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Le bois énergie pour valoriser les sous-produits forestiers

Originaire de Ramillies mais installé à Fleurus par amour, Loïc Matthijs s’est spécialisé dans la production de bois énergie. Avec son broyeur forestier Albach Diamant, il produit des plaquettes pour des chaufferies françaises mais aussi des consommateurs belges plus locaux.

Temps de lecture : 6 min

Loïc est passionné d’agriculture depuis son plus jeune âge. Après des études secondaires à l’école technique d’agriculture de Ciney (Saint-Quentin), il décide de réaliser un graduat à Huy : «Néanmoins, je passais plus de temps au champ que sur les bancs de l’école. J’ai donc décidé de proposer mes services en tant qu’ouvrier indépendant aux agriculteurs et entrepreneurs. En saison, je m’occupais des semis, plantations et récoltes de petits pois, pommes de terre, froment…Durant l’hiver, je travaillais chez un marchand de mazout».

De fil en aiguille, le jeune homme s’équipe : «J’ai acheté quelques machines et un hangar pour stocker mon matériel et j’ai commencé à réaliser des épandages de fumier, une activité que j’ai toujours appréciée».

De l’agricole au forestier

Au détour de recherches ludiques sur le web, il découvre une vidéo de broyage forestier et trouve l’activité intéressante. « On ne parlait pas du tout de ce type de boulot il y a 10 ans. À l’époque, j’avais acheté une grue pour charger le fumier et je souhaitais la valoriser. J’ai alors acquis une cisaille forestière que je pouvais fixer au bras de ma grue. Il s’agissait en fait d’un gros sécateur avec lequel j’intervenais plutôt dans des taillis ». Il constate alors une demande pour le broyage : « J’ai donc investi dans un broyeur. La première machine que j’ai acquise ne convenait malheureusement pas mais suite à une heureuse collaboration j’ai pu reprendre du matériel approprié et mon activité de broyage s’est étendue, avec une clientèle de plus en plus professionnelle».

« J’aime le travail en forêt car c’est dans la continuité de l’agricole »

Spécialisé dans le broyage

Entre abattage mécanique, déboisage urbain et broyage, Loïc finit par faire un choix : « J’aime le travail en forêt car c’est dans la continuité de l’agricole. On récolte tout en sachant qu’on va replanter. Le déboisement urbain, ce n’est pas de l’exploitation forestière et ça demande un gros suivi de chantier et du personnel très qualifié. J’ai donc décidé de me centrer sur le broyage et la logistique qui l’accompagne».

L’activité est plus intense de novembre à février mais elle se poursuit tout au long de l’année. «Lorsque l’abattage est interdit, c’est plus calme mais, il reste encore des chantiers. Ils sont plus petits et on se déplace plus ».

En bref, le jeune entrepreneur intervient quand la matière est abattue et disponible au sol. «Nous récupérons ce qui n’est pas exploité par les autres transformateurs : le branchage, le bois malade, les essences qu’ils ne jugent pas intéressantes ». Il peut intervenir en tant que prestataire de service ou entreprise indépendante: «Dans le premier cas, on réalise le broyage demandé et tout le reste est organisé. Dans le second cas, je joue le rôle d’intermédiaire et peut faire le lien entre les usines et les marchands. Ça demande plus de travail car il faut évaluer le chantier : son accessibilité, la quantité et la qualité du bois disponible… En fonction de ses paramètres, j’essaie de trouver les meilleurs débouchés ou je stocke provisoirement la matière». Selon sa valeur, le type d’intervention ou de client, le service se paie à l’heure, à la tonne ou au m³.

Loïc apprécie tout particulièrement l’aspect logistique de son activité : « Pour chaque chantier, j’aime pouvoir organiser les choses afin que le client en tire le maximum et que la matière soit valorisée au mieux. Avec la diversité de clients et de produits que j’ai aujourd’hui à ma disposition, je suis capable de travailler sur un panel plus local. C’est une satisfaction ».

Un broyeur automoteur unique en Belgique

C’est dans ce sens que l’entrepreneur a fait l’acquisition d’un broyeur Albach Diamant, seule engin de ce type actif en Belgique. « Je voulais une machine polyvalente, avec laquelle je pouvais intervenir pour de grosses industries mais qui me permettait aussi de donner les mêmes avantages à de plus petits clients. La machine est autonome, elle se déplace à 80 km/h. Son rayon d’action est large, on intervient partout en Belgique et dans le nord de la France, pour 30 m³ comme 1.000 m³ de bois».

Néanmoins, sa prise en main demande une certaine qualification et de la patience : « Le broyage forestier est une activité particulière, il faut être débrouillard. Le matériel souffre et il y a toujours quelque chose à réparer. On ne peut pas partir le matin en se disant que tout va rouler, on n’est jamais à l’abri d’une panne, de l’apparition d’un corps étranger ou d’un problème de transport. Dans ce domaine, il faut aussi savoir être patient et s’adapter au régime de l’industrie. Les camions doivent se succéder sans attendre mais il arrive qu’il y ait des trous ou des changements de missions. C’est alors la journée entière qui peut être remise en cause.

Démo 2

Le transport se fait en général dans des bennes à fond mouvant de 13,60 m de long par des transporteurs spécialisés. « Le transport est un point faible. On sait précisément ce que coûte le broyage mais pour le transport c’est moins évident, dès que les distances sont plus longues ou la matière est moins accessible ça change tout au prix ». En frais, c’est-à-dire entre 40 et 45% d’humidité, les plaquettes ont une densité de 300 à 350 kg/m³. En sec (en-dessous de 20% d’humidité), celle-ci s’élève à 220 kg/m³.

Chaufferie, bois compressé, paillage…

Une bonne partie des plaquettes produites partent dans des chaufferies françaises produisant de la chaleur et de l’électricité. «Certaines d’entre elles ne souhaitent que du feuillus car les aiguilles de résineux ou l’écorce de peuplier créent des boules de feu dans les cheminée et compliquent le réglage des chaudières. C’est mon rôle de faire l’intermédiaire et de répondre à leur besoin grâce à mes connaissance de terrain ».

Loïc stocke aussi une partie du bois énergie. « Le stockage se fait en intérieur et extérieur. Une fois qu’il a respiré et a perdu de son humidité, il est placé sous hangar. L’objectif est de le faire descendre en dessous de 20% d’humidité pour pouvoir approvisionner de petites installations ».

Les plaquettes sont conservées selon leur type, feuillus, résineux ou peuplier, et affinées ou criblées si nécessaire. « Cela nous permet de répondre à des demandes spécifiques. Dès le printemps, les plaquettes de peuplier sont par exemple utilisées pour les paillages de jardins. Leur neutralité élimine toute concurrence avec d’autres plantes ».

Les buches de bois compressé sont uniformes et assez légères donc faciles à stocker. Elles sont garanties à moins de 10% d’humidité, brulent vite et font moins de cendres.
Les buches de bois compressé sont uniformes et assez légères donc faciles à stocker. Elles sont garanties à moins de 10% d’humidité, brulent vite et font moins de cendres. - DJ

Les plaquettes sont vendues calibrées ou non, sèches ou fraiches, en vrac, en big-bag et en buches comprimées (réalisées par un sous-traitant). « Celles-ci sont obtenues par compression de plaquettes. La résine contenue dans le bois permet une tenue correcte des buches. Elles sont uniformes et assez légères donc faciles à stocker. Elles sont garanties à moins de 10% d’humidité, s’allument vite et font moins de cendres, c’est assez confortable ».

Sur le même pied d’égalité

A l’avenir, Loïc souhaite progresser dans la qualité de son service et être capable de répondre à tous ses clients, quel que soit leur importance. « J’aime que tout le monde soit considéré sur le même pied d’égalité, c’est pourquoi j’envisage l’acquisition d’une seconde machine de plus petite taille».

D. Jaunard

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