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Le verger, un véritable trésor de biodiversité !

L’implantation d’un verger provoque l’introduction dans la parcelle de toute une population d’organismes utiles ou nuisibles qui n’y existaient pas auparavant. Quand et comment les dénombrer et les identifier se fait à différents moments de l’année, au fil des saisons. Cette activité permettra d’évaluer l’équilibre biologique du jardin fruitier.

Temps de lecture : 7 min

Qu’il s’agisse d’un milieu naturel ou encore d’une zone cultivée où des interventions humaines ont lieu à différents moments de l’année, le vaste concept de biodiversité est généralement mis en avant lorsque l’on en évoque la composition et la gestion. Une biodiversité aussi grande que possible est, en effet, un facteur important de l’équilibre naturel que l’on recherche au verger. À ce point de vue, un verger d’amateur se trouve dans une situation très différente d’un verger professionnel : parfois plus favorable et parfois moins.

Comme nous le verrons, un jardin fruitier, si petit soit-il peut, contribuer de manière non négligeable à la biodiversité d’une zone urbanisée.

Verger d’amateur… et professionnel

La composition de ces deux types de vergers diffère fondamentalement, puisque le premier est destiné à approvisionner la famille en une diversité de fruits de table et à usage culinaire, ou à transformer. Quant au verger professionnel, de surface beaucoup plus grande, il doit produire des lots beaucoup plus importants d’un nombre plus limité d’espèces et variétés qui répondent à la demande du commerce. L’étalement de l’offre dans le temps oblige à y recourir à des méthodes de conservation plus efficaces que celles des ménages.

En raison de leur plus grande diversité de composition, les vergers d’amateurs sont donc plus favorables à une biodiversité meilleure que les vergers professionnels.

Un peu de matériel… et des conseils avisés

L’outil de base qu’il faudra se procurer est une loupe de botaniste à grossissement de 10X. Il faudra aussi confectionner un filet destiné à recueillir, lors du frappage de la ramure, les diverses choses qui en tomberont : dimensions 30 x 30 cm, garni d’une toile blanche ou beige. S’y ajoutent un bâton solide (type « matraque » de 30 cm), des pots en verre ou en plastique à couvercle étanche pour recueillir les captures, un petit sécateur et un greffoir. Pour certaines captures spéciales, un petit filet à papillons, un burin et un marteau, voire une petite bêche.

Un carnet de notes et un petit appareil photographique numérique sont utiles afin de mémoriser les circonstances de la « chasse » : date, lieu, météo, déroulement… Comme les captures seront principalement des insectes, leur identification après retour « at-home » demande de recourir à une personne plus expérimentée et de se procurer un « bon » manuel, c’est-à-dire suffisamment complet.

Pour identifier les plantes, on trouvera plusieurs manuels suffisamment complets qui présentent la flore « basique ».

Le « parrainage » d’une personne expérimentée est utile, voire indispensable pour atteindre un niveau de connaissance suffisant pour éviter de se décourager en entrant dans des « voies sans issue » où l’on s’égare lors de l‘identification des captures. La même personne pourra indiquer les endroits où trouver des individus recherchés.

Un piège lumineux peut compléter les captures d’une chasse ambulante si on dispose d’une source d’électricité à proximité du verger, et de temps ! En effet, l’inventaire des captures d’une seule nuit peut prendre jusqu’à une demi-journée, et il doit se faire sans attendre qu’elles se dessèchent.

Une chasse ouverte en toutes saisons

Les êtres vivants qui sont recherchés ici ont un cycle naturel normal qui suit le déroulement du climat local. C’est au printemps que l’évolution de la nature est la plus intense, et qu’il faudra faire le plus d’observations en suivant la phénologie. Les observations les plus profitables se feront par temps sec, avec un ciel gris clair ; par temps ensoleillé, le contraste entre les zones éclairées et les zones ombragées est très fort, et il fatigue les yeux.

 L’observation hivernale : toutes les espèces

Elle peut se faire en plein hiver, à l’occasion de la taille d’hiver, lorsque les arbres sont dépourvus de feuillage et que la couverture herbacée du sol est bien visible.

 L’observation pré-florale

Elle se fait lorsque les boutons sont prêts à éclore, espèces par espèce, et même variété par variété dans certains cas. L’échelonnement des floraisons dans un verger peut s’étaler sur plus de six semaines.

 L‘observation florale

On choisira un moment où la majorité des fleurs sont épanouies, et où elles attirent différents insectes butineurs.

 L’observation post-florale

Elle a lieu lorsque tous les pétales sont tombés, et que le grossissement de l’ovaire des fleurs fécondées se manifeste. À ce moment, les fleurs non ou mal fécondées jaunissent puis se détachent.

 L’observation au stade « jeunes fruits »

Il faut observer au moment où les fruits ont approximativement la moitié de leur calibre final.

 L’observation à la récolte

Cette observation réalisée dans les arbres du verger clôture leur cycle annuel. S’il y a une haie ou d’autres plantations ligneuses ou herbacées (une bande fleurie, par exemple) à proximité immédiate, quelques observations à ce niveau peuvent donner une idée de leur richesse faunistique.

Les êtres vivants à rechercher

On recherchera les principaux auxiliaires, mais aussi les cryptogames, les insectes et les acariens (seuls les noms vernaculaires ont été indiqués, accompagnés de la période et des lieux de présence).

 Auxiliaires

Du côté des auxiliaires, on se focalisera sur les insectes butineurs (pendant la floraison), les coccinelles (de mars à octobre), Aphelinus mali (parasitant un puceron lanigère), les syrphes (d’avril à septembre) et les chrysopes (de mai à septembre).

On ciblera encore plusieurs punaises : anthocorides (de mai à septembre), orius (de mai à septembre, également) et mirides (de juin à septembre).

S’y ajoutent les forficules, ou perce-oreilles, de mars à septembre.

Il est encore possible d’aménager un parcours clôturé pour des poules.

 Maladies cryptogamiques des fruits à pépins

On ciblera premièrement la tavelure et l’oïdum, toutes deux sur le feuillage, de mai à octobre. S’y ajoutent, durant cette même période, l’entomosporiose, sur cognassiers, et la rouille grillagée, sur poiriers.

On recherchera la moniliose des fruits, de juin à octobre.

Enfin, le chancre du pommier pourra être identifié toute l’année, sur les rameaux.

 Acariens ravageurs des fruits à pépins

L’acarien rouge s’identifiera en hiver, par ses œufs, ou en été, sur le feuillage. L’acarien jaune se trouvera également en été, toujours sur le feuillage.

Le phytopte du poirier pourra être identifié du printemps à l’automne, sur le feuillage.

 Insectes ravageurs des fruits à pépins

Du côté des coléoptères, anthonome du pommier se trouvera en avril et mai, sur les fleurs. Le bupreste du poirier prendra place sur l’écorce.

Chez les lépidoptères, le carpocapse du pommier est présent de juin à septembre. Le capua du pommier, lui, gagne le verger en mai et août. Les mineuses du feuillage sont présentes d’avril à septembre. S’y ajoutent plusieurs tordeuses, à chercher sur le feuillage et les fruits, et les sésies et zeuzères, sur tronc et charpente.

Enfin, du côté des hémiptères, on retrouvera divers pucerons en hiver (œufs noirs) mais aussi à la belle saison (colonies). Le puceron lanigère sera présent de mai à septembre. Quant au psylle du poirier, il est au verger toute l’année.

 Maladies cryptogamiques des fruits à noyau

Trois maladies principales seront citées : la cloque du pêcher, d’avril à juillet ; la moniliose des fruits, de juin à octobre ; et la maladie du plomb, de mars à octobre.

 Insectes ravageurs des fruits à noyau

La mouche de la cerise est présente en juin et juillet, tandis que le carpocapse du prunier peut être identifié en juillet, août et septembre. Des œufs et colonies de pucerons divers trouveront aussi le gîte au verger.

Comment accroître la biodiversité du verger ?

Les initiatives qu’il est possible de prendre en vue d’augmenter la biodiversité du verger, mais aussi de l’ensemble du jardin, sont nombreuses et diverses. Souvent il a été fait mention de certaines d’entre elles occasionnellement dans des articles qui ne leur étaient pas spécialement consacrés. Rappelons-en ici quelques-unes, en se souvenant que des mesures qui peuvent paraître anodines sont parfois très efficaces.

 Dans le verger même :

– bandes fleuries de plantes vivaces : à faucher en fin de saison ;

– enherbement fauché haut ;

– ne pas utiliser d’insecticide à large spectre, ni de produits à effet secondaire insecticide ;

– introduire des auxiliaires lorsque le ravageur est présent : par exemple : acariens prédateurs, perce-oreilles, pucerons lanigères parasités…

 Dans les abords (et dans le verger) :

– nichoirs spécifiques pour différents auxiliaires : oiseaux insectivores, chauves-souris, rapaces… ;

– nichoirs polyvalents et hôtels à insectes ;

– bandes fleuries et enherbement fauché haut ;

– haies : un tiers à feuillage persistant et deux tiers à feuillage caduc, lierre et sureau porteur de pucerons gris… ;

– tas de branchages et de pierrailles ;

– pièce d’eau ou fossé inondé : contribue à l’équilibre naturel ;

– dans une zone résidentielle, plusieurs jardins contigus forment un réseau naturel plus diversifié et de surface plus grande.

La liste des initiatives à prendre est donnée à titre d’exemple ; elle n’est pas limitative.

Ir. André Sansdrap

Wépion

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