de la théorie à la pratique
activités de production maraîchère afin de garantir autant que possible un
approvisionnement correct pour la
clientèle. Pour les maraîchers installés de longue date, l’organisation du travail s’est affinée d’année en année. Il reste à tenter de s’adapter aux contraintes météo… Ce n’est pas simple malgré l’expérience
professionnelle. Nous venons de connaître plusieurs étés chauds très peu arrosés de précipitations. Au contraire, les quinze derniers mois ont battu ou égalés les records historiques de pluies.

Nous nous doutons bien qu’un calendrier prévisionnel de production reste théorique. De nombreux facteurs pédoclimatiques et la météo de l’année l’influenceront fortement.
Les conditions pédoclimatiques
Les différences de précocité et de vitesse de développement des légumes peuvent tenir à des facteurs mesurables comme la température et l’humidité du sol. Pour la croissance et le rendement, la disponibilité en éléments minéraux peut être insuffisante pour certains d’entre eux. Les analyses de sol permettent donc de construire les corrections nécessaires. Par rapport à un calendrier théorique, des différences sous-régionales et locales se manifestent et sont explicables.
Le travail sur ados et le drainage sont deux techniques qui permettent de s’adapter aux situations où le drainage naturel des sols est insuffisant. Par ailleurs, ces démarches visent à accéder plus rapidement aux parcelles de plein air au printemps et à récolter dans de meilleures conditions en automne.
S’adapter aux aléas météorologiques
La météo moyenne de l’année nous donne des indications intéressantes. Toutefois, ce sont, en réalité, les juxtapositions de périodes de croissance des plantes ou de stagnation qui comptent pour le maraîcher. C’est intéressant de savoir que la pluviosité de l’année en cours est un peu plus élevée ou faible que la moyenne des trente dernières années. Mais, c’est la bonne répartition des pluies durant la période de croissance qui déterminera l’homogénéité des croissances et le développement des cultures.
Les moyens correctifs fonciers tels que le drainage ou la construction d’abris, ainsi que les mesures culturales comme l’irrigation et l’emploi de voiles et bâches permettent de gommer une partie des manques et excès de facteurs de croissance.
Dans la majorité des fermes maraîchères, ce sont les surfaces couvertes des serres qui permettent de régler et de s’adapter aux contraintes météorologiques.
Ensuite, peut-on dire que la nature corrige ses excès ? Si cela se vérifie parfois, ce n’est pas systématique. En réalité, les périodes météorologiques se succèdent et leurs excès s’atténuent partiellement. Néanmoins, une période durant laquelle la photosynthèse est affaiblie par l’insuffisance d’un des facteurs de croissance est une cause de retard. Les méthodes correctives appliquées durant cette période compensent ce déficit.
La réaction est très différente de celle des producteurs de grandes cultures pour lesquelles les échéances butoirs de récoltes ne sont pas nécessairement liées à une date précise, du moins pour certaines cultures non contractées.
Le choix variétal
Les catalogues professionnels proposent des variétés dont les indices de précocité sont bien précisés. Le choix variétal permet d’adapter partiellement le calendrier théorique aux conditions locales et à élargir les possibilités d’offres de légumes.
Un élément important est la durée de la période idéale de récolte. Lorsque celle-ci est étalée, des petits décalages dans le temps suite à la météo de l’année seront facilement autorisés. Au contraire, certaines variétés possèdent un moment de récolte idéal court avec la conséquence de rater certaines périodes de livraison.
Les sélections sont des populations, leur période de récolte est souvent plus large dans les dates.
De plus, attention concernant les semences professionnelles, elles ne sont pas disponibles à tout moment, mieux vaut commander tôt.
Pour les plants, il faut tenir compte de la période nécessaire à l’élevage chez le producteur. Ce n’est pas un simple achat, c’est un partenariat permettant d’accorder les deux entreprises et de planifier au mieux les livraisons pour en réduire les coûts.
Les outils pour s’organiser au mieux
Les tableaux sur papier sont remplacés de plus en plus souvent par des tableurs informatisés. Il en existe sur le marché, surtout intéressants pour les grosses unités de production. Pour les petites fermes maraîchères, le support en papier ou le tableau classique à remplir soi-même conviennent. De toute façon, des adaptations sont nécessaires en fonction de chaque structure.
Plusieurs situations évoluent en parallèle : le plein air et le tunnel maraîcher ou la serre froide.
Pour une culture donnée, nous pouvons avoir une idée de l’époque de semis, de plantation et de récolte. Le tableau sera dimensionné pour l’année complète et se prolongera sur les premiers mois de l’année suivante. Cette façon de faire permet rapidement de connaître les espaces encore disponibles sur les parcelles. Les zones libres pourront accueillir une culture supplémentaire, être travaillée en jachère noire pour réduire le stock de semences d’adventices, ou occupée par des engrais verts, ou encore par des fourrages selon les autres productions de la ferme.
Le calendrier met en évidence le gain de temps d’occupation du sol lorsqu’une culture est repiquée par rapport à un semis direct.
Le maraîcher peut corriger son propre calendrier au fil des saisons pour refléter au mieux ses propres conditions de culture.
Le coût d’une culture ratée
Les maraîchers en installation ont des difficultés à établir leur calendrier de production. Celui-ci est en lien direct avec les capacités à produire et les possibilités d’écoulement vers la vente.
Gardons bien en mémoire qu’une culture qui ne pourra pas être suivie correctement ou qui ne trouvera pas de débouchés coûte et ne rapporte pas. Les investissements en intrants et en temps sont perdus, ils grèveront le revenu de la ferme.
Les aspects humains
N’oublions pas que le maraîcher établi son calendrier de travail sur une base théorique. Mais tout ne va pas nécessairement se dérouler comme prévu sur papier. C’est même rarement le cas…
Il est, dès lors, nécessaire de prévoir des espaces de temps de travail suffisamment larges et avec un pourcentage de sécurité.
Il faut pouvoir être capable de s’accorder une pause de temps à autre, quitte à s’en passer lors de jours particulièrement difficiles ou en cas de panne ou d’un retard quelconque de livraisons d’intrants.
Dans le rythme de la semaine, un temps de pause d’une journée n’est pas perdu, même lors de périodes de travail intense.
