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Quels produits et stratégies

contre les graminées ?

Un éclairage sur l’élimination des graminées dans les cultures

d’épeautre, froment, seigle et triticale.

Temps de lecture : 6 min

Une fois l’hiver terminé, les conditions climatiques redeviennent propices au développement de la culture mais aussi à celui des mauvaises herbes en favorisant leur développement ou en provoquant de nouvelles germinations. Rappelons que le choix du traitement doit être raisonné pour chaque parcelle en fonction de la flore adventice rencontrée. Les espèces présentes déterminent les substances actives à utiliser alors que le niveau d’infestation et le stade de développement modulent les doses à appliquer.

Il est indispensable que la céréale ait atteint un stade de développement suffisant pour éviter tout effet phytotoxique. Cela suppose qu’elle ait bien supporté l’hiver, sans déchaussement et qu’elle soit en bon état sanitaire. Le froment doit avoir atteint le stade début tallage (BBCH 21) : la première talle doit être visible !

Six substances actives…

Les épeautre, froment, seigle et triticale sont des graminées au même titre que le vulpin, le jouet du vent, la folle avoine, le ray-grass, le chiendent, etc. Logiquement, il est malaisé d’épargner les plantes cultivées et de détruire les mauvaises herbes quand les unes et les autres sont botaniquement proches. C’est pourquoi, la lutte contre les graminées reste le problème majeur du désherbage des céréales.

Les antigraminées de dernière génération sont d’ailleurs presque systématiquement associés à un phytoprotecteur (ou safener). Ces produits permettent à la céréale de métaboliser l’herbicide qui, sans cela, pourrait s’avérer phytotoxique.

Vu les conditions de ces dernières semaines, il y a de fortes chances que les adventices soient bien développées dans les premiers semis non traités durant l’automne.

Dans ce cas, il conviendrait de ne pas trop attendre et de préférer l’utilisation de produits à pénétration foliaire.

Il existe principalement 6 substances actives efficaces utilisables au printemps contre les graminées : le chlortoluron, la propoxycarbazone, le mesosulfuron, le fenoxaprop, le pinoxaden et le pyroxsulam. Le tableau ci-joint en décrit les principales caractéristiques.

Ces molécules présentent un spectre antigraminées qui leur est propre (davantage d’infos dans le Livre Blanc des Céréales). Le chlortoluron présente une efficacité intrinsèque vis-à-vis de certaines dicotylées et peut en outre être associé à une substance active antidicotylées en vue d’élargir le spectre, alors que le mesosulfuron est toujours associé à une autre molécule dans les produits commerciaux disponibles.

Si la flore adventice le nécessite, il faut veiller à compléter ces traitements avec un antidicotylées approprié.

… à choisir judicieusement !

Il faut tenir compte avant tout du stade de développement des graminées adventices. Si toutes les substances actives sont efficaces sur des vulpins faiblement développés, un manque d’efficacité du chlortoluron et de la propoxycarbazone est à craindre sur des vulpins plus développés.

Le chlortoluron

Cette substance active est efficace contre les graminées et les dicotylées classiques et présente une activité secondaire sur d’autres adventices au stade cotylédonaire. De ce fait, elle permet d’éliminer une bonne part des adventices les plus gênantes. Le chlortoluron doit être appliqué sur une culture ayant atteint le stade tallage (25) et sur des mauvaises herbes peu développées. Il devra être complété ou corrigé ultérieurement, en fonction des espèces d’adventices rencontrées et de leur développement.

Si des graminées trop développées pour cette molécule sont présentes, il est possible de l’associer à un antigraminées spécifique (fenoxaprop ou pinoxaden, par exemple) ou à un herbicide principalement antidicotylées mais ayant une action complémentaire sur les graminées (pendimethaline, diflufenican…). Pour élargir le spectre sur dicotylées, les molécules ne manquent pas : hormones, sulfonylurées ou bien PPOIs.

La propoxycarbazone

La propoxycarbazone, disponible dans l’Attribut, est efficace uniquement contre les graminées et les crucifères (capselle, sené, moutarde, tabouret des champs, repousses de colza…). Elle est particulièrement active sur le chiendent et les bromes.

Son mode de pénétration principalement racinaire lui permet d’agir tant en pré- qu’en postémergence des graminées. Toutefois, en post (max. BBCH 25), la pénétration dans les adventices sera souvent meilleure et, avec elle, l’efficacité. Il sera éventuellement nécessaire de compléter ou de corriger ce traitement ultérieurement en présence de dicotylées.

La propoxycarbazone est également disponible en association avec le mesosulfuron, substance active essentiellement antigraminées, dans le Sigma Flex.

Le mesosulfuron

Cet antigraminée est le plus intéressant, même sur des vulpins difficiles. Non disponible seul, il est associé à la propoxycarbazone dans le Sigma Flex, ce qui renforce son action contre les graminées. Comme il est peu efficace sur les dicotylées, il est associé à l’iodosulfuron dans le Sigma Maxx, ce qui élargit le spectre aux dicotylées classiques et renforce l’action sur le jouet du vent.

L’Othello et le Kalenkoa combinent, selon des ratios différents, le mesosulfuron, l’iodosulfuron et le diflufenican, ce qui permet d’étendre le spectre antidicotylées aux violettes, véroniques, lamiers (VVL).

D’autres produits arrivés récemment sur le marché complètent la gamme. Le Sigma Plus (= Sigma Supra), en plus du mesosulfuron et de l’iodosulfuron, renferme de l’amidosulfuron, très efficace contre le gaillet.

Grâce à l’intégration de la thiencarbazone dans le Sigma Star et l’Archipel Star, le spectre antidicotylées s’étend, notamment aux VVL.

Tous ces produits incluant du mesosulfuron devront être appliqués en mélange avec 1 l/ha de produit à base d’huile de colza estérifiée. A appliquer sur une culture ayant atteint le stade tallage et, en dépit de sa composante racinaire, sur des adventices déjà levées.

Le fenoxaprop et le pinoxaden

Ces matières actives sont efficaces uniquement sur les graminées, et toujours associées à un phytoprotecteur qui aide la culture à détoxifier l’herbicide. Tout comme le mesosulfuron, elles sont capables de détruire des vulpins ayant atteint le stade redressement.

En raison de leur mode de pénétration exclusivement foliaire, il ne faut les appliquer qu’en postémergence des adventices.En présence de dicotylées dans la parcelle, ce type de traitement devra obligatoirement être complété ou corrigé ultérieurement.

Le mélange de ces produits avec certains antidicotylées peut, par antagonisme, entraîner une baisse d’efficacité sur graminées.

Le pyroxsulam

Le pyroxsulam (Capri) présente une efficacité contre vulpin et jouet du vent comparable à celle du mesosulfuron. Il contrôle en outre les véroniques, les pensées et d’autres dicotylées mais il est moins flexible. Son mode de pénétration est essentiellement foliaire.

Toujours à pulvériser avec une huile, il peut être appliqué dès le stade début tallage.

Il sera nécessaire de le compléter par un antidicotylées adapté en présence de camomille ou de gaillet.

Dans certains produits comme le Capri Twin, le Broadway et le Capri Duo, le florasulam est intégré directement, ce qui élargit le spectre aux camomilles ou gaillets, notamment.

Le Rexade Trio combine le pyroxsulam, le florasulam et l’halauxifen, ce qui permet de renforcer l’action sur coquelicot et d’étendre le spectre aux lamiers et fumeterre. La dose d’emploi de ce produit ne permet pas un contrôle suffisant des graminées.

D’après François Henriet

, dans le Livre Blanc, février 2021

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