Soit autant d’éléments qu’il est plus aisé de visualiser sur grand écran.

« À terme, l’ambition est d’intégrer l’IA agentique. L’IA sera alors en mesure, depuis Hector, d’accomplir des actions sur d’autres sites, comme si un humain s’y connectait pour les réaliser lui-même. Et ce, en toute autonomie. » Concrètement, que cela donnerait-il ? Un vêlage renseigné à l’aide de l’assistant virtuel serait dans la foulée encodé sur la plateforme Cerise, sans intervention de l’éleveur. Il serait aussi possible de commander des intrants directement auprès d’un fournisseur, après qu’Hector ait calculé les quantités nécessaires sur base, par exemple, de la superficie d’une parcelle. « Moyennant une confirmation de l’agriculteur », tempère toutefois l’informaticien.

Dans le futur, le logiciel pourrait s’internationaliser. Une piste qui ne paraît guère saugrenue, étant donné la capacité de l’IA à parler d’autres langues. « Mais il faudrait alimenter le modèle avec la législation en vigueur dans les pays ciblés », nuance-t-il, tout en soulignant le potentiel de cette technologie.

Et Henri de conclure : « L’IA n’est pas une menace. Que du contraire… Il convient de s’y intéresser, car elle peut nous rendre bien des services. Même dans le monde agricole ! ».

Jérémy Vandegoor

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