Le budget de la Pac sera bien en baisse de 20%
Les agriculteurs pourront compter sur 300 milliards € de fonds européens dans le cadre du prochain budget pluriannuel de l’UE, selon une proposition présentée le 16 juillet par Ursula von der Leyen. Un montant en deçà de la Pac actuelle.

La commission a présenté, le 16 juillet, sa proposition de cadre financier pluriannuel (CFP) pour la période 2028-2034 qui se veut plus simple, plus flexible et « le plus ambitieux jamais proposé ».
Sur les 2.000 milliards € (Md€) de fonds qui constituent le prochain budget, en nette augmentation par rapport à 2021-2027, 302 Md€ seront directement fléchés vers les nouvelles aides au revenu des agriculteurs.
Cela représente une baisse d’environ 20 % par rapport à la période précédente (387 Md€, dont 270 Md€ pour les aides directes aux agriculteurs). Il reste difficile, pour l’heure, d’évaluer la perte financière réelle pour le secteur agricole, qui manifestait au même moment à Bruxelles, étant donné qu’une partie des outils ont été sortis de cette enveloppe, comme l’initiative Leader, le programme de distribution de lait, fruits et légumes à l’école ou Posei. La réserve agricole voit son financement doublé, à 6,3 Md€ pour la période. Enfin, la commission européenne prévoit un mécanisme qui ajusterait l’enveloppe de la Pac sur l’inflation.
« Une gifle pour le secteur »
La Fédération des jeunes agriculteurs (FJA) a exprimé sa ferme opposition à cette proposition. « C’est une gifle pour le secteur », a réagi de son côté le Boerenbond.
La FJA estime que cette annonce génère une « incertitude inacceptable » pour le secteur agricole européen, alors que celui-ci est confronté à des défis « plus nombreux et pressants que jamais ». Selon l’organisation, une telle réduction remettrait en cause « la souveraineté alimentaire de l’Union européenne, la capacité à garantir des prix justes pour les consommateurs et une rémunération équitable pour les producteurs ».
Qualifiant cette annonce de « signal particulièrement négatif » pour un secteur « déjà fragilisé par les crises », la fédération juge qu’un « engagement financier fort » est au contraire nécessaire pour préserver l’environnement et assurer la sécurité alimentaire ainsi que le renouvellement des générations.
La FJA appelle le parlement européen, « qui s’était déjà exprimé contre toute baisse du budget agricole », ainsi que le Conseil à rejeter cette proposition et à défendre une politique agricole européenne « ambitieuse, garante d’un avenir durable pour l’agriculture, les territoires ruraux et les citoyens européens ».
Déception des eurodéputés belges
Le libéral Benoît Cassart a regretté une baisse de 20 % du budget alloué à l’agriculture et son intégration dans un fonds unique. « Le projet de la commission européenne va amener à une renationalisation de la Pac et une perte d’unité au niveau européen », a-t-il mis en garde. Pour Yvan Verougstraete (Les Engagés, Renew), derrière la souplesse mise en avant par la commission européenne se cache le risque d’abandonner les agriculteurs.
« Si chaque pays finance ce qu’il veut, comme il veut, sans cadre commun fort, la Pac perdrait ce qui en fait une politique véritablement européenne. Elle deviendrait un simple outil de coordination, vidé de son ambition et de sa cohérence », selon l’eurodéputé et président des Engagés. Wouter Beke (CD&V, PPE) a salué la flexibilité permise par le budget, qui prévoit 400 milliards pour les futures crises, tout en mettant en garde : la facture ne doit pas être payée par les agriculteurs.
Chez les socialistes, Elio Di Rupo a jugé le budget proposé insuffisant pour répondre aux priorités affichées. Il s’est dit préoccupé par le risque de « désintégration progressive de l’Union » : « la logique des plans nationaux de réforme, conditionnant l’accès aux fonds européens à des réformes imposées, pourrait accentuer les écarts entre États membres. De même, l’avenir de la politique de cohésion reste flou, laissant craindre que certaines régions en difficulté soient laissées-pour-compte », a-t-il craint.
Du côté des écologistes, Sara Matthieu (Groen) a jugé « irresponsable » la disparition du programme Life, qui soutient des projets dans les domaines de l’environnement, du climat et de l’énergie. La proposition de budget omet également de financer la biodiversité, regrette-t-elle. Elle a toutefois salué la part de 35 % de dépenses dédiées aux objectifs climatiques et environnementaux, une augmentation par rapport au budget actuel. À l’extrême gauche, Marc Botenga (PTB) a dénoncé un budget « illégal, belliciste, antisocial ».