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Baromètre des commerces bio et vrac : un secteur dans l’urgence et en quête de soutien

Dégager quelques chiffres et tendances qui se cachent derrière les crises successives auxquelles sont confrontés les commerces du bio et de vrac afin d’établir un baromètre de ces secteurs. Tel était le but de Biowallonie et de Consom’Action qui ont mené un sondage auprès d’une série d’acteurs de terrain dont les résultats ont été dévoilés le 11 octobre dernier.

Temps de lecture : 4 min

Les deux structures ont interrogé, par le biais d’une enquête en ligne, 96 commerces physiques ou virtuels (magasins bio, de produits en vrac, à la ferme, des coopératives en circuit court…) situés à Bruxelles et en Wallonie. Un nombre qui représente tout de même un tiers des acteurs du secteur.

Attention, chute de chiffre d’affaires

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats sont alarmants. En comparant le 1er semestre 2021 à celui du 1er semestre 2022, il ressort que 82 % des commerces sondés ont vu leur chiffre d’affaires diminuer.

Pour 12 d’entre eux, la baisse est supérieure à 30 %, et pour quelques-uns, elle plonge jusqu’à 40 %. Seuls 13 magasins ont enregistré une augmentation par rapport à 2021 et 4 un chiffre d’affaires équivalent.

« Sachant que le sondage date du mois de juillet, donc avant le début de la crise énergétique que nous traversons actuellement, on peut considérer que la situation s’est encore dégradée pour certains commerces » a contextualisé la représentante de Biowallonie.

Les raisons invoquées par les points de vente pour justifier cette perte sont, sans surprise, la crise économique et la baisse du pouvoir d’achat des clients, suivie par la croissance de la concurrence de leurs pairs, le retour au mode de consommation d’avant la crise sanitaire et la hausse des prix du carburant et de l’énergie.

Le moral des commerçants en berne

S’il est intéressant d’analyser l’évolution des comportements d’achat de la clientèle, les sondeurs se sont d’abord concentrés sur son profil. L’enquête nous apprend que ce sont principalement des familles, des personnes de plus de 65 ans et des couples sans enfant. Viennent ensuite des célibataires et très peu de moins de 25 ans.

Pour 63 % des lieux de vente, le montant du panier moyen dépensé dans ces commerces oscille entre 20€ et 40€, pour 23 % un panier de 40€ à 60€ et pour 13 % un panier de moins de 20 %. Les sondeurs précisent que si le panier moyen peut sembler bas, cela s’explique par le fait que beaucoup de consommateurs continuent à se rendre dans plusieurs commerces pour leurs achats alimentaires.

Le refrain est désormais connu, le confinement a poussé les consommateurs à franchir en nombre le seuil des commerces locaux, bio et en vrac. Une tendance qui ne s’est malheureusement pas inscrite dans le temps. Ainsi, 56 % des sondés ont vu partir les clients occasionnels.

L’optimisme ne semble pas au rendez-vous et une majorité des commerces pense que la perte du pouvoir d’achat des consommateurs aura des conséquences sur le panier moyen et ce, pendant encore de nombreux mois.

Résilience et créativité

Une large majorité de magasins ne compte pourtant baisser les bras. Ils ont mis en œuvre des pistes d’action en faisant preuve de résilience et de créativité pour assurer un futur plus favorable.

Selon l’enquête menée par Biowallonie et Consom’Action, 23 d’entre eux projettent de travailler sur la visibilité de leur commerce, 18 ambitionnent de mener des actions de sensibilisation auprès de leur clientèle, 8 envisagent de la fidéliser en proposant des incitants à l’achat (promotions, concours), 16 souhaitent diversifier leur offre (service traiteur, livraisons, ateliers, box repas, e-commerce), 13 réfléchissent à réduire leurs coûts et diminuer leurs marges. Enfin, 10 magasins comptent adapter leur gamme en la diversifiant, modifiant ou en la réduisant.

Il faut sauver les soldats bio, locaux et vrac !

Le sondage a révélé un secteur déprimé dont certains acteurs sont au bord du gouffre et à tout le moins dans l’urgence.

Pour la représentante de Consom’Action, il a surtout mis en lumière « la problématique de la visibilité » d’où « la nécessité de créer des incitants pour faire changer les comportements d’achat vers des habitudes plus durables et vertueuses, mais aussi de mener des actions de communication massive pour faire connaître le secteur ».

Cela passera en outre par une politique engagée et concertée en lien avec la demande des citoyens et en cohérence avec les politiques mises en œuvre par le gouvernement régional, on pense ici à l’ambition d’atteindre 30 % de la SAU wallonne en agriculture bio à l’horizon 2030.

Marie-France Vienne

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