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Les organisations agricoles prêtes à faire le lien entre Bruxelles et les agriculteurs

A l’instar des ministres fédéraux et régionaux de l’Agriculture, les organisations agricoles wallonnes (Fwa et Fugea), se sont dits surprises voire choquées par le projet du ministre bruxellois, Alain Maron, d'acheter des terres agricoles en Brabant afin de favoriser un circuit court et de qualité dans l'approvisionnement de la capitale.

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«Tout au long de la crise de la Covid19, les agriculteurs wallons (comme ceux de Flandre d'ailleurs) ont poursuivi leur travail et continué à alimenter la population en productions de qualité, variées, respectant toutes les normes environnementales et sanitaires sévères auxquelles ils sont soumis. En conséquence, il est bien difficile de comprendre les motivations du ministre bruxellois. Il est, de surcroît, extrêmement heurtant pour les agriculteurs d'apprendre qu'il serait nécessaire qu'un opérateur extérieur (public ou privé) intervienne pour que l'activité agricole soit menée dans le respect de l'environnement et de la biodiversité», a souligné la Fédération wallonne de l’Agriculture.

Tout comme la Fédération unie de groupements d'éleveurs et d'agriculteurs (Fugea), qui s'inquiète elle aussi dudit projet, elle insiste sur l'indépendance des agriculteurs et préconise le modèle d'une agriculture familiale «où l'agriculteur et sa famille sont indépendants économiquement, prennent les décisions, contrôlent la gestion et fournissent l'essentiel du travail et du capital». L'un des objectifs de ce projet est de mettre ces terres à disposition d'agriculteurs ou de maraîchers pour une production durable, orientée principalement vers les besoins de la ville, en circuit court. A cette méthode, les deux organisations opposent le principe de la liberté de culture, entièrement aux mains de l'exploitant et consacrée dans la législation sur le bail à ferme.

La Fugea: «Nous osons espérer que la politique des autorités publiques en termes d'approvisionnement alimentaire ne va pas se calquer sur les stratégies douteuses d'entreprises privées. «Nourrir la capitale avec une nourriture produite localement et dans le respect de l'environnement est un défi de taille. Mais Alain Maron semble oublier que des agriculteurs travaillant dans le respect de la biodiversité et des filières sont déjà en place aujourd'hui et pourraient, avec une volonté conjointe des deux régions, alimenter la population bruxelloise. Certains producteurs sont d'ailleurs en demande de débouchés. Outre l'existant, il faut continuer à investir des moyens pour structurer des filières courtes de façon coordonnée et concertée", a-t-elle ajouté.

Si la Fwa se propose d’ailleurs de faire le lien entre Bruxelles et les agriculteurs, un modèle qui leur semble préférable, la Fugea demande une concertation avec le ministre sur le sujet. Créer une ceinture alimentaire autour de Bruxelles a du sens, juge-t-elle, «mais uniquement à travers une collaboration étroite avec les agriculteurs wallons et flamands, et certainement pas par le biais d'achats de terres agricoles».

En outre, la Fugea redoute que l'initiative n'aggrave encore les difficultés d'accès à la terre des agriculteurs. «Les marchés du foncier agricole wallon et flamand sont déjà bouchés (seul 1% des terres ont changé de propriétaire en 2019) et peu voire pas accessibles à une majeure partie des agriculteurs tant les terres se vendent chers. On ne peut que craindre que la présence d'une région parmi les potentiels acquéreurs de terres accentue, même involontairement, ces phénomènes», a-t-elle souligné. A ses yeux, le projet est totalement décalé par rapport aux enjeux actuels du monde agricole.

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