Nouvel appel de producteurs à des mesures contre la crise laitière

Les éleveurs européens estiment que les mesures prises par l’Europe ne vont pas assez loin.
Les éleveurs européens estiment que les mesures prises par l’Europe ne vont pas assez loin. - D.C.

Cette initiative faisait suite à la volonté de la Commission européenne de remettre sur le marché 22.150 tonnes de poudre de lait, soit 6% des quelque 355.000 tonnes retirées du marché et stockées depuis septembre 2014 via le système d'intervention publique. Mais pour l'heure, la Commission, qui a affiché sa volonté de ne pas perturber le marché, a refusé la plupart des offres reçues car celles-ci étaient trop basses.

Les agriculteurs craignent qu'une remise des stocks de lait en poudre sur le marché pèse sur les prix du lait, alors que ceux-ci sont revenus à 32-33 centimes le litre, un niveau certes en hausse ces derniers mois mais qui reste insuffisant.

«Cela permet tout juste de couvrir les frais de production mais cela ne donne pas de salaire à l'éleveur et cela fait deux ans que cela dure», déplore Erwin Schöpges, producteur belge et membre du conseil d'administration de l'European Milk Board (EMB), une association d'éleveurs laitiers européens à l'origine de la manifestation.

Les 32 centimes payés actuellement par litre de lait permettent à peine de couvrir les coûts de  production. Les prix doivent dès lors augmenter pour permettre une rémunération de l’éleveur. La vente des stocks de poudre de la Commission irait donc  à contre-courant.
Les 32 centimes payés actuellement par litre de lait permettent à peine de couvrir les coûts de production. Les prix doivent dès lors augmenter pour permettre une rémunération de l’éleveur. La vente des stocks de poudre de la Commission irait donc à contre-courant. - D.C.

Un outil permanent de gestion de crise

Dans ce contexte, l'EMB a demandé lundi à la Commission, par la voix de sa vice-présidente Sieta van Keimpema, de ne pas remettre de poudre de lait sur le marché durant toute l'année 2017 afin de ne pas tirer les prix vers le bas.

Par ailleurs, l’organisation réclame également la mise en place d'un «instrument permanent de gestion de crise» prévoyant une réduction volontaire et un plafonnement de la production laitière en cas de crise, assortis, le cas échéant, de sanctions. Elle est en outre favorable à l’instauration d'un prélèvement auprès des éleveurs permettant de financer l’outil qu'elle propose.

Les producteurs laitiers estiment que les initiatives de la Commission européenne, sous la forme de mesures temporaires ou du déblocage d'enveloppe budgétaire, ne vont pas assez loin.

Du côté des ministres belges de l'Agriculture, René Collin a rappelé son souhait d'une mise en place d'un «mécanisme structurel de régulation» qui fonctionnerait lorsqu'apparaît «un déficit flagrant entre l'offre et la demande». Il déplore «l'aveuglement» de la Commission européenne depuis deux ans «qui, naïvement, a fait confiance au marché». Quant à Willy Borsus, il a rappelé que les stocks de lait en poudre «ne peuvent être remis sur le marché que de manière très progressive» afin de ne pas faire chuter les prix.

Les manifestants étaient accompagnés de membres des ONG SOS Faim et Oxfam qui entendaient dénoncer les exportations de lait en poudre européen vers l'Afrique. Une situation «inacceptable» que les ONG qualifient de «véritable dumping», qui fait disparaître de nombreux petits producteurs locaux, notamment en Afrique de l'ouest.

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