Pas de commission conjointe pour les premières auditions sur les pesticides au parlement wallon
Les auditions consacrées aux effets sanitaires et environnementaux des pesticides ont débuté ce mardi matin en commission de l’Environnement et de la Santé du parlement wallon. Dans la salle, deux ministres : Yves Coppieters, en charge de l’Environnement et de la Santé, mais aussi la ministre régionale de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq. Pour autant, ces premières auditions n’ont pas donné lieu à une commission conjointe, ce que demandaient les partis d’opposition PS, PTB et Ecolo.

Ce mardi matin, la commission a notamment entendu des représentants de la Société scientifique de médecine générale (SSMG). En avril dernier, cette dernière s’était vivement opposée aux propos de la ministre Dalcq qui, tout en affirmant vouloir réduire l’utilisation des pesticides, les avait qualifiés « d’outil intéressant ».
Devant les parlementaires wallons, les experts ont longuement répété leur constat : les pesticides sont dangereux pour la santé, les femmes enceintes, les enfants et les agriculteurs en étant les premières victimes. Pour tenter d’y remédier, il faut revoir l’arrêté sur la dissémination des pesticides et les règles d’épandage ; mettre en place un plan de sortie des pesticides et soutenir les méthodes alternatives, le tout en collaboration avec le monde agricole, ont-ils plaidé. « Nous étions convaincus de la problématique et de l’urgence de gérer la situation. Aujourd’hui, nous le sommes encore plus », a réagi, dans les rangs parlementaires, la députée PS Valérie Dejardin. « On a assez d’études, assez de données, assez de signaux d’alerte. Mais il manque du courage politique, des décisions fermes et une vraie capacité à résister à un lobby industriel puissant, riche et hyper-organisé. Il est temps d’arrêter de détourner les yeux ; chaque jour de silence, c’est une génération qu’on expose », a abondé la cheffe de groupe socialiste au parlement wallon, Christie Morreale.
« Les chiffres sont éloquents : selon un biomonitoring de 2020, plus de 90 % des enfants et adolescents testés ont des traces de pesticides dans le corps. On a assez de données, il faut agir et arrêter d’opposer agriculture et environnement », a renchéri la députée Ecolo Céline Tellier. Dans la majorité, la députée des Engagés Marie Jacqmin a elle aussi appelé à une action « la plus efficace possible face à des constats alarmants ».
Au terme des exposés des experts, PS et Ecolo ont demandé qu’un rapport commun aux commissions Environnement et Agriculture puisse être rédigé, faute de commission conjointe. Une requête qui ne répond pas aux exigences du règlement, leur a répondu en substance le président de la commission, Jean-Pierre Lepine (PS). Vieux briscard du parlement, le libéral Jean-Paul Wahl a alors proposé que la prochaine commission conjointe annexe à son rapport le rapport de la commission de ce mardi « afin qu’il n’y ait quand même qu’un document à consulter ». D’ici le 10 juillet, cinq dates d’auditions ont en effet été arrêtées : trois réunions conjointes Santé/Agriculture et deux réunions en commission Santé seulement.