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Lutte antigraminées au printemps :

un oeil sur les 7 substances actives clés

Lorsque les conditions climatiques seront à nouveau propices au développement de la culture mais aussi à celui des mauvaises herbes, il conviendra de vérifier l’efficacité des traitements effectués à l’automne (escourgeons et froments semés précocement) et, le cas échéant, réaliser un traitement de rattrapage adapté. Il devra également choisir un traitement pour la majorité des froments, non pulvérisés à l’automne.

Temps de lecture : 6 min

Chaque traitement doit être raisonné pour la parcelle en fonction de la flore adventice rencontrée. Les espèces présentes déterminent les substances actives à utiliser alors que le niveau d’infestation et le stade de développement modulent les doses à appliquer.

Par ailleurs, il faut attendre que la céréale ait atteint un stade de développement suffisant pour éviter tout effet phytotoxique. Cela suppose qu’elle ait bien supporté l’hiver, sans déchaussement et qu’elle soit en bon état sanitaire. Le froment doit avoir atteint le stade début tallage (21) : la première talle doit être visible !

Les céréales sont des graminées au même titre que le vulpin, le jouet du vent, la folle avoine, le ray-grass, le chiendent, etc. Logiquement, il est malaisé d’épargner les plantes cultivées et de détruire les mauvaises herbes quand les unes et les autres sont botaniquement proches.

C’est pourquoi, la lutte contre les graminées reste le problème majeur du désherbage des céréales. Les antigraminées de dernière génération sont d’ailleurs presque systématiquement associés à un phytoprotecteur (ou safener). Ces produits permettent à la céréale de métaboliser l’herbicide qui, sans cela, pourrait s’avérer phytotoxique.

Les sept substances actives clés

Il existe principalement 7 substances actives efficaces utilisables au printemps contre les graminées : le chlortoluron, le flupyrsulfuron, la propoxycarbazone, le mesosulfuron, le fenoxaprop, le pinoxaden et le pyroxsulam. Letableau ci-joint en décrit les principales caractéristiques. Ces molécules présentent un spectre antigraminées qui leur est propre.

Le chlortoluron et flupyrsulfuron présentent une efficacité intrinsèque vis-à-vis de certaines dicotylées et peuvent en outre être associées à une substance active antidicotylées en vue d’élargir le spectre, alors que le mesosulfuron est toujours associé à une autre molécule dans les produits commerciaux disponibles.

Comment choisir entre ces produits ?

Il faut tenir compte avant tout du stade de développement des graminées adventices. Si toutes les substances actives sont efficaces sur des vulpins faiblement développés, un manque d’efficacité du chlortoluron, de la propoxycarbazone et du flupyrsulfuron est à craindre sur des vulpins plus développés.

Le chlortoluron : actif contre les graminées et les dicotylées classiques, il présente aussi une activité secondaire sur d’autres adventices au stade cotylédonaire. De ce fait, il permet d’éliminer une bonne part des adventices les plus gênantes. Il doit être appliqué sur une culture ayant atteint le stade tallage (25) et sur des mauvaises herbes peu développées. Il devra être complété ou corrigé ultérieurement, en fonction des espèces d’adventices rencontrées et de leur développement.

Si des graminées trop développées pour le chlortoluron sont présentes, il est possible de l’associer à un antigraminées spécifique (fenoxaprop ou pinoxaden, par exemple) ou à un herbicide principalement antidicotylées mais ayant une action complémentaire sur les graminées (diflufenican, pendimethaline…). En présence de jouet du vent, le Bacara peut renforcer le chlortoluron. Pour élargir le spectre sur dicotylées, les molécules ne manquent pas : hormones, sulfonylurées ou bien PPOIs.

La propoxycarbazone : disponible dans l’Attribut, elle est efficace uniquement contre les graminées et les crucifères (capselle, sené, moutarde, tabouret des champs, repousses de colza…). Elle est particulièrement active sur le chiendent et les bromes. Du fait de son mode de pénétration principalement racinaire, elle peut agir tant en pré- qu’en postémergence des graminées. Toutefois, en postémergence (maximum tallage – 25 –), la pénétration dans les adventices sera souvent meilleure et, avec elle, l’efficacité. Il sera éventuellement nécessaire de compléter ou de corriger ce traitement ultérieurement en présence de dicotylées.

La propoxycarbazone est également disponible en association avec l’iodosulfuron, une substance active essentiellement antidicotylées, dans le Caliban Duo et le Caliban Top. Ce dernier contient en outre, de l’amidosulfuron, particulièrement efficace contre le gaillet.

Le flupyrsulfuron : son spectre d’action est comparable à celui du chlortoluron (graminées et dicotylées classiques mais pas les VVL). Il peut contrôler des mauvaises herbes en préémergence (de par son effet racinaire) ou en postémergence (de par son effet foliaire). Il est commercialisé seul (Lexus Solo), ou en association avec le metsulfuron (Lexus XPE) ou le thifensulfuron (Lexus Millenium). L’association avec le metsulfuron permet d’élargir le spectre sur les VVL tandis que l’adjonction de thifensulfuron étend le spectre aux VVL et au gaillet. Attention, la très courte rémanence du thifensulfuron limite son efficacité aux dicotylées présentes au moment de la pulvérisation.

Le flupyrsulfuron doit être appliqué sur une culture ayant atteint le stade tallage (21). Son efficacité est moins dépendante du stade de développement des adventices que celle du chlortoluron, ce qui permet une utilisation plus souple et la possibilité d’attendre des conditions (climatiques ou culturales) plus propices au traitement.

Le mesosulfuron : c’est actuellement l’antigraminées qui procur l’efficacité la plus intéressante, même sur des vulpins difficiles. Non disponible seul, il est associé à la propoxycarbazone dans le Sigma Flex, ce qui renforce son efficacité contre graminées. Comme il est peu efficace sur les dicotylées, il est associé à l’iodosulfuron dans d’autres spécialités commerciales comme l’Atlantis WG, le Cossack, le Pacifica et le Sigma Maxx, ce qui élargit le spectre aux dicotylées classiques et renforce l’efficacité sur jouet du vent. L’Alister, l’Othello et le Kalenkoa combinent, selon des ratios différents, le mesosulfuron, l’iodosulfuron et le diflufenican, ce qui permet d’étendre le spectre antidicotylées aux VVL.

D’autres produits arrivés récemment sur le marché complètent la gamme. Le Sigma Plus (= Sigma Supra), en plus du mesosulfuron et de l’iodosulfuron, renferme de l’amidosulfuron, très efficace contre le gaillet. Grâce à l’intégrtation de la thiencarbazone dans le Sigma Star et l’Archipel Star, le spectre antidicotylées s’étend, notamment aux VVL. Tous ces produits incluant du mesosulfuron devront être pulvérisés en mélange avec 1 l/ha de produit à base d’huile de colza estérifiée. Le mesosulfuron doit être appliqué sur une culture ayant atteint le stade tallage (21) et, en dépit de sa composante racinaire, sur des adventices déjà levées.

Le fenoxaprop et le pinoxaden : ces matières actives sont efficaces uniquement sur les graminées. Elles sont toujours associées à un phytoprotecteur qui aide la culture à détoxifier l’herbicide. Tout comme le mesosulfuron, elles sont capables de détruire des vulpins ayant atteint le stade redressement. En raison de leur mode de pénétration exclusivement foliaire, il ne faut les appliquer qu’en postémergence des adventices. En présence de dicotylées dans la parcelle, ce type de traitement devra obligatoirement être complété ou corrigé ultérieurement. Attention, le mélange de ces produits avec certains antidicotylées peut, par antagonisme, entraîner une baisse d’efficacité sur graminées.

Le pyroxsulam : il présente une efficacité contre vulpin et jouet du vent comparable à celle du mesosulfuron. Il contrôle en outre les véroniques, les pensées et d’autres dicotylées mais il est moins flexible. Son mode de pénétration est essentiellement foliaire. Il lui faudra donc attendre la présence des adventices pour être efficace. Toujours à appliquer avec une huile, il peut être appliqué dès le stade début tallage (21). Il sera nécessaire de le compléter par un antidicotylées adapté en présence de camomille ou de gaillet.

D’après le Livre Blanc

février 2018

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