
Pouvez-vous me parler du parcours formatif du jour ?
L’intérêt était de suivre le parcours de l’eau, de partir du plateau agricole et urbain et de suivre cette eau qui a la particularité de couler en surface, comme tout le monde le voit le long des routes et des caniveaux. Mais elle pénètre aussi dans le sol à certains endroits bien précis. Le but est donc de dévoiler les dessous du parcours de l’eau, comme si on soulevait la carpette du sol pour voir ce qu’il y a en dessous. Il y a une roche qui a tendance à se dissoudre à certains points et à former des réseaux d’écoulement qui ensuite rejoignent les fameuses galeries, là où s’écoule le trésor de l’eau souterraine. L’objectif était donc d’essayer, tout en arpentant la zone, de voir ce qu’on voit d’habitude, mais aussi d’imaginer et de mieux percevoir ce qu’il y a sous le sol.
Le projet biosurveillance prévoit-il d’autres activités ?
Ce qui est plutôt dédié au grand public, c’est l’indicateur vers de terre. On a décidé d’utiliser cet indicateur biologique pour le sol car c’est une méthode que chacun peut reproduire chez soi. Il existe une méthodologie participative qui consiste simplement, avec une bêche, à aller dans son jardin, dans sa prairie, dans son bois, et compter le nombre de vers de terre que l’on y trouve. Ce qui était prévu ? Avoir un observatoire participatif des vers de terre en Wallonie ou autour de la zone de projet. Le contexte sanitaire est évidemment venu compliquer un peu le contact, mais on garde espoir. Les autres publics ? Des scientifiques. Ils pourraient éventuellement s’emparer des résultats à la fois sur le thème biosurveillance, et plus globalement sur les pesticides dans les trois compartiments : air, eau, sol.
Quelles sont les perspectives de la biosurveillance ?
Cette année, on veut comparer nos résultats de la vallée du Néblon avec des résultats d’un protocole scientifique exactement identique en Hesbaye, qui a une agriculture très différente, plus intensive, avec un bassin qui est essentiellement agricole. Ici, c’est assez forestier avec beaucoup de prairies. En Hesbaye, les cultures représentent presque 100 % de la surface. Notre perspective est donc d’avoir des points de comparaison pour vérifier la sensibilité de notre indicateur et de pouvoir éventuellement avoir un outil qui serait prédictif. Cet outil devrait au moins mettre en relation un signal d’alarme plus précoce dans l’air, l’eau et le sol avec la qualité de l’eau, qui peut prendre 20 ans à ressentir des faits qui se sont passés en surface.
On pourrait donc envisager ce type d’initiative sur d’autres zones et sols ?
C’est l’idée. Si on trouve une clé qui permet d’être un indicateur sensible tirant des sonnettes d’alarme avant que les captages ne soient impactés, le but serait de l’utiliser dans les zones qui sont potentiellement impactées par les pesticides.
