De l’agriculture à l’apiculture: la passion bourdonnante de Jocelyne Collard
Elle a le sourire dans les yeux, des lumières, des feux qui chassent les obscurcissements parfois inévitables de la vie. Celle que l’on surnomme « Joce des abeilles » est passée avec bonheur du métier d’agricultrice à celui d’apicultrice voici treize ans. À Lutrebois, dans l’entité de Bastogne, elle connaît la musique, celle des ruches qui bourdonnent au fond de son jardin.

Plongée dans l’exploitation familiale depuis l’âge de 14 ans, puis agricultrice avec son mari jusqu’à 60 ans, Jocelyne Collard n’envisageait pas une vie sans activité pour la remplir une fois l’heure de la retraite venue.
Un parcours sans faute
Miellerie collective à Michamps
Ce dernier projet est le fruit d’une collaboration entre le Centre UCL qui avait besoin d’abeilles pour féconder ses pommiers et Jocelyne Collard alors à la recherche d’une salle de cours.
Elle vient d’inaugurer sur ce site une miellerie collective ouverte, un outil de choix pour les apiculteurs de la région qui peuvent venir avec leurs seaux et repartir avec leur miel crémeux, une spécificité wallonne.
Le projet a pu voir le jour grâce à un partenariat noué avec le Parc naturel Haute-Sûre Forêt d’Anlier, des soutiens de l’UE par le biais de son programme « Leader », de la région wallonne et de la commune de Bastogne.
Marchés de terroirs et réseaux sociaux
Jocelyne Collard empote son miel avec l’aide de son mari. Elle vend sa production à domicile, sur les petits marchés de terroir, mais elle l’a également livrée directement sur le seuil de la porte de ses clients au plus fort de la crise sanitaire.
Elle propose du miel de saule, de pissenlit, d’aubépine, de tilleul, de trèfle et de forêt avec épilobes, ces plantes qui se présentent sous forme de grandes inflorescences érigées, souvent composées de fleurs roses.
Les réseaux sociaux ont largement contribué à développer sa notoriété, et donc sa clientèle, qui a largement franchi les limites du territoire bastognard.
En 2020, elle a produit 2.300kg de miel contre environ 1.000kg pour 2021 « qui n’est pas une année à miel » en raison du froid et de la pluie indique-t-elle.
« Les abeilles avant les vaches »
Sa passion est tellement prenante que Jocelyne n’hésite pas à dire, si c’était à refaire, qu’elle commencerait par les abeilles avant les vaches.
Les deux activités ne sont d’ailleurs pas antinomiques, bien au contraire, puisque l’apiculture contribue à la pollinisation qui permet, par exemple, d’augmenter les rendements de certaines cultures comme le colza.
Une fleur faite aux abeilles
La nouvelle PAC va outre aider les apiculteurs en encourageant les agriculteurs à semer des fleurs qui seront pollinisées non seulement par les abeilles de ruches mais aussi par les « quelque 300 sortes d’abeilles solitaires qui existent en Belgique » détaille Jocelyne Collard qui travaille quant à elle exclusivement avec la « Buckfast » possédant l’avantage d’être peu agressive et très productive.
« C’est un peu la Holstein des abeilles », illustre-t-elle non sans humour.
La Wallonie compte de plus en plus de producteurs et le secteur apicole, actuellement en plein essor, a largement la place de croître indique Jocelyne Collard en précisant qu’il manque à la fois 50 % de miel et de ruches en Belgique.
Elle encourage ainsi les consommateurs à se tourner vers le miel wallon, un produit de qualité, situé à des années-lumière des produits chinois à base de sirop de glucose et qui n’ont du miel que l’arôme – artificiel – et son appellation usurpée.