Accueil Archive

Trébucher… et se relever

Temps de lecture : 3 min

Alors que certains s’attendaient à voir la filière bio s’écrouler en 2023, les chiffres récemment dévoilés par Biowallonie (à lire en pages 6 et 7) et l’Observatoire de la consommation (à découvrir en pages 8 et 9) montrent que celle-ci trébuche, mais sans véritablement se faire mal. Par rapport à 2022, seules dix fermes adoptant ce mode de production ont disparu. La surface dédiée au bio recule de 1,2 %, soit 1.151 ha, ce qui n’est en rien alarmant, pour l’instant.

Si le secteur a tiré parti de la crise sanitaire, qui a vu la consommation en produits bio connaître un véritable boom, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a, quant à elle, eu un tout autre effet sur ce pan de notre agriculture. L’inflation sévère, résultant de la guerre, a réduit drastiquement le pouvoir d’achat de nombreux Belges, qui font du prix leur premier critère de choix lorsqu’ils fréquentent les grandes surfaces ou autres magasins de proximité. Les produits bio, plus chers que leurs homologues conventionnels, en ont subi les conséquences… Et ce, malgré que l’écart de prix tende à s’atténuer, d’année en année.

L’inflation s’est aussi fait doublement ressentir dans les fermes. D’une part, elle a eu un impact considérable sur les coûts de production. À titre d’exemple, dans les exploitations de grandes cultures ou légumes bio, le désherbage s’est avéré être plus coûteux, qu’il soit mécanique (hausse des dépenses en carburant) ou manuel (augmentation du coût de la main-d’œuvre). D’autre part, le recul de la demande n’a pas incité les producteurs à s’engager davantage dans le bio.

Dans ce contexte, il ne faut pas se montrer béatement optimiste, ni trop pessimiste, pour citer le ministre wallon de l’Agriculture, Willy Borsus, commentant ces chiffres. Certains indicateurs sont, en effet, favorables. Côté production, plusieurs filières sont stables, voire en croissance. En matière de consommation, le taux de pénétration se maintient à un niveau très élevé : 98,4 % des ménages wallons ont acheté au minimum une fois un produit alimentaire bio au cours de l’année 2023. Par ailleurs, selon les retours du terrain, 2024 marquerait un retour à la croissance plutôt qu’une prolongation des tendances observées l’an dernier.

La filière bio a donc souffert ces derniers mois, mais ne s’essouffle pas pour autant. Même si les ambitieux objectifs fixés par l’Europe et la Région wallonne (respectivement 25 et 30 % de la surface agricole utile en bio à l’horizon 2030) semblent difficilement atteignables, elle s’apprête à se relever. Les mois à venir seront très probablement cruciaux pour les producteurs bio, pour autant qu’ils soient soutenus par les consommateurs, mais aussi par les pouvoirs publics, en matière de promotion, de recherches scientifiques et d’accompagnement.

Jérémy Vandegoor

La Une

Les abeilles belges plus que jamais en danger

Economie À l’occasion de la Journée mondiale des abeilles, le 20 mai dernier, l’Afsca tire la sonnette d’alarme : la mortalité des abeilles en Belgique connaît une hausse préoccupante pour la troisième année consécutive. Selon les dernières données issues d’une vaste enquête menée auprès des apiculteurs entre l’automne 2023 et l’été 2024, près d’un tiers des colonies (31,2 %) n’ont pas survécu.
Voir plus d'articles
Le choix des lecteurs