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De savoureuses prunes, à récolter de fin juillet à fin septembre

Bien qu’elle n’ait pas toujours bonne presse auprès des producteurs ou des consommateurs, la prune est un fruit qui offre bien des atouts culinaires et gustatifs. Alors, pourquoi ne pas planter au jardin les variétés adaptées à ses besoins ?

Temps de lecture : 7 min

On peut se demander pourquoi une image aussi négative est donnée dans le langage populaire à ce fruit savoureux : il a peu de valeur (« travailler ou compter pour des prunes »), il est dangereux (« recevoir un pruneau dans le buffet »), il est synonyme d’amende (« avoir eu une prune »)… Et l’arbre lui-même n’est pas mieux loti puisqu’être soumis à des cahots violents se dira « être secoué comme un vieux prunier ».

À l’inverse, plusieurs variétés de prunes ont été dédiées à des personnages importants : les ‘Reines-Claudes’ par référence à l’épouse du roi de France François 1er, les ‘Monsieur’ au frère de Louis XIV, les ‘Victoria’ à la reine du même nom, sans compter les ‘Sainte-Catherine’, les ‘Saint-Julien’ et les ‘Saint-Hubert’.

Pourtant une vaste gamme de variétés de prunes nous offre une belle diversité de formes, de coloris et de goûts qui peut s’expliquer par le fait qu’elles appartiennent à trois espèces botaniques différentes : Prunus cerasifera , Prunus domestica et Prunus insititia . Elles conviennent pour de multiples usages comme fruits frais, fruits secs, fruits en conserve, ou transformées en marmelades, confitures, pâtes de fruits, vins, vinaigre, liqueurs et alcools. Et il est impossible d’oublier les délicieuses tartes aux prunes des fêtes villageoises estivales.

Selon les variétés, la chair des prunes contient 80 à 88 % d’eau, de 7 à 15 % de sucres (dont 65 % de saccharose, 25 % de glucose et 10 % de fructose ainsi que 1 % de sorbitol), 1 à 2,3 % de fibres, 1 % d’acide malique, 0,5 % de minéraux (principalement du potassium) et 0,5 % de protéines. Leur arôme est conféré par un très grand nombre de composés organiques.

En régression, mais pourquoi ?

En Belgique, malgré plusieurs tentatives de relance, la culture commerciale des pruniers est en très forte régression depuis le milieu du 20e  siècle. Plusieurs raisons peuvent expliquer le manque d’intérêt pour cette culture.

En premier lieu, l’irrégularité et l’incertitude de récolte en, raison des facteurs climatiques : principalement les gelées tardives, mais aussi la tendance naturelle des pruniers à alterner après une année de forte production. Ensuite, des prix dérisoires sur le marché de gros les années où la production est abondante mais de faible calibre.

On retrouve également, de la part des consommateurs, une déception en ce qui concerne la qualité gustative des fruits, souvent cueillis trop tôt en raison de leur fragilité lorsqu’ils sont à maturité optimale. Vient s’y ajouter le fait que très peu de nouvelles variétés intéressantes sont proposées, qu’il conviendrait de tester dans notre pays avant de développer éventuellement leur culture.

Autres raisons : de nombreux problèmes phytosanitaires sont rencontrés et les arbres présentent une faible longévité. Enfin, faute de sujets porte-greffe très nanisants, les pruniers ne se prêtent pas à une culture aussi intensive que les pommiers et les poiriers.

Une espèce à introduire dans nos jardins ?

En fonction de l’espace disponible, planter un ou plusieurs pruniers dans le jardin permettra de disposer de prunes que l’on cueillera à pleine maturité. Un certain nombre de variétés qui sont partiellement ou totalement autofertiles permettent de ne planter qu’un seul arbre. Pour d’autres, il faudra nécessairement les associer à une autre variété compatible.

Il faut aussi tenir compte de l’époque de maturité des fruits, qui selon la variété s’échelonne de fin juillet à fin septembre. Sur un même arbre, la récolte dure de 8 à 10 jours.

Le choix dépend aussi des goûts de chacun et de la destination des fruits. Il faut savoir que chez certaines variétés, les fruits ont à l’état frais une saveur très moyenne qui devient beaucoup plus grande après cuisson.

Quel mode de conduite adopter ?

Traditionnellement, en formes libres basse-tige, demi-tige ou haute-tige, on cultive les pruniers en buissons dont la couronne aura une forme ovale ou sphérique. La formation en gobelet (= buisson sans axe central) est déconseillée en raison des risques plus importants de bris des charpentières. Par nature, les pruniers se prêtent très mal, voire pas du tout, à la culture en formes palissées.

L’espace utile nécessaire à chaque arbre sera au minimum de 30 m² en basse-tige, 60 m² en demi-tige et 100 m² en haute-tige.

Les arbres basse-tige sont généralement greffés sur prunier ‘Saint-Julien A’, parfois sur ’Mirabelle noire’ ou ‘Damas noir C’, et les arbres-tiges sur prunier ‘Brompton’ ou ‘Myrobalan de Lesdain’. En France, on utilise aussi des sujets porte-greffe de vigueur modérée comme ‘GF 655/2’ ou ‘Ferlenain’, qui semblent moins adaptés à notre climat frais et humide

Les arbres vendus en pépinière comportent généralement plusieurs ramifications qui seront les futures charpentières ; on choisira de préférence des arbres où ces ramifications sont de vigueur équivalente et sont implantées sur l’axe avec un angle bien ouvert.

Quelles variétés choisir ?

L’assortiment variétal actuel des pépinières belges comporte une quinzaine de variétés de pruniers. Nous avons subdivisé la saison fin juillet-fin septembre en six périodes ; les dates de récolte correspondent à la Moyenne Belgique et on ajoutera une semaine pour les altitudes supérieures à 250 m.

20-31 juillet :

fruits bleus : ‘Early Rivers’=’Précoce favorite’ : petits fruits sphériques ; partiellement autofertile ;

fruits rouges : ‘Early Laxton’ : petits fruits ovales ; partiellement autofertile.

1-10 août :

fruits bleus : ‘Czar’ : fruits petits à moyens sphériques ; autofertile ;

fruits rouges : ‘Opal’ : fruits moyens, sphériques ; autofertile ;

fruits jaunes : ‘Reine-Claude d’Oullins’ : très gros fruits sphériques d’excellente qualité, mais fragiles (éclatent sous la pluie) et à utiliser rapidement ; autofertile.

11-20 août :

fruits bleus : ‘Bleue de Belgique’ : gros fruits ovales larges ; fécondation par ‘Czar’, ‘Opal’, ‘Victoria’ ;

fruits violets :

– ‘Monsieur hâtif’ : gros fruits ovales larges ; fécondation par ‘R.C.Oullins’, ‘Opal’, ‘Victoria’ ;

– ‘Reine-Claude d’Althan’=‘Conducta’ : fruits sphériques de calibre moyen à gros ; fécondation par ‘Czar’, ‘Opal’, ‘Victoria’ ;

fruits jaunes : ‘Belle de Thuin R.G.F.’ : fruits ovales ; autofertile.

21-31 août :

frui ts bleus : ‘Altesse double de Liège’=‘Quetsche d’Italie’ ; gros fruits ovales ; partiellement autofertile ;

fruits rouges : ‘Queen Victoria’ : fruits ovales, moyens à gros ; autofertile ; très bon pollinisateur ;

fruits violets : ‘Belle de Louvain’ : très gros fruits ovales ; à utiliser après cuisson ; autofertile ; très bon pollinisateur ;

fruits jaunes : ‘Mirabelle de Nancy’ : petits fruits sphériques ; partiellement autofertile ;

fruits verts : ‘Reine-Claude dorée = crottée’ : fruits moyens sphériques de très bonne qualité ; arbre peu fertile ; fécondation par ‘R.C.d’Oullins’ et ‘Victoria’.

1-10 septembre :

fruits bleus : ‘Stanley’ : fruits ovales de calibre moyen ; autofertile ;

fruits rouges : ‘Wignon R.G.F.’ : fruits ovales de calibre moyen ; autofertile ;

fruits jaunes : ‘Reine-Claude de Bavay’ : fruits moyens à gros, sphériques ; partiellement autofertile.

11-fin septembre :

fruits bleus :

– ‘Quetsche commune’=‘Altesse simple’=‘Prune de Namur’ : petits fruits ovales à usage culinaire ; autofertile ;

– ‘Prune de Prince R.G.F.’ : petits fruits sphériques très sucrés ; autofertile ;

– ‘Président’ : gros fruits ovales ; autofertile ;

fruits verts : ‘Sainte-Catherine’ : fruits ovales de calibre moyen ; autofertile.

Exigences et soins à apporter

En ce qui concerne le sol, les pruniers se révèlent peu exigeants. On évitera les sols trop légers, et les sols superficiels qui risquent d’être trop secs en été, les sols trop acides et les sols trop humides en hiver. Ils supportent très bien le froid hivernal, mais en raison de leur floraison très précoce, ils craignent les gelées printanières. De fortes pluies pendant la floraison nuisent à la fécondation des fleurs et augmentent les risques de moniliose des fleurs et des rameaux. Une longue période humide pendant la maturation des fruits augmente les risques d’éclatement et de moniliose.

Comme le bois des pruniers est particulièrement cassant, on évitera les expositions trop venteuses. La taille annuelle se pratique en fin d’hiver, juste avant la floraison ; afin de favoriser la cicatrisation des plaies, et il est souhaitable d’enduire les plaies d’un mastic protecteur. Toutefois, pour les variétés à récolter avant la mi-août, la taille peut se pratiquer juste après la récolte. De manière générale, on éliminera les branches inutiles et les gourmands ; les branches conservées seront raccourcies : trop longues, elles se briseront sous le poids des fruits.

Dans un jardin d’amateur, la lutte phytosanitaire se limitera à deux traitements au cuivre : l’un en mars avant la floraison, et l’autre en automne, au début de la chute des feuilles. Le carpocapse, ou ver des prunes, sera combattu en posant des pièges à phéromones au début de juillet. Sur des arbres jeunes, dès le début de la croissance, il est indispensable de lutter contre les pucerons dont la prolifération très rapide peut provoquer la destruction des jeunes pousses.

Comme pour les autres espèces fruitières, le désherbage manuel, mécanique ou thermique du pied des arbres est souhaitable, suivi de la pose d’un mulch de matière organique. La fumure minérale sera apportée fin mars sous forme d’un engrais composé N+P+K pour jardins.

Ir. André Sansdrap,

Wépion

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