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Brioaa, un laboratoire à ciel ouvert dédié à l’agroécologie bio

Sur une soixantaine d’hectares, le Brioaa entend expérimenter, en situation réelle, de nouvelles pratiques destinées à accélérer la transition vers une agriculture biologique, voire vers l’agroécologie biologique.

Temps de lecture : 3 min

Le paysage agricole belge vient d’assister à la naissance d’un nouveau centre de recherche indépendant, le Brioaa ou Belgian research institute of organic agriculture and agroecology (Institut belge de recherche sur l’agriculture biologique et l’agroécologie). Basé à Upigny, il est le fruit d’une profonde réflexion amorcée voici un petit temps déjà par ses cofondateurs.

Et Julie Van Damme, chargée de mission auprès d’Inter-environnement Wallonie et administratrice de la structure, de détailler : « Au vu des phénomènes climatiques intenses que sont les inondations et sécheresses, du conflit russo-ukrainien ou encore de la crise sanitaire, nous estimons qu’il est nécessaire de changer de cap. Adopter un nouveau modèle agricole est nécessaire pour assurer notre sécurité alimentaire. C’est ainsi qu’est né le Brioaa, avec l’ambition d’amorcer la transition vers de nouvelles pratiques ».

Préserver et augmenter l’agro-biodiversité

L’Institut a été cofondé par Eddy Montignies, Nicolas Luburic, Urs Niggli, Cécile Thonar, François de Gaultier et Dominique Barjole. Il s’étend, à l’heure actuelle, sur une soixantaine d’hectares de grandes cultures agroécologiques bio. Il se veut financièrement et intellectuellement indépendant. Son financement s’effectue par le biais du mécénat et d’appels à projet wallons et européens.

Son activité s’articule autour de quatre principaux volets : l’observation et l’expérimentation d’itinéraires techniques et de pratiques agricoles, la recherche appliquée de solutions aux problématiques actuelles, la proposition de solutions, et la diffusion proactive des connaissances accumulées. « À travers ces quatre points, nous entendons dépasser le cahier des charges du bio et promouvoir l’agroécologie bio. In fine, nous agissons pour préserver et augmenter la santé des sols et, plus largement, l’agro-biodiversité », déroule Eddy Montignies.

Cela implique, entre autres, de limiter le travail mécanique tout en améliorant la structure et la fertilité des sols par un usage adéquat des matières organiques. Dans cette même optique, le centre compte travailler sur la rotation des cultures et le découpage du parcellaire. Enfin, l’adoption de mesures agri-environnementales figure aussi parmi les solutions à étudier pour atteindre ces objectifs.

De multiples recherches

Ce type de démarche ne peut toutefois s’opérer seul. C’est pourquoi le Brioaa annonce vouloir initier et développer des projets de recherche appliquée seul mais aussi en collaboration avec des partenaires. « Et ce, tout en conservant notre indépendance », insiste-t-il.

C’est via l’expérimentation et le partage de connaissances que le Brioaa entend préserver et augmenter l’agro-biodiversité de nos campagnes.
C’est via l’expérimentation et le partage de connaissances que le Brioaa entend préserver et augmenter l’agro-biodiversité de nos campagnes. - J.V.

Plusieurs thèmes de recherche ont déjà été identifiés. Citons, notamment, l’optimisation d’itinéraires techniques, l’identification de pratiques agricoles permettant d’atteindre les objectifs susmentionnés, la mise au point d’approches innovantes permettant d’augmenter la résilience des systèmes de production… De manière plus inédite, un travail d’exploration de la biodynamie devrait également être mené.

Pour toute la communauté agricole

À court et long terme, quatre pôles devraient voir le jour en vue de structurer l’Institut et d’en tirer le meilleur.

« Le premier, le pôle « sol », vise à fournir aux agriculteurs des conseils et diagnostics innovants en vue de maintenir des sols vivants », éclaire Nicolas Luburic. Et d’ajouter : « Le pôle « recherche » de ce « laboratoire à ciel ouvert » correspond à la mise en place d’essais en situation réelle de production, parmi lesquels figure un protocole d’essai à long terme (plus de 20 ans) ». S’y ajoutent deux autres pôles : « agro-biodiversité » et « formation et information ».

« Notre intention est de partager nos observations et notre savoir-faire. Nous voulons questionner, débattre et produire 200 % bio en faisant profiter la communauté agricole au sens large (agriculteurs, institutions, associations…) des résultats de notre travail », conclut Eddy Montignies.

J. Vandegoor

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