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Suivi de reproduction en race Blanc-bleu belge: précocité, précisionet prévention pour aller chercher de la rentabilité!

Nous l’écrivions la semaine dernière, lors de l’Assemblée générale de l’Aredb du pays d’Ath, deux vétérinaires, Léonard Théron et Anne-Sophie Rao, qui est aussi CEO de Rumexperts, avaient abordé la question de la maîtrise économique de la reproduction en Blanc-bleu belge. Retour sur le suivi de reproduction mis en place par la start-up : Reprowal.

Temps de lecture : 8 min

S ’engager dans un suivi de reproduction consiste bien non seulement à aller voir ce qu’il se passe chez les vaches, d’encoder les données dans un logiciel, mais surtout à se fixer des objectifs ! Car, Pour Anne-Sophie Rao, « ce n’est qu’avec les objectifs fixés d’un commun accord avec l’ensemble des partenaires de l’exploitation (vétérinaires d’exploitation et de suivi, éleveur, nutritionniste) que l’on peut mettre en place des diagnostics et des traitements pour que l’éleveur puisse aller chercher l’argent qui dort dans son exploitation ! »

Ledit suivi ne consiste pas en un simple constat « gestante – non gestante », c’est aller ausculter l’animal pour détecter les éventuels problèmes.

Ce qui intéresse la vétérinaire ? « Les vaches non gestantes ! » Pourquoi sont-elles vides ? Que doit-on faire pour qu’elles ne le soient plus ? Doit-on aller voir les jeunes bêtes ? Que fait-on sur le moment ? Que fait on pour s’en prémunir à l’avenir ?… sont autant de questions auxquelles une réponse doit être apportée.

Chez les génisses

Une fois arrivée en ferme, la vétérinaire observe d’abord les génisses de 12 mois. Pourquoi ? « Certaines génisses n’ont pas d’ovaire ! » Ce qu’on peut faire : passer un spéculum et voir la taille du vagin, soit fouiller et sentir les différences au niveau des cornes. La vétérinaire retrouve encore nombre de jeunes sans ovaire : soit ceux-ci sont touchés par la maladie des génisses blanches, soit ceux-ci sont les jumelles de veaux mâles. Dans ce dernier cas, il y a 94 % de chances qu’elles soient stériles. Si la génétique est bonne, l’éleveur peut toutefois tester sa génisse à peu de frais deux trois jours après la naissance, à l’Arsia »

Ensuite, place aux animaux de 14 mois et plus qui ne sont pas venus en chaleur. L’état corporel peut, tout comme les pathologies respiratoires – qu’elles les aient eus jeunes ou maintenant –, expliquer pourquoi certains individus ne tombent pas en chaleur. « Les lésions entraînées par les pathologies respiratoires, ne permettent pas aux génisses de tomber en chaleur à 14 mois. Généralement, celles qui en ont souffert ont les ovaires lisses. L’usage de spirales vaginales devrait les aider à avoir leurs chaleurs.

Les femelles qui ont été inséminées depuis 25 jours sont échographiées afin de savoir si un embryon se développe. Les génisses précédemment diagnostiquées gestantes de moins de 60 jours doivent également être confirmées pleines. Car si on est face à une mortalité embryonnaire, la vétérinaire doit investiguer pour en connaître la raison.

Les fraîches vêlées, une priorité

Du côté des mères, la vétérinaire s’intéresse à celles qui ont vêlé de + de 30 jours. « S’il y a bien des animaux à vérifier en priorité, ce sont bien eux ! Il ne faut en manquer aucune ! On cherche à détecter d’éventuelles métrites. « Passer le spéculum à ce moment, c’est avoir 95 % de chances de trouver une métrite et surtout de la prévenir avant qu’elle ne dégénère. Quand on en détecte une à 30 jours, il est possible de la soigner ; si on en découvre après 90 jours, l’utérus est infecté et l’intervention est dès lors nettement plus compliquée », explique Mme Rao.

L’étude de la reproduction doit être utilisée comme signal d’alerte pour les autres problèmes, qu’ils soient liés à l’alimentation, à la santé mammaire, aux boiteries...
L’étude de la reproduction doit être utilisée comme signal d’alerte pour les autres problèmes, qu’ils soient liés à l’alimentation, à la santé mammaire, aux boiteries... - P-Y L.

Et de rappeler : « Avec le suivi, l’éleveur investit dans la prévention. Il faut donc aller voir tous les animaux qui peuvent poser problème. Voilà pourquoi toutes les vaches qui ne sont pas tombées en chaleur, sans raison apparente, sont passées au crible. »

« Nous devons utiliser l’étude de la reproduction comme des signaux d’appel pour les autres problèmes, qu’ils soient liés à l’alimentation, à la santé mammaire, aux boiteries… »

Chez les individus à problèmes, le score d’état corporel peut-être un signal clair. Que se passe-t-il dans la ration des fraîches-vêlées ? N’y a-t-il pas un problème d’acétonémie ?

Les kystes sont souvent retrouvés sur des vaches beaucoup trop grasses, soit sur des individus beaucoup trop maigres. Et tant qu’ils ne sont pas traités, l’animal ne reviendra pas en chaleur… « A 60 jours après vêlages, les individus qui m’intéressent le moins sont ceux qui sont déjà inséminés. Toutes les autres sont intéressantes dans le cadre du suivi pour de nouveau éviter d’allonger l’intervalle vêlage. »

Enfin, les vaches ayant précédemment présenté des anomalies peuvent elles aussi avoir des kystes ou des infections utérines. Elles ne doivent as être oubliées.

Une IA sur deux donne un veau

Pour l’oratrice, la norme veut qu’une insémination artificielle ait 80 % de chances de réussite. Insémination trop précoce ou trop tardive, qualité du sperme et /ou de sa décongélation… sont autant de raisons qui peuvent empêcher une fécondation de l’ovule.

Sur ces 80 %, l’éleveur a 50 % de chances de voir arriver un veau à terme. Dans 30 % des cas, il y aura interruption de la gestation : que ce soit durant la période embryonnaire (15 %) ou fœtale (15 %). « Il arrive qu’une vache puisse perdre un embryon entre 11 et 13 jours après l’insémination. Celle-ci reviendra en chaleur à date. Si elle le perd entre 14 et 21 jours, elle reviendra en chaleur en décalé, vers 25-27 jours. Dans ces deux cas, l’éleveur pense généralement, à tort, que la fécondation n’a pas eu lieu. L’animal a simplement perdu l’embryon et c’est la norme ! Le suivi va, quant à lui, permettre de détecter les mortalités embryonnaires tardives (entre 21 et 60 jours) et de comprendre les raisons de cet échec.

À partir de 60 jours il peut encore y avoir 5 % d’avortement et 1 % de prématurés. « Finalement, la norme veut qu’on ait une chance sur deux que la femelle soit pleine. Si échec il y a, le réflexe sera d’aller voir où le bât blesse. »

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Réduire son intervalle-vêlage d’1,5 mois

En ce qui concerne Le coût, l’oratrice estime qu’1 euro investi dans le suivi rapporte entre 1, 1 et 1,5 euros à l’éleveur.

Ce dernier pourra s’attendre en moyenne à diminuer son intervalle vêlage de 15 jours en six mois et d’un mois et demi en deux ans. En un an, le nombre de jours ouverts devrait diminuer de 22 unités.

« Durant les premières années, les améliorations sont nettes. Ensuite, le suivi consistera à garder une stabilité et à protéger les pertes que l’éleveur pourrait avoir.

Et d’insister : « Ce programme est un travail collectif avec l’éleveur, le nutritionniste, les vétérinaires de l’exploitation et de suivi. Ce n’est que de cette manière que l’éleveur ira dans le sens d’une amélioration ! »

100 % de différences

Et Léonard Théron de récapituler l’ensemble de ce qui a été exposé : « Il y a trente ans, on disait que le vêlage a deux ans était une clé de rentabilité dans les exploitations (laitières comme viandeuses). Aujourd’hui, à la lueur des chiffres des comptabilités de gestion des fermes, on constate jusqu’à 100 % de différences au revenu par vache en fonction de l’âge au premier vêlage. Entre un éleveur qui est en moyenne à 32 mois et un autre à 26 mois, les premiers ont 1.300 euros de revenu par vache quand les seconds en ont 2.000. »

« La problématique n’est donc pas le prix des aliments pour animaux mais de voir si ce que l’éleveur leur donne en plus va lui rapporter moins que 1.000 euros. Comme le prix payé à l’éleveur est fixe, la seule variable est ce que le bovin lui coûte… Il appartient donc à l’éleveur d’observer les différents aspects de la ferme par le biais de diagnostics, et identifier les éléments de rentabilité. La ressource est sur la ferme et il suffit parfois de la valoriser en mettant en place des actions qui répondent à ses problématiques. »

La règle des 3 P

« Et pour ce faire il faut être précoce, c’est-à-dire voir vite. Cela revient dans le cas du suivi de reproduction à faire une échographie avant que l’animal ne soit plein afin de vérifier que l’utérus soit prêt à recevoir une dose qui va « coller ». C’est aussi se dire, si l’éleveur doit soigner ses animaux avec des antibiotiques, que l’on peut améliorer ses pratiques au niveau de la vaccination et/ou du colostrum. »

Ensuite, vient la précision. « On ne peut être précis sans données chiffrées liées à son exploitation et ses animaux. »

Enfin, place à la prévention. « À notre époque, par souci de rentabilité, l’éleveur ne peut plus se permettre d’avoir des animaux malades. Il doit donc investir un maximum de son énergie et de sa vision de la ferme pour limiter au maximum l’impact des maladies. En effet, à l’instant où un animal tombe malade, sa carrière est entravée. Il faut donc se poser la question de combien de génisses a-t-il besoin sur la ferme, soit le taux de renouvellement plus une marge de 5 à 10 % en fonction des accidents de parcours. Si l’éleveur doit remplacer 25 ou 30 % de ses vaches, il n’a pas besoin de 50 % de génisses de renouvellement… »

« Et pour maximiser son revenu, il peut inséminer, soit en doses sexées, soit en croisement industriel… »

P-Y L.

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