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En pratique, pourquoi, quand et comment tailler les fruitiers?

L’arrivée de la saison froide est le moment idéal pour débuter les tailles d’hiver qui s’échelonneront jusqu’à peu avant les floraisons, selon les espèces plantées au verger. Cette opération, non seulement nécessaire, permettra de satisfaire une diversité d’objectifs pour le court terme et le long terme.

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Avec la chute des feuilles de nos arbres et arbustes fruitiers vient le moment de la taille d’hiver, ou plus exactement des tailles puisque chaque espèce doit être taillée en fonction de son mode de fructification (les types de rameaux les plus fructifères). La taille hivernale dépend aussi de la façon dont les arbres ont été formés, ainsi que de leur âge.

Sur des plantes jeunes, il faut aussi assurer en même temps la formation selon le système de conduite qui a été choisi, et ce dès la plantation, tandis que sur des arbres adultes il faudra renouveler le bois fruitier de façon à retarder l’entrée en sénescence.

La taille hivernale est donc un moment où il faut penser à satisfaire une diversité d’objectifs pour le court terme et le long terme.

Connaître les modes de fructification

Ce sont des éléments essentiels qu’il faut bien connaître si l’on veut tailler judicieusement. Les fleurs de la majorité des espèces à pépins et à noyau, des petits fruits et des vignes portent des fleurs hermaphrodites, c’est-à-dire qui présentent à la fois des organes femelles et des organes mâles qui en assureront la fécondation, une condition presque toujours indispensable pour la production d’un fruit.

Les boutons floraux peuvent apparaître sur le bois de l’année même chez les vignes et les framboisiers d’automne, sur le bois de l’année précédente (= rameaux d’un an) chez les fruits à noyau, les cassissiers, les groseilliers à maquereaux, les framboisiers d’été et les vignes, ou encore sur du bois de deux ans et plus chez les fruits à pépins, ainsi que les groseilliers à grappe et à maquereaux.

Mais, occasionnellement, certaines variétés de fruits à pépins portent aussi des boutons floraux sur des rameaux d’un an, en position terminale ou axillaire.

Les châtaigniers, les noisetiers et les noyers portent des fleurs unisexuées sur la même plante : des chatons mâles très visibles et des fleurs femelles plus discrètes. Quant aux kiwis et aux kiwaïs, ils portent des fleurs unisexuées, les unes mâles et les autres femelles sur des plantes différentes. Quelques variétés présentent des fleurs hermaphrodites.

Les systèmes de conduite

On appelle « formes libres » les systèmes où la couronne se développe dans les trois dimensions : hauteur, largeur et longueur, sur un tronc court (+/- 60 cm), de longueur moyenne (+/- 130 cm) ou plus grande (+/- 2 m) que l’on appellera « basse-tige, demi-tige ou haute-tige ». La ramure de ces arbres aura une forme conique, ovale, sphérique ou aplatie.

Chez les «  formes palissées », la couronne se développe selon un plan vertical. Leur couronne est soit adossée à un mur (= « espaliers »), soit soutenue par un réseau de piquets et de fils («= contre-espaliers »). Ces formes conviennent bien pour les poiriers, les petits fruits, les kiwis et kiwaïs, les framboisiers et les vignes, un peu moins bien pour les pommiers, et difficilement pour les fruits à noyau. S’ils sont bien conduits, ces arbres ont un rôle décoratif non négligeable dans le jardin.

Les objectifs généraux de la taille

On pourrait se demander s’il est nécessaire de tailler les arbres et arbustes fruitiers. La réponse est incontestablement « OUI ». En effet, un plant non taillé donnera rapidement un grand nombre de rameaux et des fruits, mais il entrera beaucoup plus tôt dans sa phase sénescente qu’un plant non taillé.

Tous les systèmes de taille visent à obtenir chaque année un nombre de boutons floraux suffisant pour assurer une récolte satisfaisante en quantité et en qualité. Pour cela, il faudra assurer constamment le renouvellement du bois fruitier porté par la charpente.

Il faudra aussi éliminer tout le bois trop âgé, inutile, se développant au centre de la ramure, et qui y empêche la pénétration de la lumière et la circulation de l’air.

Il faudra aussi contrôler la croissance dans les extrémités des charpentières et dans la tête de la couronne, où des branches trop vigoureuses risquent de former un « parasol » qui, lui aussi, empêche l’éclairement de la partie sous-jacente. Les premières années, la taille devra aussi continuer la formation de la charpente.

Sur des arbres et arbustes au stade adulte, on devra, par un rajeunissement constant des branches fruitières, les maintenir à ce stade le plus longtemps possible et retarder leur entrée en sénescence. Celle-ci se traduit par une croissance faible voire nulle. Mais le maintien d’un arbre au stade adulte dépend aussi des autres soins que l’on lui accorde : la fumure, le désherbage du pied, l’irrigation, l’éclaircissage des fruits et la protection phytosanitaire.

À quel moment tailler ?

Il faut distinguer les tailles dites « en sec » pratiquées pendant l’arrêt de végétation et les tailles dites « en vert » que l’on pratique pendant la période de végétation. Nous n’envisagerons ici que les tailles en sec. Elles peuvent s’effectuer de la chute des feuilles au départ de la végétation, soit pendant au moins quatre mois. Il n’y a guère de différences de réaction des arbres et arbustes selon le moment où elles sont pratiquées.

Par contre les tailles en vert sont suivies d’une réaction immédiate ; elles doivent donc être pratiquées à un moment bien précis qui dépend de l’objectif poursuivi.

Si la chose est possible, on commencera les tailles d’hiver par les fruits à pépins, et, en début, mars les vignes, puis peu avant la floraison, on taillera les fruits à noyau, les petits fruits et les fruits secs, ainsi que les kiwis.

La taille des pommiers et poiriers

Les pommiers et les poiriers peuvent être formés en fuseau basse-tige, demi-tige ou haute-tige, avec une couronne qui aura une forme conique plus ou moins large. La charpente se compose d’un axe central sur lequel sont implantées des branches charpentières obliques ou horizontales. Entre deux branches se superposant, un espace minimum de 40 cm est nécessaire afin de permettre une bonne pénétration de l’air et de la lumière.

Sur les charpentières, on commence par enlever le bois d’un an vertical ou presque, et on conserve le bois d’un an oblique ou horizontal, qui comporte souvent un bouton terminal et parfois des boutons axillaires. Si ce type de rameau est rare, il est possible de conserver certains rameaux érigés, en les arquant ou en les inclinant.

Les ramifications de deux ans comportent généralement des boutons dans leur partie basale et une ou des pousses d’un an, que l’on enlèvera totalement ou partiellement. Les ramifications plus âgées porteuses de boutons sont soit conservées intactes, soit simplifiées selon le nombre de boutons.

Les charpentières retombantes sont raccourcies sur une ramification horizontale.

Il est essentiel de contrôler la vigueur dans la tête des arbres, puisque leur tendance naturelle est de former une cime large qui aura un effet de « parasol », avec comme conséquence un affaiblissement de la croissance dans la partie basale.

Les pommiers peuvent aussi être formés en buissons, dont la couronne a une forme sphérique. Les arbres comportent un premier étage de branches obliques se redressant, de vigueur similaire, puis un axe central sur lequel sont implantées d’autres branches obliques. Les pommiers peuvent aussi être formés en gobelets, c’est-à-dire en buissons dépourvus d’axe central.

Sur les charpentières des buissons, on conserve le bois d’un an de vigueur moyenne, qu’il soit boutonné ou non, mais dirigé vers l’extérieur de la ramure. On élimine les pousses érigées ou retombantes.

Dans tous les cas, lorsque des rameaux d’un an sont enlevés, il faut éviter de laisser un chicot, puisqu’il produira souvent l’année suivante un ou même plusieurs rameaux.

La taille des cognassiers et néfliers

Ces deux espèces ont un port buissonnant dense. La taille hivernale se limite à mettre un peu d’air dans la ramure en y supprimant quelques branches qui font double emploi, ainsi que les prolongements des branches charpentières. On évitera ainsi que la couronne de ces arbres prenne des dimensions excessives.

À suivre

Ir. André Sansdrap,

Wépion

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