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Les cours des matières premières fléchissent sous le poids de l’offre

Après avoir maintenu une relative stabilité pendant deux mois, entre une offre mondiale abondante et une demande dynamique, les cours des céréales, et dans une moindre mesure des tourteaux, ont reculé en mars sous le poids de réévaluation à la hausse des récoltes.

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S ur les deux premiers mois de l’année 2017, les cours du blé et du maïs sont restés stables, malgré une demande dynamique. Le Maroc, l’Algérie, l’Egypte, la Jordanie, l’Indonésie et même l’Inde, devenue importatrice nette suite à de mauvaises récoltes, ont procédé à des achats plus ou moins importants de blé. La baisse de l’euro face au dollar et le recul des surfaces semées en blé tendre aux États-Unis ont également soutenu les cours du blé.

Récoltes abondantes de blé et de maïs

Les annonces intervenues au mois de mars ont eu raison de ce fragile équilibre. Les différents organismes internationaux et l’USDA ont revu les récoltes 2016/2017 et les stocks de fin de campagne à la hausse. Les révisions concernent l’Australie, avec une récolte record en blé, le Brésil et l’Argentine pour le maïs. Enfin, les conditions de culture favorables en Europe et en Mer noire permettent, à ce stade, d’envisager de bonnes récoltes de blé pour la campagne 2017/2018.

Dans ce contexte déjà lourd, plusieurs facteurs conjoncturels sont venus renforcer la tendance baissière. La hausse de l’euro face au dollar a ainsi forcé les vendeurs européens à baisser les prix afin de nepas perdre en compétitivité.

Les déboires du blé russe, leader sur le marché européen, a également accentué la pression sur les cours. La Turquie a annoncé taxer les importations de blé russe, premier fournisseur du pays, sûrement en représailles de mesures russes sur les produits turcs, et l’Egypte a refusé le débarquement de blé de la même origine arguant de problèmes sanitaires. Enfin, la concurrence vive entre les exportateurs de blé et la volonté des opérateurs français de commercialiser des stocks de blé de qualité moyenne devraient également peser sur les cours du blé dans les mois à venir.

En maïs, les conséquences de la grippe aviaire dans le sud-ouest de la France sur la demande en alimentation animale et la faible compétitivité prix du maïs français à l’export ont également pesé sur les cours nationaux. Les stocks abondants en Chine et les moindres importations de drêches et d’éthanol par ce pays ont alourdi le bilan mondial. Les rumeurs, finalement démenties, d’une hausse du taux d’incorporation d’éthanol dans l’essence n’ont que momentanément soutenu les cours début mars.

Ainsi, à 150 €/t début avril, les cours du blé ont reculé de 10% depuis fin février, ceux de maïs ne perdant que 3% à 163 €/t. Les cours restent cependant encore au-dessus de ceux de 2016 et 2015 pour le maïs et de 2016 pour le blé.

Les premières prévisions pour la prochaine campagne confirment une baisse de la production de blé, suite à des semis en recul aux États-Unis, en Australie et au Canada. Mais les stocks très élevés ont eu raison des velléités de hausse des cours du blé. La situation est identique sur le maïs. Après l’annonce d’une baisse plus importante qu’anticipée des surfaces qui devraient être semées lors de la prochaine campagne aux États-Unis, les stocks étoffés ont permis de stabiliser les cours.

Récoltes record de soja

Malgré la demande soutenue de la Chine en fève de soja, les récoltes record des producteurs sud-américains pèsent sur les cours. La production brésilienne devrait atteindre un nouveau record, à près de 110 millions de tonnes, et celle en Argentine reculer légèrement à 55,5 millions de tonnes. Sans oublier la récolte record aux États-Unis à l’automne 2016.

Dans ce contexte d’offre abondante, le scandale sanitaire qui a touché de nombreux abattoirs au Brésil fait craindre des répercussions sur la production de viande dans ce pays et sur les volumes de tourteaux consommés par le 4e utilisateur au monde, accentuant la pression à la baisse. Enfin, les prévisions en hausse de surfaces qui devraient être semées en soja aux États-Unis ont également pesé.

Le prix du tourteau de soja a reculé de 11% depuis la mi-février. A 337€/t début avril, le cours se situe au-dessus de son niveau de 2016.

Le cours du colza et du tourteau de colza ont également évolué à la baisse, mais de manière plus modérée. Si la graine a subi la pression du soja et du canola canadien, les évolutions parfois haussières des cours des huiles et du pétrole ont limité le recul à 3% depuis la mi-février.

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