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L’herbe pousse

plus vite avec la gibbérelline

Les régulateurs de croissance sont connus depuis un certain temps déjà, notamment en vignoble et dans les plantations de cerisiers, pour favoriser le grossissement des grappes et des fruits, ou encore en poiriers pour la mise à fruit. Mais, l’herbe peut également pousser plus rapidement et en plus grande masse…

Temps de lecture : 6 min

SmartGrass, nouveau produit de Nufarm contenant de la gibbérelline, n’est, d’après la société, ni un engrais ni un cocktail d’oligoéléments. C’est un régulateur de croissance, ou plus concrètement dans ce cas, une hormone végétale favorisant la croissance. C’est que Nufarm tient à faire remarquer.

Avancer la saison de croissance

Les gibbérellines (ou acide gibbérellique) sont des substances naturelles qu’on retrouve dans les plantes. Elles accélèrent la division et l’élongation des cellules végétales. Les feuilles et les tiges s’allongent. Néanmoins, dès que les feuilles vieillissent, l’action de l’acide gibbérellique, même en quantité suffisante, s’arrête.

C’est donc au début de la croissance que l’acide gibbérellique peut être facteur limitant, lorsqu’il y a peu de feuilles et donc peu de photosynthèse. L’apport d’acide gibbérellique à cette période favorise une pousse supplémentaire de l’herbage. Les gibbérellines agissent sur toutes les espèces de graminées, même sur les adventices, d’autant plus si celles-ci ont une grande surface foliaire. Il s’agit là d’un argument pour freiner la présence des adventices.

Concrètement, des produits comme SmartGrass avancent la saison de croissance. La courbe de croissance s’accélère. C’est ainsi que les régulateurs de croissance peuvent apporter une plus-value. C’est utile, par exemple, si on souhaite semer du maïs après de l’herbe. « Une application est faite lorsque l’herbe a 10 à 15 cm de haut. Mais on peut aussi l’appliquer 2 à 7 jours après une coupe. Si la coupe est rase (5 cm), il faut mieux attendre 7 jours », explique Paul van der Kooij, responsable chez Nufarm.

Des pays comme la Nouvelle-Zélande, les États-Unis, l’Australie et, depuis peu les Pays-Bas, ont adopté le produit. En Nouvelle-Zélande, on estime qu’il est utilisé sur 15 à 20 % des prairies.

Pas un produit miracle

De tels régulateurs de croissance peuvent accélérer la croissance mais ce ne sont pas des produits miracles. Paul van der Kooij : « Ce ne sont pas des engrais. La prairie doit être en bon état en matière de fertilisation, elle ne peut pas être en stress. Il ne peut pas y avoir de sécheresse ou du gel nocturne. Il faut à la fois de la température et de l’humidité. L’herbe doit pouvoir pousser ».

Pas d’effet de dilution

« Ce n’est pas parce que les plantes grandissent plus vite qu’il y a un effet de dilution », affirme Nufarm. Paul van der Kooij : « Nous constatons un rendement plus élevé en matière verte, pas de diminution des taux de matière sèche, et pas non plus de diminution de la teneur en protéine. Cela veut dire que le rendement en matière sèche augmente sur la saison ».

Mais il y a une condition pour y parvenir : il faut faucher à temps. Si on retarde la fauche, l’avance en végétation risque d’être perdue.

Paul van der Kooij : « Lorsque le ray-grass forme sa cinquième feuille, la feuille du bas commence à dépérir. Il faut agir à temps ».

Des essais réalisés en 2015 à l’Université de Gand ont montré un surplus de rendement visible en fin d’hiver et après la première coupe. Il est également intéressant de remarquer que la croissance a lieu également dans le sol. Il y aurait jusqu’à 30 % de supplément en racines, l’action de l’acide gibbérellique continuerait donc après une coupe sur laquelle on avait appliqué le régulateur de croissance.

Gains vers 4-5 semaines

La nécessité de faucher à temps ressort aussi d’expériences de terrain menées par Nufarm chez 39 éleveurs de bovins. On retrouve après 4 semaines jusqu’à 500 kg de matière sèche en plus par ha. L’effet le plus important se situe entre 4 et 5 semaines après l’application. Il diminue après 5-6 semaines, pour disparaître tout à fait vers la huitième semaine.

SmartGrass est liquide, à répartir au maximum sur le feuillage. Il est donc peu compatible avec une fertilisation à l’azote liquide, car celui-ci doit toucher le feuillage aussi peu que possible. On peut évidemment le combiner avec des engrais foliaires, mais ce n’est pas une pratique courante. Nufarm préconise une dose de 20g/ha, à diluer dans 300l d’eau.

Le formidable pouvoir des auxines

Outre le régulateur SmartGrass, Nufarm propose un tout autre type de régulateur de croissance. En prairie, des herbicides comme Cirran et Buttress font partie de la famille des « phénoxy », une variante synthétique des auxines.

Les auxines sont des hormones naturellement présentes dans les plantes, plus précisément dans les méristèmes. La lumière du soleil les détruit de sorte que les cellules ombragées poussent plus vite, ce qui permet à la plante de croître en direction du soleil.

Plus incroyable, en présence d’une quantité artificiellement surabondante d’auxines, les plantes poussent tellement vite que les substances nutritives ne leur parviennent plus en temps utile : leur démesure les tue… Ce sont surtout les dicotylées qui en sont les victimes, au contraire des graminées et des céréales. Patrick Piessens, Nufarm : « Les graminées et les céréales ont une couche cireuse qui les protège et, en outre, ces régulateurs de croissance sont dégradés par leur système enzymatique. Ils sont ainsi devenus d’excellents herbicides sélectifs. En plus, ils agissent sur le métabolisme des plantes, la synthèse des protéines, la division cellulaire et le transport des substances nutritives. Des résistances sont peu probables, ce qui explique qu’on les utilise depuis plus de 50 ans. Malgré cela, il est conseillé de les utiliser en mélange avec d’autres substances herbicides ».

En pratique, on n’utilise pas les auxines mais les « phénoxy », la variante synthétique des auxines. Ces substances sont plus stables. On peut les utiliser du mi-tallage au stade deux nœuds dans les céréales, on peut les utiliser dans les herbages, le maïs, les pois, la luzerne… par temps poussant, à une température d’au moins 12ºC et à une humidité relative de plus de 70 %.

Cirran et Buttress

La gamme de Nufarm comprend les produits Cirran et Buttress. Cirran contient les auxines synthétiques MCPA et 2,4-D. Le MCPA est absorbé par le feuillage et peut se répandre dans toute la plante. Le 2,4-D est stocké dans les méristèmes et est partiellement absorbé aussi par les racines, ce qui explique une bonne activité contre les adventices pérennes. Cirran se combine très bien avec d’autres herbicides comme Bofix ou Primstar.

Buttress peut être employé aussi bien en prairie qu’en cultures de légumineuses (luzerne, pois…). C’est un produit à base de 2,4-DB. En prairie, il peut être utilisé à la dose de 4 l/ha en combinaison avec du MCPA (0,5-0,75l/ha de U46M750, par exemple), de préférence sur jeune prairie, il a une bonne activité sur toutes les dicotylées annuelles. Si nécessaire, on le renforce par un moyen supplémentaire en cas de rumex. En luzerne, le désherbage peut se faire au printemps, mais on le conseille surtout en été et en automne, dès que la croissance a repris.

IDC et JF

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