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La Raffinerie Tirlemontoise a donné le coup d’envoi de sa 185è campagne

Dans les campagnes, le ballet des arracheuses de betteraves et autres avaleuses de tas a repris. Peu à peu, les silos s’allongent puis se vident… Les racines prennent la direction des usines pour y être transformées en sucre et autres co-produits qui seront, notamment, revalorisés en agriculture. À la Raffinerie Tirlemontoise, c’est la pleine effervescence et ce, pour la 185è année consécutive.

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C’est un cap important que vient de franchir la Raffinerie Tirlemontoise. Fondée en 1836, à une époque où les chevaux transportaient les bennes vers les râperies locales, l’entreprise célèbre cette année sa 185è  campagne betteravière dont le coup d’envoi a été donné le 28 septembre.

Pour l’occasion, Sylvie Decaigny, QSE Agro Manager, et Erwin Boonen, Director Raw Materials, s’étaient donné rendez-vous à Eghezée, chez Fabrice Flamend, afin d’assister aux premiers chargements de racines à destination de la Râperie de Longchamps. Ils en ont profité pour faire le point sur la saison en cours et les moyens mis en œuvre pour accroître la durabilité de la filière.

Rendements moyens, richesse satisfaisante

« 185 campagnes… Ce n’est pas rien ! C’est un moment important pour la Raffinerie Tirlemontoise mais aussi pour les 4.000 agriculteurs avec lesquels nous travaillons. En effet, ce sont bien eux qui sont à la base de la filière, en nous fournissant les betteraves desquelles nous extrayons le sucre », insiste Sylvie Decaigny.

« C’est un anniversaire important pour la Raffinerie Tirlemontoise,  mais aussi pour les 4.000 agriculteurs avec lesquels nous travaillons  et sans qui nous serions sans matière première », insiste Sylvie Decaigny.
« C’est un anniversaire important pour la Raffinerie Tirlemontoise, mais aussi pour les 4.000 agriculteurs avec lesquels nous travaillons et sans qui nous serions sans matière première », insiste Sylvie Decaigny. - J.V.

Au total, pas moins de 3.300.000 t de racines seront livrées tout au long de la campagne, qui s’étalera jusqu’en janvier. « Nous écrasons 31.000 t de betteraves par jour sur nos deux sites que sont la Râperie de Longchamps et la Raffinerie Tirlemontoise », ajoute-t-elle. Cela représente une nouvelle livraison de racines toutes les deux à trois minutes !

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Malgré une saison compliquée par la météo, la campagne devrait se dérouler correctement. « Les rendements à l’hectare semblent être dans la moyenne de ce qui a été observé les années précédentes. Les interrogations concernent plutôt la richesse… » Celle-ci devrait cependant être relativement satisfaisante. « Après un été particulièrement pluvieux, septembre a heureusement été ensoleillé. Comme les betteraves présentaient encore une situation sanitaire très favorable, la production et l’accumulation de sucre se sont poursuivies. » La météo des semaines à venir pourrait également contribuer à accroître la richesse.

Et Fabrice Flamend d’ajouter : « Contrairement à d’autres cultures, les betteraves ont bien résisté aux intempéries, mais l’on remarque toutefois que le climat commence à avoir un impact de plus en plus important sur le rendement. D’où l’attention que nous accordons à une culture des betteraves plus respectueuse de l’environnement, ce qui implique bien entendu de faire face à certains défis ».

Une culture de plus en plus durable

Ce respect de l’environnement se traduit, au champ, par diverses pratiques agronomiques qu’adoptent tous les betteraviers belges. Au cœur de celles-ci, figure l’immuable rotation des cultures. « Cela permet de préserver au mieux l’état nutritionnel du sol et de lutter naturellement contre les parasites en interrompant leur cycle », témoigne Fabrice Flamend.

De même, la fertilisation est raisonnée, des engrais organiques sont utilisés, le désherbage devient mécanique… « On le voit, les agriculteurs font de nombreux efforts pour accroître la durabilité de toute la filière », détaille Erwin Boonen.

Et d’ajouter : « Les semenciers assument également leur part du travail. Une attention particulière est apportée à la résistance aux maladies et à la sécheresse, à la réduction de l’utilisation d’intrants et à l’accroissement des rendements ».

Rien ne se perd…

Toujours en matière de durabilité, Erwin Boonen insiste, pour sa part, sur les différences notables qui existent entre la betterave sucrière et la canne à sucre. « La betterave sucrière belge ne demande que très peu d’eau, jusqu’à trois fois moins que la canne à sucre. Elle absorbe très efficacement l’azote en profondeur dans le sol, ce qui empêche qu’il ne se retrouve dans les eaux de surfaces. » Soulignons aussi que la betterave est cultivée à proximité immédiate des usines de transformation.

« La production de sucre de betterave s’inscrit parfaitement dans l’économie circulaire.  Tous les co-produits issus du processus de transformation ont une seconde vie et  sont intégralement réutilisés, notamment en agriculture », insiste Erwin Boonen.
« La production de sucre de betterave s’inscrit parfaitement dans l’économie circulaire. Tous les co-produits issus du processus de transformation ont une seconde vie et sont intégralement réutilisés, notamment en agriculture », insiste Erwin Boonen. - J.V.

« Par ailleurs, la production de sucre de betterave s’inscrit parfaitement dans l’économie circulaire. Tous les co-produits issus du processus de transformation ont une seconde vie et sont intégralement réutilisés, notamment en agriculture », insiste-t-il encore.

Ainsi, les radicelles et les pulpes sont utilisées en alimentation animale. Les écumes de sucrerie sont, elles, valorisées comme amendement calcique. Enfin, d’autres éléments résiduels récupérés sur la chaîne de transformation servent de base à la préparation de sirop ou de mélasse, laquelle est utilisée pour la préparation d’alcool, de levure ou encore d’acide citrique. Le service Rechercher et Développement de la RT poursuit d’ailleurs l’objectif de tirer encore plus de la betterave.

Des investissements à Tirlemont

La production de sucre se veut également plus verte. Südzucker, la maison mère allemande dont dépend la Raffinerie Tirlemontoise, souhaite en effet réduire ses émissions de CO2 de 30 % d’ici 2030, par rapport à l’année de référence 2018. « Pour y parvenir, nous optimisons notre mix énergétique et nous prévoyons notamment d’investir 25 millions d’euros sur notre site tirlemontois. Avec le soutien du gouvernement flamand, nous allons en effet y construire une nouvelle tour de diffusion durant cette campagne. Nous économiserons ainsi 5.700 t de CO2 et 150.000 m³ d’eau par an. » Ainsi, le sucre blanc sera encore plus vert.

J. Vandegoor

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