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Coup de chaud et records en série en Europe du Nord

Les pays nordiques ont connu des poussées de fièvre et sont en passe de boucler l’une des saisons hivernales les plus chaudes jamais enregistrées.

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A quelques encablures du cercle polaire, la neige a brillé par son absence et le mercure s’est emballé, faisant sortir prématurément bourgeons et semis. A Stockholm, les cerisiers ont fleuri dès janvier, du jamais vu. La Suède enregistre depuis décembre des températures particulièrement élevées, six à sept degrés supérieures aux normales saisonnières dans une grande partie du pays, selon l’Institut météorologique et hydrologique suédois (SMHI). Plusieurs régions du sud du pays sont d’ailleurs directement passées de l’automne au printemps. «C’est l’hiver le plus chaud jamais enregistré dans le sud et le centre», résume le SMHI.

Un record également constaté dans les pays voisins et dont se seraient bien passés les commerçants, contraints de brader combinaisons de ski et autres bonnets bien avant la fin de la saison. L’air chaud est resté au-dessus de la Scandinavie tandis que les vents autour du pôle Nord ont maintenu le froid au-dessus du cercle Arctique (qui enregistre des records de chutes de neige), rendant l’hiver à la fois chaud et humide, a expliqué Erik Engström, climatologue au SMHI, à la chaîne publique SVT. Dans la ville d’Uppsala, à 70 kilomètres au nord de la capitale suédoise, l’hiver n’a pas été aussi chaud depuis 1722, soit près de 300 ans.

De l’autre côté de la frontière, en Finlande, plus de la moitié du pays a enregistré des records de douceur en janvier. Les températures étaient généralement de sept à huit degrés supérieures à la moyenne, selon l’institut météorologique local.

En Norvège, jamais un hiver n’avait été aussi clément depuis le début des relevés en 1900: elles ont dépassé de 4,5 degrés les normales saisonnières, selon l’Institut météorologique national.

Idem au Danemark, le pays le plus méridional de la région, où la saison hivernale - qui d’après le calendrier local s’achève le dernier jour de février - a été particulièrement douce, avec des températures de 5 degrés supérieures à la normale. «Si cet hiver reste dans la mémoire collective, ça sera comme l’hiver qui n’est jamais arrivé», résume le climatologue Mikael Scharling, de l’Institut danois de météorologie (DMI).

Fait inhabituel dans ces nations férues de sports d’hiver, Oslo comme Stockholm n’ont quasiment pas vu de neige en janvier. Le rallye de Suède, seul rendez-vous WRC à se disputer dans des conditions hivernales entre la Suède et la Norvège, est longtemps resté en suspens, faute de tapis blanc sur les routes. Exit aussi la neige dans la capitale finlandaise: «nous venons de vivre la première période (janvier-février) sans aucune trace mesurable de neige à Helsinki», note Mika Rantanen, de l’Institut météorologique finlandais, qui évoque une situation «assez extraordinaire».

Egérie de la lutte contre le changement climatique et enfant du pays, l’adolescente suédoise Greta Thunberg a égréné ses inquiétudes sur Twitter. L’hiver qui s’achève est aussi l’un des plus humides enregistré. Il est tombé 70% de précipitations de plus que la normale en Norvège, selon l’Institut météorologique norvégien.

En Suède voisine, les fortes précipitations tombées fin février ont «détruit» les cultures, selon la Fédération des agriculteurs (LRF). «De nombreuses terres agricoles situées près de rivières (...) sont sous l’eau. Pour de nombreux agriculteurs, les semailles d’automne (...) ont été détruites», explique Ulf Wallin, porte-parole de la fédération. Une situation qui inquiète le milieu agricole: «nous avons vu des plantes commencer à fleurir, c’est du jamais vu aussi tôt», s’alarme Ulf Wallin, qui craint des dégâts en raison du gel des bourgeons et semis dans les semaines à venir. Si la situation s’améliore, LRF dit prévoir des rendements «normaux» pour 2020, mais inférieurs à ceux de 2019, sans donner davantage de chiffres. Au Danemark, des inondations menacent aujourd’hui près d’un demi-million de bâtiments à travers le pays ainsi que beaucoup de terres agricoles. Les dégâts n’ont pas été chiffrés exactement.

(Belga)

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