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Une idée qui coule de source

Dans le cadre du contrat captage du Néblon et du projet Biosurveillance, une formation pour les agriculteurs a eu lieu le 16 mars dernier. Grâce au soutien de la Société Publique de Gestion de l’Eau (SPGE) et à la collaboration de ses partenaires, un parcours formatif visant à aborder la géologie, l’hydrologie et les nombreux paysages de la région a été mis en place.

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Les objectifs de cette initiative sont multiples : reconnaître les forces et vulnérabilités d’un bassin karstique comme celui du Néblon et identifier techniquement les rapports avec les pratiques agricoles. Ainsi, ce projet constitue une réelle opportunité de valoriser la préservation de la ressource en eau par rapport à l’agriculture.

Marie Cors est scientifique, spécialisée dans la biosurveillance. Elle est également la coordinatrice du projet Biosurveillance et fait partie du réseau d’experts Eco Impact.

Comment est né le projet biosurveillance ?

Sa particularité ? Travailler à la fois dans l’air, dans l’eau et dans le sol. Ce projet est né car nos experts travaillaient séparément dans ces différents compartiments de l’environnement. Or, on sait que les polluants ne s’arrêtent pas à la frontière d’un compartiment. Ils passent de l’un à l’autre, il y a des interactions multiples. Dans le cadre de la protection d’un captage et quand on travaille à l’échelle d’un bassin-versant, c’est toujours utile de ne pas s’arrêter seulement à l’eau. Ce qui nous intéressait ici, c’était de combiner en se demandant comment des polluants passaient depuis l’air vers l’eau, depuis le sol vers l’eau, depuis l’air vers le sol… Ainsi, on peut observer toutes les dimensions de l’environnement. J’ai d’abord été frapper à quelques portes et pour apprendre que la SPGE faisait un appel à projets ! Voilà comment l’idée de cette recherche originale a fini par se concrétiser.

Pouvez-vous me parler du parcours formatif du jour ?

L’intérêt était de suivre le parcours de l’eau, de partir du plateau agricole et urbain et de suivre cette eau qui a la particularité de couler en surface, comme tout le monde le voit le long des routes et des caniveaux. Mais elle pénètre aussi dans le sol à certains endroits bien précis. Le but est donc de dévoiler les dessous du parcours de l’eau, comme si on soulevait la carpette du sol pour voir ce qu’il y a en dessous. Il y a une roche qui a tendance à se dissoudre à certains points et à former des réseaux d’écoulement qui ensuite rejoignent les fameuses galeries, là où s’écoule le trésor de l’eau souterraine. L’objectif était donc d’essayer, tout en arpentant la zone, de voir ce qu’on voit d’habitude, mais aussi d’imaginer et de mieux percevoir ce qu’il y a sous le sol.

Le projet biosurveillance prévoit-il d’autres activités ?

Ce qui est plutôt dédié au grand public, c’est l’indicateur vers de terre. On a décidé d’utiliser cet indicateur biologique pour le sol car c’est une méthode que chacun peut reproduire chez soi. Il existe une méthodologie participative qui consiste simplement, avec une bêche, à aller dans son jardin, dans sa prairie, dans son bois, et compter le nombre de vers de terre que l’on y trouve. Ce qui était prévu ? Avoir un observatoire participatif des vers de terre en Wallonie ou autour de la zone de projet. Le contexte sanitaire est évidemment venu compliquer un peu le contact, mais on garde espoir. Les autres publics ? Des scientifiques. Ils pourraient éventuellement s’emparer des résultats à la fois sur le thème biosurveillance, et plus globalement sur les pesticides dans les trois compartiments : air, eau, sol.

Quelles sont les perspectives de la biosurveillance ?

Cette année, on veut comparer nos résultats de la vallée du Néblon avec des résultats d’un protocole scientifique exactement identique en Hesbaye, qui a une agriculture très différente, plus intensive, avec un bassin qui est essentiellement agricole. Ici, c’est assez forestier avec beaucoup de prairies. En Hesbaye, les cultures représentent presque 100 % de la surface. Notre perspective est donc d’avoir des points de comparaison pour vérifier la sensibilité de notre indicateur et de pouvoir éventuellement avoir un outil qui serait prédictif. Cet outil devrait au moins mettre en relation un signal d’alarme plus précoce dans l’air, l’eau et le sol avec la qualité de l’eau, qui peut prendre 20 ans à ressentir des faits qui se sont passés en surface.

On pourrait donc envisager ce type d’initiative sur d’autres zones et sols ?

C’est l’idée. Si on trouve une clé qui permet d’être un indicateur sensible tirant des sonnettes d’alarme avant que les captages ne soient impactés, le but serait de l’utiliser dans les zones qui sont potentiellement impactées par les pesticides.

D’après Protect’eau

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