
Si le secteur a tiré parti de la crise sanitaire, qui a vu la consommation en produits bio connaître un véritable boom, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a, quant à elle, eu un tout autre effet sur ce pan de notre agriculture. L’inflation sévère, résultant de la guerre, a réduit drastiquement le pouvoir d’achat de nombreux Belges, qui font du prix leur premier critère de choix lorsqu’ils fréquentent les grandes surfaces ou autres magasins de proximité. Les produits bio, plus chers que leurs homologues conventionnels, en ont subi les conséquences… Et ce, malgré que l’écart de prix tende à s’atténuer, d’année en année.
L’inflation s’est aussi fait doublement ressentir dans les fermes. D’une part, elle a eu un impact considérable sur les coûts de production. À titre d’exemple, dans les exploitations de grandes cultures ou légumes bio, le désherbage s’est avéré être plus coûteux, qu’il soit mécanique (hausse des dépenses en carburant) ou manuel (augmentation du coût de la main-d’œuvre). D’autre part, le recul de la demande n’a pas incité les producteurs à s’engager davantage dans le bio.
Dans ce contexte, il ne faut pas se montrer béatement optimiste, ni trop pessimiste, pour citer le ministre wallon de l’Agriculture, Willy Borsus, commentant ces chiffres. Certains indicateurs sont, en effet, favorables. Côté production, plusieurs filières sont stables, voire en croissance. En matière de consommation, le taux de pénétration se maintient à un niveau très élevé : 98,4 % des ménages wallons ont acheté au minimum une fois un produit alimentaire bio au cours de l’année 2023. Par ailleurs, selon les retours du terrain, 2024 marquerait un retour à la croissance plutôt qu’une prolongation des tendances observées l’an dernier.
La filière bio a donc souffert ces derniers mois, mais ne s’essouffle pas pour autant. Même si les ambitieux objectifs fixés par l’Europe et la Région wallonne (respectivement 25 et 30 % de la surface agricole utile en bio à l’horizon 2030) semblent difficilement atteignables, elle s’apprête à se relever. Les mois à venir seront très probablement cruciaux pour les producteurs bio, pour autant qu’ils soient soutenus par les consommateurs, mais aussi par les pouvoirs publics, en matière de promotion, de recherches scientifiques et d’accompagnement.
