Préparer le cru 2026 grâce aux conseils de l’Irbab
Choisir la bonne variété est essentiel pour répondre aux défis biotiques et abiotiques spécifiques de chaque parcelle ainsi qu’aux conditions agronomiques, tout en respectant la date de récolte prévue. Le choix variétal influence également l’itinéraire phytotechnique à adopter durant la saison. Afin de faciliter le façonnement de l’assortiment variétal, l’Irbab a, une nouvelle fois, passé au crible un large catalogue de betteraves sucrières.

Après deux années difficiles en 2023 et 2024, la saison 2025 a connu un début beaucoup plus favorable. Le printemps chaud et sec a permis un semis très précoce et rapide. Les essais variétaux conduits par l’Institut royal belge pour l’amélioration de la betterave (Irbab) ont ainsi pu être semés dans un laps de temps très court, entre le 17 et le 27 mars. Cela correspond bien à la pratique : à la fin du mois de mars, environ 90 % de toutes les parcelles avaient été semées.
Des conditions propices au feuillage… et aux pucerons
La levée au champ a été globalement bonne et assez uniforme entre les variétés. Dans un seul essai, un déficit pluviométrique après le semis a entraîné une levée hétérogène. Grâce au temps chaud, les betteraves ont atteint le stade 4-6 feuilles entre fin avril et début mai.
La combinaison d’une chaleur persistante et de précipitations début et fin juin, bien que limitées, a favorisé non seulement une croissance rapide du feuillage, mais aussi la prolifération et le développement des pucerons qui peuvent transmettre les virus de la jaunisse.
Afin de protéger au mieux les essais variétaux, les champs ont été surveillés chaque semaine. Si nécessaire, l’agriculteur a effectué, sur les conseils de l’Irbab, des traitements ciblés contre les pucerons et les maladies foliaires. La fertilisation azotée a également été adaptée à chaque parcelle en fonction de son historique et des besoins de la culture.
La cercosporiose, à nouveau la maladie dominante
Le mildiou (Peronospora farinosa f. sp. betae), pseudo-champignon lié au sol qui a refait son apparition en 2024, n’a été observé que sporadiquement ce printemps en raison des conditions sèches et relativement chaudes. L’infestation était trop limitée pour permettre d’établir des différences claires entre les variétés.
Par contre, la cercosporiose était encore la maladie fongique dominante, même si elle s’est manifestée de façon plus modérée qu’en 2024. Les premiers symptômes sont apparus au cours du mois de juillet, mais la maladie s’est développée relativement lentement et n’a augmenté de manière notable qu’à la fin de la saison.
Malgré les traitements fongicides dans les essais de rendement, des différences nettes entre les variétés étaient visibles dans certains essais. Dans les parcelles d’observation qui n’ont pas bénéficié d’une protection fongicide, ces différences étaient encore plus marquées.
En fonction de la date d’arrachage prévue, les essais de rendement ont fait l’objet de deux à trois traitements fongicides. Cela a généralement suffi pour bien contrôler la cercosporiose, limitant ainsi l’impact sur le rendement et la teneur en sucre des variétés les plus sensibles, même dans les essais qui n’ont été arrachés qu’entre mi-octobre et mi-novembre. En revanche, les variétés présentant une tolérance élevée à la cercosporiose ont moins pu profiter de leur tolérance par rapport à 2024.
Comme le montre la comparaison entre 2024 et 2025, l’intensité des attaques de cercosporiose peut varier considérablement d’une année à l’autre. En effet, une infection naturelle dépend fortement de facteurs externes. Étant donné que l’utilisation de variétés tolérantes constitue la base d’une lutte efficace contre la cercosporiose, l’Irbab travaille depuis plusieurs années à la mise en place d’un protocole d’essai visant à évaluer toutes les variétés recommandées dans le cadre d’essais avec une inoculation artificielle de cercosporiose. Cela permet de garantir une attaque suffisamment forte et uniforme sur toutes les variétés.
Ces essais sont actuellement en phase de test et doivent d’abord démontrer une bonne corrélation avec la contamination naturelle. En outre, l’Institut espère que ces expérimentations permettront de mieux mesurer la vitesse à laquelle la cercosporiose se propage à partir d’un foyer d’inoculation, une caractéristique qui semble clairement liée à la variété.
Un retour de la rouille
L’oïdium n’a été constaté que dans un seul essai de rendement, mais les différences entre les variétés sensibles et tolérantes y étaient clairement visibles. Après l’évaluation, la maladie a été efficacement combattue à l’aide d’un traitement fongicide.
Des rendements et teneurs en sucre exceptionnels
La récolte des essais a démarré le 23 septembre et s’est déroulée dans de bonnes conditions jusqu’au 22 octobre. À partir du 23 octobre, la pluie a ralenti les travaux et le dernier essai a été arraché le 18 novembre dans des conditions plus difficiles.
Les semis précoces et la saison favorable ont permis d’obtenir des rendements et des teneurs en sucre exceptionnellement élevés : en moyenne 120,9 t/ha net à 19,1 % de teneur en sucre dans les essais classiques et 106,9 t/ha net à 18,8 % de teneur en sucre dans les essais contaminés par des nématodes.
Toutes les données variétales recueillies à l’issue de cette saison sont présentées dans les tableaux 1 et 2, à savoir : les caractéristiques de rendements (racines, richesse, tare terre), la résistance aux maladies foliaires, le risque de montaison…
Favoriser la stabilité
La figure 1 illustre cette stabilité du potentiel de rendement des variétés recommandées au cours des trois dernières années d’essai. Chaque barre montre l’écart du rendement relatif en sucre au cours d’une année d’essai donnée par rapport à la moyenne pluriannuelle de cette variété. Les barres négatives indiquent un rendement inférieur à la moyenne pluriannuelle, les barres positives un rendement supérieur. Plus les barres sont longues, plus l’instabilité entre les années est grande.

La stabilité ou l’instabilité d’une variété peuvent provenir de deux sources. Premièrement, la stabilité génétique ou la variation de la variété elle-même. En principe, cela ne devrait pas se produire pour les variétés reconnues. Deuxièmement, la stabilité agronomique, à savoir l’interaction entre la variété et les conditions annuelles telles que le climat et la pression des maladies.
La stabilité agronomique d’une variété dépend de ses caractéristiques variétales. Un exemple clair en est la tolérance aux maladies foliaires, en particulier à la cercosporiose. Les variétés plus sensibles à la cercosporiose affichent en 2024 (en rouge) – une année où la pression des maladies est très forte – un écart négatif par rapport à leur potentiel de rendement. Les variétés tolérantes obtiennent cette année-là un score légèrement supérieur à leur moyenne pluriannuelle. En 2025 (en bleu), avec une infestation beaucoup moins importante, la situation est généralement inversée.
Sans problème sanitaire spécifique, quel choix poser ?
Afin de pouvoir comparer correctement le potentiel de rendement et d’autres caractéristiques variétales, toutes les variétés sont testées dans une situation dite classique (tableau 1 et figure 2), c’est-à-dire en l’absence de problèmes phytosanitaires spécifiques tels que les nématodes ou le rhizoctone brun.

Dans de telles conditions, le choix de la variété est moins déterminé par le type de variété (classique/tolérante à la rhizomanie, tolérante au nématode ou tolérante au rhizoctone) que par les caractéristiques spécifiques qui influencent le rendement final. En fonction du contexte agronomique de la parcelle, la tolérance aux maladies, la sensibilité à la montée en graine, la vitesse de couverture du sol et la levée en plein champ, entre autres, jouent un rôle dans le choix d’une variété particulière. Il faut toutefois tenir compte du fait que les variétés présentant des tolérances spécifiques entraînent généralement un coût de semences plus élevé.

Les essais réalisés dans des conditions classiques peuvent parfois porter sur des parcelles légèrement infestées par des nématodes. Dans ce cas, les variétés classiques continuent généralement d’afficher de bons résultats, mais certaines peuvent néanmoins présenter une légère baisse de rendement, en particulier lorsque des facteurs limitants supplémentaires tels que les précipitations ou une carence en magnésium sont présents.
Quelles variétés tolérantes au nématode privilégier ?
Dans une parcelle infectée par le nématode à kystes de la betterave Heterodera schachtii, il est essentiel de choisir une variété tolérante aux nématodes. Lorsque le niveau d’infestation dépasse 150 œufs + larves pour 100 g de terre, les pertes de rendement peuvent atteindre plusieurs pourcents, voire jusqu’à 25 %. Le recours aux variétés tolérantes au nématode peut limiter ces pertes. La valeur ajoutée de ces variétés augmente à mesure que l’infestation s’aggrave, même lorsque les nématodes se trouvent principalement dans les couches profondes du sol (à plus de 30 cm).
Aujourd’hui, dans une situation classique, la plupart des variétés tolérantes aux nématodes assurent un potentiel de rendement comparable à celui des variétés tolérantes à la rhizomanie, ce qui constitue une nette amélioration par rapport aux générations précédentes (tableau 2 et figure 3).

Les variétés tolérantes au nématode empêchent le développement des nématodes qui pénètrent dans la racine, mais ne réduisent pas la population dans le sol. Les parasites peuvent toujours se multiplier pendant la culture, mais dans une moindre mesure qu’avec les variétés classiques sensibles. Certaines variétés recommandées combinent la tolérance aux nématodes et au rhizoctone.

La présence de nématodes peut être détectée par une analyse du sol, mais les observations faites lors de la dernière culture de betteraves sont souvent encore plus utiles. Soyez attentif aux signes tels que le jaunissement des cultures dû à une absorption réduite de magnésium, aux foyers de flétrissement, aux kystes (blancs) sur le chevelu racinaire et à un rendement en racines et en sucre inférieur aux prévisions.
Quelle variété semer en présence de rhizoctone brun ?
Le rhizoctone est causé par le champignon du sol Rhizoctonia solani. Le choix d’une variété tolérante au rhizoctone brun commence par l’évaluation des facteurs de risque sur la parcelle. Les principaux facteurs sont les suivants :
– une rotation (fréquente) avec des plantes hôtes telles que le maïs (en particulier le maïs grain) et le ray-grass. L’incorporation de résidus de culture non digérés est un facteur aggravant ;
– une structure du sol perturbée par des arrachages dans des conditions humides au cours des cinq dernières années ;
– des attaques antérieures par la pourriture racinaire due au rhizoctone brun.
L’utilisation d’une variété tolérante peut réduire considérablement le nombre de betteraves pourries, mais n’exclut jamais totalement les dégâts. De plus, il existe généralement une relation inverse entre la tolérance et le potentiel de rendement de ces variétés, d’où l’importance de déterminer à l’avance le niveau de tolérance le mieux adapté au profil de risque de la parcelle.
Les variétés tolérantes ne procurent une protection efficace que lorsqu’elles sont associées à une technique de culture adaptée : une rotation suffisante, le maintien d’une bonne structure du sol, un pH optimal et une fertilisation raisonnée restent essentiels.
Chaque année, l’Irbab évalue la tolérance des variétés tolérantes au rhizoctone brun dans le cadre d’essais spécifiques menés sur des parcelles présentant une contamination naturelle connue. Les observations relatives à la perte de plantes pendant la saison de croissance et la pourriture des racines sur les betteraves récoltées donnent une image fiable du niveau de tolérance.
Cependant, en raison des conditions exceptionnellement sèches en 2025, le rhizoctone n’a pratiquement pas pu se développer, de sorte qu’aucun symptôme de pourriture brune des racines n’a été observé sur les parcelles d’essai.
La figure 4 ci-dessous permet néanmoins de préciser le choix.

Smart Conviso, en cas de désherbages difficiles
Le système Conviso Smart pour lutter contre les adventices combine la culture de variétés Conviso Smart tolérantes aux herbicides et l’utilisation de l’herbicide ALS Conviso One. Certaines variétés Smart sont inscrites dans le catalogue belge et européen des variétés (figure 5).

Étant donné que le potentiel de rendement des variétés Smart est en moyenne inférieur à celui des variétés classiques et nématodes, il est recommandé de n’utiliser cette technologie que dans des situations spécifiques et difficiles en matière de désherbage. Cela vaut en particulier en présence de betteraves adventices (« betteraves sauvages ») ou d’une très forte pression de mauvaises herbes telles que le chénopode blanc, les crucifères et/ou les ombellifères, qui ne peuvent être suffisamment contrôlées avec le système Far classique.
L’utilisation dans des parcelles où la présence d’adventices résistantes à l’ALS est connue doit être absolument évitée. Depuis 2024, on constate en effet de plus en plus souvent une résistance à l’ALS chez, notamment, la camomille, le séneçon, le coquelicot, le mouron des oiseaux et diverses graminées telles que le ray-grass, le chiendent et l’agrostide. Cette évolution est probablement liée à l’utilisation fréquente d’herbicides ALS dans plusieurs cultures au sein de la rotation. Il est donc essentiel de toujours mélanger Conviso One avec une huile et des herbicides ayant un autre mécanisme d’action, tels que « Betanal », « Tramat » ou un herbicide de sol.
Depuis 2025, de nouvelles conditions d’utilisation s’appliquent à Conviso One en betteraves sucrières. L’herbicide peut être appliqué de deux manières :
– un traitement généralisé : 1 l/ha à appliquer en une fois entre le stade cotylédon et le stade 2 feuilles des betteraves ;
– deux applications localisées : 0,5 l/ha, deux fois, à condition que 60 % maximum de la parcelle soit traitée par pulvérisation en bandes, à appliquer entre le stade de la feuille germinale et le stade 8 feuilles.
Pour une efficacité optimale, l’application doit avoir lieu au plus tard lorsque le chénopode blanc atteint le stade 2 feuilles.
Enfin, Conviso One peut provoquer une phytotoxicité dans la culture suivante. Il est donc recommandé de consulter l’acte d’agréation.





