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Espagne: le gouvernement interdit la vente à perte face à la grogne agricole

Le gouvernement espagnol, confronté depuis plusieurs semaines à des manifestations d’agriculteurs, a annoncé mardi des mesures pour tenter d’assurer des prix plus justes aux producteurs, interdisant notamment la vente à perte.

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Alors que 150 agriculteurs belges ont conduit leurs tracteurs jusqu’au coeur de Bruxelles jeudi passé, leurs collègues espagnols manifestent par milliers plusieurs fois par semaine dans de nombreuses régions d’Espagne, bloquant des routes et parfois des centres-villes avec des centaines de tracteurs, une mobilisation d’une rare ampleur dans ce pays. Mardi, les protestations se concentraient dans la région de Séville (sud). «Ce décret-loi est une réponse aux demandes effectuées par les agriculteurs et éleveurs», afin de «renforcer leur capacité de négociation» sur les prix payés pour leurs produits, face aux industriels de l’agroalimentaire et aux chaînes de supermarchés, a déclaré le ministre de l’Agriculture Luis Planas lors d’une conférence de presse.

Le «prix de vente (des produits agricoles) ne pourra jamais être inférieur aux coûts de production qu’auront déterminés librement le vendeur et l’acheteur» et qui devra désormais être mentionné explicitement dans les contrats signés, a expliqué le ministre. Seule exception: la vente au consommateur, qui pourra encore être faite à perte, par exemple pour des promotions visant à écouler des stocks.

Parmi les autres mesures annoncées figurent l’étalement du paiement des impôts pour les jeunes agriculteurs ainsi que la réduction du nombre de journaliers nécessaires pour toucher des aides dans les régions d’Andalousie (sud) et d’Estrémadure (sud-ouest). L’observatoire des prix alimentaires, en sommeil depuis 2014, sera réactivé pour réaliser des études «sur la formation des prix des produits et impulser une répartition plus juste de la valeur», avait aussi annoncé lundi le ministère de l’Agriculture dans un communiqué.

Les agriculteurs se plaignent de la faiblesse des prix payés par les industriels et les supermarchés pour leurs productions et de la concurrence de pays à bas salaire hors de l’Union européenne accusés d’utiliser des pesticides interdits en Europe. Ils craignent aussi la baisse des aides de la Politique agricole commune (PAC) annoncée par Bruxelles pour le prochain budget de l’Union européenne en cours de négociation. Selon les syndicats, les secteurs les plus touchés par le problème de prix sont les fruits et légumes et l’olive, l’Espagne étant le premier producteur mondial d’huile d’olive.

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