surtout en avril.

Lors du déconfinement, les achats des ménages ont été moins dynamiques, mais supérieurs à l’an dernier sauf en laits conditionnés. Les ventes de crème, de beurre, de fromages et d’ultra-frais ont respectivement progressé de +16% , +10%, +14% et +6% dans les rayons en libre-service de la grande distribution.
Bond des produits de grande consommation
Les transformateurs laitiers européens ont en conséquence accru les fabrications de produits de grande consommation. En mars, les fabrications de laits conditionnés ont bondi de +8% par rapport à 2019, celles de laits fermentés de +6% et de beurre de +4%. Grâce à une ressource laitière plus abondante en mars comme au 1er trimestre, les transformateurs ont dans l’ensemble poursuivi la croissance des fabrications fromagères et la reprise des fabrications de poudres grasses (+10% au 1er trimestre).
Marché des fromages robustes
Le marché des fromages a évolué diversement selon leurs destinations. En Allemagne, le cours de l’emmental, fromage destiné au marché européen, a légèrement fléchi de 150 €/t en deux mois à 4.450 €/t en mai, retrouvant le niveau de l’an dernier à pareille époque. En revanche, le cours du gouda, plus sensible à la conjoncture internationale, a décroché de 440 €/t sur la même période (-8%) à 2.810 €/t, soit -7% par rapport à 2019. Aux États-Unis, le cours du cheddar a chuté de plus de 1.000 €/t en un mois, à 3.036 €/t en avril, avant de rebondir en mai à 3.515 €/t tiré par le déconfinement de plusieurs États et les achats publics. Les fabricants de cheddar et de mozzarelle ont subi la fermeture de la restauration commerciale dans de nombreux États, le premier débouché intérieur de fromages ingrédients pour la fabrication des pizzas et des hamburgers.
Le cours du cheddar au départ d’Océanie, exporté essentiellement vers l’Asie du Sud-est a mieux résisté : il a baissé de 9% en un mois à 3.730 €/t en mai, soit 13% sous son niveau de l’an dernier. Durant le confinement, la Nouvelle-Zélande a maintenu son activité commerciale, après avoir sensiblement accru ses exportations au 1er trimestre 2020. L’Australie a quant à elle maintenu ses exportations.
Le confinement a fortement freiné les exportations de l’UE-27 sur les pays-tiers en avril, déjà peu dynamiques au 1er trimestre. Sur quatre mois, elles ont reflué de 5% par rapport à 2019. Les ventes au Royaume-Uni, désormais considéré comme pays tiers, ont chuté de 29%, mais aussi celles au Japon de 3%. Elles ont aussi fortement chuté vers les États-Unis en avril. En revanche, les exportations vers les autres principales destinations (Suisse, Corées du Sud, Ukraine, Australie) sont restées positives sur 4 mois.
Malgré la fermeté de la consommation européenne, notamment en mars, les stocks de fromages ont significativement augmenté en mars de près de 20.000 t à 320.000 t fin mars. Par la suite, la crise du Covid-19 a perturbé les exportations sur pays tiers et encore étoffé les stocks des entreprises. En France et en Italie des volumes importants de fromages de garde dépourvus de débouchés pendant le confinement sont restés dans les fromageries.
Marché du beurre rétabli
Le marché du beurre a retrouvé l’équilibre qui prévalait avant la période de confinement.
Durant ce printemps, les fabrications européennes, probablement supérieures à celles de l’an dernier, semblent s’écouler sans difficulté majeure. D’une part le confinement de la plupart de la population européenne a stimulé l’utilisation de beurre par les ménages cloîtrés à leur domicile.
D’autre part la demande internationale est demeurée solide, d’autant que les fabricants européens ont bénéficié de la très bonne compétitivité de leurs fabrications sur la scène internationale. Le cours du beurre au départ d’Océanie a peu baissé depuis janvier. La Nouvelle-Zélande, confrontée à une collecte réduite, a privilégié les fabrications de poudres grasses. Avec des disponibilités limitées, elle a beaucoup moins exporté de beurre au 1er trimestre (-16%), même si elle a rétabli ses ventes en Chine.
A l’inverse, les exportations européennes (UE-27) de beurre ont rebondi de +35% sur 4 mois, malgré la chute des ventes de -19% au Royaume-Uni et le tassement des expéditions en avril, grâce à la forte hausse des expéditions à la Corée du Sud (+75%), aux Émirats Arabes Unis (+50%), et secondairement à la Chine (+11%).
Globalement, les échanges internationaux de beurre sont demeurés stables au 1er trimestre, malgré la reprise des expéditions européennes, du fait du tassement des exportations néo-zélandaises devenues moins compétitives faute de disponibilités.
Redressement du marché de la poudre maigre
La cotation Atla de la poudre maigre a rebondi de +380 €/t en 4 semaines, à 2.310 €/t en semaine 23. Elle est ainsi repassée au-dessus du niveau de l’an dernier à pareille époque. Ce retournement de conjoncture traduit la reprise des transactions, après une période d’incertitude, correspondant au confinement durant laquelle les utilisateurs, essentiellement des industriels, étaient attentistes faute de visibilité sur l’évolution de la demande et des marchés.
De plus, les disponibilités européennes sont probablement limitées. D’une part, les fabrications européennes de poudre maigre sont demeurées contenues, par le dynamisme des produits de consommation mais aussi des fabrications de poudres grasses. En mars, les fabrications européennes ont reculé de -5%par rapport à 2019, se situant ainsi très en-deçà du très haut niveau de 2018. De plus les stocks déjà très bas début 2020 ont encore sensiblement reculé, tombant fin mars à 105.000 t, soit 200.000 t de moins qu’un an auparavant.
Paradoxalement, les exportations européennes de poudre maigre ont rebondi en avril, retrouvant le bon niveau de 2019, après avoir fortement chuté au 1er trimestre 2020, de -24% par rapport à 2019, faute de telles disponibilités. L’UE-27 a fortement accru ses ventes à l’Algérie (+54% à 52.700 t sur 4 mois).
