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Accord UE-Mercosur: vers un sacrifice de l’agriculture familiale européenne

« Les pires craintes des associations agricoles se confirment : l’agriculture a servi de variable d’ajustement dans la dernière ligne droite des négociations commerciales du Mercosur. Elle n’a pas fait le poids face aux intérêts industriels européens », affirme la Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA) dans un communiqué

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« L’accord est plus que jamais déséquilibré et le rythme précipité imposé par les négociations dans la phase finale ne nous a laissé aucune chance de nous y opposer », dit-elle encore.

« Qu’il s’agisse de l’élevage bovin ou avicole, de la production sucrière ou d’éthanol, il semble de plus en plus évident qu’à aucun moment, on n’a tenu compte des modes de productions diamétralement divergents entre le modèle familial européen respectant des normes sanitaires et environnementales élevées et le modèle industriel de l’Amérique du Sud. Cet accord est un non-sens climatique, écologique et social », écrit la Fédération. « Dans un contexte économique très difficile pour tous les secteurs de notre agriculture (baisse des prix de nombreuses productions et augmentation de certains coûts, réduction du cheptel et du nombre d’exploitations en Wallonie), notre agriculture, et en particulier notre production betteravière et notre élevage allaitant wallon risquent d’être particulièrement impactés. En ce qui concerne l’élevage bovin, en Belgique, nous sommes sur un marché de niche où les morceaux nobles, malgré un recul, conservent une part importante sur le marché belge. Or, ces morceaux à haute valeur ajoutée sont un segment de marché intéressant à l’exportation pour les pays du Mercosur ».

La FWA réclame depuis plusieurs années un meilleur étiquetage des viandes transformées. Elle espère qu’une meilleure information du consommateur sur l’origine de la viande dans les préparations lui permettra de mieux orienter ses choix d’achat. « Il faut absolument que le nouveau gouvernement fasse une priorité de cette mesure », dit-elle.

Pour elle, il est également urgent de récupérer le marché de l’Horeca trop longtemps abandonné aux viandes d’origine étrangère.

« En matière de productions végétales, le secteur sucrier a subi ces dernières années une crise majeure suite à la fin des quotas qui a entraîné une chute importante des prix payés aux producteurs. Avec cet accord, la production betteravière va également être confrontée à une très grande distorsion de concurrence entre nos productions et leurs très hauts standards de qualité, et les importations issues d’autres régions du monde moins sévères en termes de normes sanitaires et environnementales », explique-t-elle encore.

La FWA insiste sur le fait que, alors que la question climatique est une préoccupation urgente et majeure, les accords conclus se révèlent en totale contradiction avec les objectifs fixés par ailleurs. « C’est notamment difficile à comprendre au regard de la pression constante exercée sur notre secteur agricole wallon pour qu’il améliore ses performances dans le domaine, alors que ses émissions de GES atteint environ 50 % de celui de l’agriculture mondiale ! »

« Sur tous les plans (économique, environnemental et social), cet accord bat en brèche les principes du développement durable, et met gravement en danger notre agriculture familiale wallonne en la plaçant en concurrence avec un mode de production sud-américain qui ne respecte aucun des standards imposés chez nous. »

Pour tout produit alimentaire, la FWA recommande donc aux consommateurs qui souhaitent faire des achats responsables d’être attentifs à la provenance des produits qu’ils choisissent et de favoriser les aliments issus de nos productions belges et wallonnes.

À cet égard, la présence de l’estampille ovale contenant la mention Belgique ou BE est une garantie de provenance qui permet d’aider le consommateur à choisir un produit de chez nous, et de soutenir ainsi notre secteur agricole.

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