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Trait Belge d’autrefois: Indigène du Fosteau, ce rescapé

Par le biais d’anecdotes, de faits historiques et de souvenirs de passionnés, Le Sillon Belge propose de courts voyages à travers les grandes lignées de Trait belge, de la fin du XIXe siècle à nos jours.

Temps de lecture : 3 min

À la ferme de Passavant (Vieux Genappe), on utilisait les services des étalons du haras de Gembloux, notamment d’un irlandais bai qui fut le père d’une jument baie. Cette jument eut une fille en 1863, qui accouplée à Bayard donna naissance à Mouton de Passavant (bai brun), un très bon raceur qui saillissait chez Detournay à Hennuyères.

Mouton fut le père d’une pouliche baie (mère rouanne) en 1889. Après avoir été dans plusieurs fermes, comme elle ne voulait pas travailler, elle fut présentée à la foire de Binche en 1897 et achetée par Rémy Matthys pour le compte de Jules Hazard en prévision de la campagne betteravière. Je suppose qu’au Fosteau, on lui a appris à travailler ! Elle devint Moutonne du Fosteau. Avec Brin d’Or, elle eut 4 pouliches et 1 mâle, Indigène ! Il ne reproduisit bien qu’avec des grosses et fortes juments, surtout en mâles.

Extraits choisis

Voici, une lettre de Cerjuste Bury de Lobbes, son dernier propriétaire (1936) :

« Nous avons acheté Indigène un mois avant la guerre, c’est-à-dire en juillet 1914. Sitôt arrivé chez moi, je l’ai mis en prairie et l’ai laissé maigrir de 100 kg.

Lorsque les Allemands sont arrivés chez nous le 23 août 1914, lors de la bataille de la Sambre, il fut blessé de plusieurs éclats d’obus, mais s’en guérit très vite et passa les 4 années de guerre dans sa pâture tenant à la ferme. Je devais le montrer aux réquisitions organisées par les Allemands, mais ceux-ci n’ont jamais manifesté l’intention de l’envoyer en Allemagne ; il y avait, disait-on alors, 2 êtres sacrés en Belgique : le cardinal Mercier et Indigène du Fosteau.

Durant ces 4 années de guerre, il a sailli environ 30 à 40 juments annuellement et a très bien réussi pour le petit nombre de juments qui nous restait (notamment Lambic de Lobbes 1918, très bon étalon bai qui a sailli dans le Condroz). Malheureusement beaucoup de jeunes poulains furent expédiés en Allemagne de façon détournée.

La guerre terminée, il a fallu reconstituer la cavalerie juments. Indigène a encore fait 3 années de monte chez nous, jouissant d’une parfaite santé mais devenant très peu prolifique, ce qui nous a décidé à l’envoyer à l’école vétérinaire de Cureghem (il y est toujours !) pour le faire mourir et ensuite faire des études sur son squelette que l’on peut considérer comme le type accompli du Cheval Belge.

J’ai omis de vous citer une petite histoire au sujet d’Indigène : Tout de suite après le passage des troupes allemandes, à la suite de certains racontars, un journal américain relatant les atrocités commises en Belgique par les Allemands, inséra que j’avais été fusillé de même qu’Indigène. Ce journal étant parvenu en Allemagne, je fus appelé en février 1915 à la kommandantur de Lobbes par lettre recommandée. Après interrogatoire, je dus prêter serment que je n’avais pas été fusillé et le Bourgmestre également, ceci afin de donner un démenti à ce journal où on y a joint la photographie d’Indigène. »

A.P.

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