
Pas de suspense
Recherche de compromis, en vain
Procédure de comitologie
Dans le cas du vote en comité d’appel sur le glyphosate les dix-sept États membres qui se sont prononcés pour une réhomologation ne représentent que 41,7 % de la population européenne (les abstentionnistes, eux, 55,3 %). Seule l’opposition d’une majorité qualifiée des États membres peut bloquer l’adoption par la commission d’actes d’exécution.
Conformément à la législation de l’UE et en l’absence de la majorité requise dans un sens ou dans l’autre, la commission est obligée d’adopter une décision. Le règlement encadrant la procédure de comitologie précise que Bruxelles est libre d’adopter ou non l’acte proposé mais doit « tenir le plus grand compte » de l’avis du comité avant de prendre sa décision.
Un amendement ajouté à cette réglementation en 2017 (suite, notamment aux nombreux votes sans majorité qualifiée concernant les autorisations d’OGM) prévoit qu’en l’absence d’avis émis par le comité d’appel, « une nouvelle réunion du comité d’appel, au niveau ministériel » peut être organisée.
Dans ce cas, le comité d’appel émet son avis dans les trois mois à compter de la date de la saisine initiale. Ce n’est pas l’option qui a été retenue.
Passage en force
« Notre rôle est de faciliter un compromis. Nous avons fait tout notre possible mais aucun terrain d’entente n’a pu être trouvé, sur une durée d’autorisation plus courte par exemple », justifie un porte-parole de la commission européenne qui rappelle aussi le manque de temps dont elle disposait pour agir.
L’autorisation actuelle du glyphosate expire le 15 décembre. « Le moment venu il appartient à la Commission de jouer son rôle et de prendre ses responsabilités », ajoute-t-on à la commission européenne.
Pour le Copa-Cogeca, qui se félicite de la réautorisation, il n’existe de toute façon « actuellement pas d’alternative équivalente à cet herbicide, et sans lui, de nombreuses pratiques agricoles, notamment la conservation des sols, seraient rendues complexes, laissant les agriculteurs soit sans solution, soit avec des alternatives encore plus consommatrices d’herbicides ».
Mais pour le président de la commission de l’Environnement du parlement, Pascal Canfin c’est la présidente de la commission Ursula von der Leyen qui a décidé de « passer donc en force en réautorisant le glyphosate pendant dix ans sans aucune majorité et alors que les trois plus grandes puissances agricoles du continent (la France, l’Allemagne et l’Italie) n’ont pas soutenu cette proposition ». Et de préciser : « Je le regrette car il lui restait un mois pour faire une proposition plus équilibrée ».
Le bon équilibreLégalement, la commission européenne doit présenter exactement le même texte entre le premier vote en ScoPAFF et celui en comité d’appel. Mais dans les faits, elle peut travailler sur un compromis à soumettre au moment du vote, voire adopter après la réunion du comité d’appel (et en l’absence de majorité qualifiée) un règlement légèrement modifié par rapport au texte soumis au vote.
« Un bon équilibre » selon la commission
En 2017, lors de la précédente procédure d’autorisation du glyphosate, celui-ci n’avait été réhomologué que pour cinq ans alors que la commission avait initialement proposé une autorisation de dix ans avant de revoir ce délai à sept ans.
Une majorité qualifiée avait alors pu se dégager. Beaucoup imaginaient qu’il s’agissait de la dernière fois où le glyphosate serait autorisé dans l’UE. L’idée était en tout cas de laisser le temps à l’UE de mener une étude impact beaucoup plus approfondie.
Cette évaluation a pris un peu du retard, mais six ans après la commission estime avoir réalisé l’examen le plus poussé qui puisse être fait des risques liés à l’utilisation de l’herbicide. Elle estime donc qu’une réhomologation pour dix ans constitue un bon équilibre. Même sans majorité.
