Et la production ne s’arrête pas là : en plus du fourrage, le pré-verger fournit à l’agriculteur des fruits qu’il peut valoriser, soit en vendant sa production sur pied, soit par la vente en circuit court, comme fruits de table, ou transformés en jus, sirop, confiture, cidre…
C’est d’ailleurs l’option choisie par Patrick Veracx et son fils Pierre, agriculteurs à Soignies, qui ont planté « Le verger du Sirieu ».
« Nous avons commencé classiquement par la vente de fruits de table et de jus de fruits. Le jus permet d’écouler les fruits, non commercialisables comme fruits de table du fait de leur aspect. Depuis 1 an, nous nous sommes lancés dans la production de cidre, cette transformation présente l’avantage de valoriser plus longtemps la production de l’année et de bénéficier de plus de temps pour l’écouler. Sur Soignies, nous sommes les seuls à proposer ce produit. »
Un cahier de charge facile à mettre en place
Le pré-verger est une variante de la Méthode Agro-environnementale et Climatique « Prairie de haute valeur biologique » (MC4).
Pour s’y engager, l’agriculteur doit faire appel à un conseiller de l’asbl Natagriwal qui visite le verger et vérifie si les conditions d’éligibilité sont respectées (aplat 1). Il doit également suivre certaines exigences reprises dans le cahier des charges, notamment en termes de gestion.
Voilà deux ans que Patrick et Pierre ont engagé leurs deux vergers en MC4. « Le cahier des charges est assez simple. Il nous impose d’exploiter la prairie sans la fertiliser. Cela passe également par l’ajout d’éléments favorables à la biodiversité.»
Nous avons, comme demandé, ajouté quelques nichoirs pour augmenter l’accueil des oiseaux, des hôtels à insectes et nous avons constitué deux tas de bois morts dans chaque verger avec les branches issues de l’entretien de l’hiver dernier. »
Un atout pour la biodiversité…
L’agriculteur et son bétail ne sont effectivement pas les seuls à bénéficier du pré-verger. La faune sauvage en tire aussi profit. Les oiseaux cavernicoles, comme les chevêches d’Athéna, trouvent refuge dans les cavités des troncs des vieux arbres fruitiers, les petits mammifères comme le lérot s’y plaisent et de nombreux insectes pollinisateurs viennent y faire le plein de nectar.
Les aménagements réalisés par l’agriculteur dans le cadre de son engagement dans la méthode pré-verger, viennent renforcer l’accueil naturel offert par le verger. Et Patrick et Pierre se mettent à espérer qu’« avec l’abandon de l’engrais, une diversité floristique sera favorisée. »
… et pour le paysage
Visuellement, le pré-verger structure et embellit l’environnement. « En plantant un verger, mon fils et moi souhaitions améliorer le cadre de vie autour de la ferme. Et personnellement, je souhaitais retrouver le verger de mon enfance qui avait malheureusement disparu. À toutes les saisons, il est magnifique, tous les passants le remarquent ! »
Prime de 450 euros/ha/an
Des aides à la plantation
Pour planter son nouveau verger en 2019, Patrick Veracx a fait appel aux subventions à la plantation de la Wallonie. En échange du respect de quelques conditions (aplat 2), il recevra 12 € par arbre fruitier hautes-tiges planté – revalorisé à 25 € depuis le 15 octobre 2020 –. « Nous avons planté ce nouveau verger dans les règles de l’art : comme nous n’avons plus de bétail sur la ferme, nous avons installé des cages à campagnols pour empêcher que les racines des jeunes arbres ne soient dévorées. Nous avons également placé un tuteur de qualité et une protection autour des arbres. ». Si le planteur fait appel à une entreprise spécialisée, les 25 € de la subvention sont multipliés par 1,5.
Pour compléter cette aide financière, un appui technique est également disponible via le guichet « Plantations » de l’asbl Natagriwal. Les conseillers « Plantations » se rendent sur le terrain pour informer les agriculteurs et les accompagner jusqu’au dépôt de leur demande de subvention.
Un projet qui se mûrit
Planter un verger, ça se prépare. La phase de réflexion autour de la conception ne doit certainement pas être négligée. Où l’implanter ? Dans quel type de sol ? Quel usage vais-je faire de mes fruits ? Comment seront-ils commercialisés ? Le verger sera-t-il pâturé ? La récente pénurie de plants d’arbres fruitiers qui touche la Wallonie impose également de s’y prendre à temps pour les commander, surtout si le nombre d’arbres est conséquent. En collaboration avec Diversifruits, l’asbl chargée, entre autres, de développer une filière de valorisation économique des fruits, Natagriwal a élaboré un calendrier type (tableau).
Avant de pouvoir récolter les premiers fruits, il est important de conduire correctement son verger. Pour ce faire, Patrick et Pierre se sont formés à l’entretien. Ils utilisent une élagueuse électrique avec une batterie placée sur le dos. « Pour entretenir le verger âgé de 20 ans et composé de 91 arbres sur 1 ha, on évalue le travail de la taille à 10 jours, chaque année, au mois de février. Pour un verger d’une telle ampleur, j’estime la perte à 1 ou 2 arbres par an qu’il faut remplacer. Et en cas de prairie pâturée, il est impératif d’assurer la protection des troncs et l’absence de branches accessibles au bétail, sans quoi de plus grandes pertes sont à prévoir. »
