Une sélection rigoureuse, pour une croissanceet une santé optimales
Créer une variété de betterave sucrière compétitive, satisfaisant les producteurs et l’industrie, demande du temps et de l’expertise. Toute graine semée doit se développer en une plante saine présentant de bonnes caractéristiques, notamment en matière de résistance et rendement en sucre. SESVanderHave évalue donc minutieusement chaque variété potentielle en fonction de ses qualités avant une éventuelle commercialisation.
Situé à Tirlemont, le siège social de S
Des variétés pour le monde entier
Un complexe innovant
Raccourcir les processus de sélection
Aussi des semences génétiquement modifiées
SESVanderHave produit également des semences de betterave génétiquement modifiées. Il faut dire que le marché américain dope la demande : plus de 95 % des semences utilisées sont RoundUp Ready.
Les recherches en la matière sont conduites dans une zone particulièrement bien isolée du reste du bâtiment. « Nous sommes autorisés à travailler sur des organismes génétiquement modifiés pour autant que nous soyons dans des conditions strictement contrôlées. Le personnel reçoit donc une formation spéciale. Les salles de travail sont en sous-pression pour éviter que le pollen ne s’échappe vers l’extérieur et l’air extrait est filtré. Quand aux graines, elles sont envoyées à nos collègues américains », éclaire Paul.
Nouveau système logistique
L’été dernier, le Svic a été doté d’un nouveau système logistique très performant. « Nous savons maintenant où se trouve chaque plante en permanence. L’automatisation augmente l’efficacité du travail. »
Les semis se font sur des plateaux qui se déplacent automatiquement vers une zone du Svic dédiée à la germination. Après une dizaine de jours, ces plateaux retournent dans la zone de travail où les plantes germées sont automatiquement transplantées à l’aide d’un robot. Quelques jours plus tard, un échantillonnage est effectué. Sur base des résultats obtenus suite à l’analyse des marqueurs génétiques, il est décidé quelles plantes sont conservées ou non.
Le robot s’assure que seules les plantes choisies sont transplantées dans de plus grands pots. Après une nouvelle période de croissance dans la serre, les plantes sont vernalisées. L’éclairage led garantit qu’elles restent saines et compactes tout au long de leur parcours.
La vernalisation induit la floraison et la production des graines. Chaque semaine, 1.000 plantes sont vernalisées grâce à l’automatisation du processus.
Des croisements… à la variété souhaitée
Huit sélectionneurs travaillent dans le Svic, chacun étant spécialiste d’une région du monde où les betteraves sont cultivées différemment, selon le climat, le type de sol, les pathogènes rencontrés… Ils déterminent quels hybrides doivent être produits.
Paul : « Chaque année, nous réalisons environ 5.000 nouveaux croisements sur base de leurs informations. Lorsque nous disposons des deux lignées parentales souhaitées (dont l’information génétique est entièrement connue) au stade de la floraison, nous réalisons une castration manuelle de la plante femelle. Le but : lui retirer ses organes reproducteurs mâles pour qu’elle assure le rôle de plante mère. C’est un travail extrêmement méticuleux. Pour chaque fleur, les cinq étamines sont retirées manuellement. La plante est ensuite associée avec le pollinisateur souhaité, donc la lignée mâle, dans un « manchon de pollinisation ». En son sein se déroule le croisement F1. »
Les graines de génération F1 sont récoltées et semées. Les caractéristiques de ces nouvelles plantes sont vérifiées via le prélèvement et l’analyse d’un échantillon de feuille. Sont-elles vraiment des descendantes issues du croisement effectué ? Ont-elles les propriétés attendues ? Les analyses doivent répondre à ces questions. Environ 80 % des plantes sont éliminées ; seuls les individus conformes aux attentes sont conservés. Leur croissance se poursuit jusqu’à vernalisation et floraison.
De nouveaux croisements sont alors réalisés, par autofécondation. Les plantes sont enveloppées dans un manchon étanche au pollen « extérieur » pour éviter toute contamination croisée. Environ 15.000 plantes sont produites chaque année de cette manière. Entre 20 et 30 g de semences sont récoltées et replantées. Après germination et croissance, une sélection est à nouveau effectuée sur base de marqueurs génétiques. Une nouvelle fois, seules les plantes conformes sont conservées.
Après vernalisation, celles-ci sont envoyées en France et aux Pays-Bas. Elles sont entourées de partenaires féminines pour la production d’hybrides qui seront semés en champs d’essais, dans des régions où la culture de la betterave revêt une grande importance. Ces variétés sont semées avec les meilleures variétés commerciales utilisées localement, pour vérifier qu’elles présentent de meilleures performances.
En fin de saison, les racines sont récoltées à l’aide d’un matériel de recherche spécifiquement conçu pour mesurer le rendement de chaque variété. La concentration et la pureté du sucre sont également analysées pour calculer le rendement en sucre.
Prêtes pour le champ
En fin de parcours, les sélectionneurs disposent de ces premiers résultats concrets. Entretemps, les nouvelles variétés ont aussi été testées pour leur germination, leur résistance… « Seules les meilleures poursuivent les tests, durant un an encore. À leur terme, SESVanderHave enregistre les variétés les mieux cotées afin qu’elles participent aux essais officiels gérés, en Belgique, par l’Irbab. »
Ces essais durent entre deux et trois ans. Ce n’est qu’à l’issue de ceux-ci, pour autant que les résultats obtenus soient favorables, que l’entreprise obtient l’autorisation de mettre ses variétés sur le marché. « En tant que sélectionneur, vous devez constamment proposer des nouveautés. Une variété n’est au sommet que pendant un nombre limité d’années. Après environ quatre ans, elle est dépassée par de nouvelles venues. »
« Ce processus est donc relativement long – il s’étale sur environ huit à dix ans – mais il est aussi fascinant », conclut Paul Kempeneers.
Photos : SESVanderHave