en engraissant des porcs sur paille !
l’abattoir, et de la commercialisation
auprès des artisans bouchers. Un service
« clé en main » qui a séduit la ferme
Malfalise. Spécialisée en grandes cultures, la famille Tavernel se charge d’engraisser 200 cochons, qui prennent désormais place dans les anciennes étables.
Une nouvelle source de revenu sans réaliser de gros investissements
Quotidiennement, le jeune agriculteur s’occupe des bêtes. Il compte à peu près une heure pour tout réaliser. « Je les surveille. Les trémies sont, elles, automatisées. Il faut aussi une journée pour le nettoyage et le curage complet, et une heure par week-end pour le chargement des animaux », raconte-t-il sous l’œil attentif de son papa, Édouard. Ce dernier n’est pas vraiment novice en la matière. Les porcs, il en avait déjà avec son père. Toutefois, à l’époque, c’était bien différent… Il prenait en charge tout le cycle, de la naissance à l’engraissement, pour finir par la vente au boucher. « Par manque de main-d’œuvre, nous ne l’avons plus fait… », confie-t-il.
Toutefois, si « Porc sur paille » pourrait lui rappeler des souvenirs, cette filière leur permet d’alléger considérablement le travail. « À présent, je suis juste responsable de l’engraissement. Jean-Philippe gère tout le circuit. Une réelle facilité ! ».
Bref, que du bonus. D’autant plus que grâce à cette nouvelle spécialité, la ferme peut bénéficier d’une nouvelle source de revenu. L’engraisseur est ainsi payé au porc sortant. Si le taux moyen de mortalité est d’une bête sur 80, 40 animaux partent chaque mois du site pour être abattus. En déduisant les charges, cela leur permet de dégager mensuellement environ 500 €.
« Nous rachetons l’ensemble du lot. J’ai calculé mon prix de vente de carcasse pour pouvoir tout payer : les porcelets, les aliments, le travail de l’engraisseur, les frais vétérinaires éventuels… », indique Jean-Philippe Falque, responsable de « Porc sur paille ».
Par ailleurs, avec l’élevage porcin, rien ne se perd puisque le fumier est utilisé pour fertiliser les cultures de la ferme. À ce propos, selon le coordinateur de la filière et ingénieur industriel en agronomie, il s’agit presque d’un fumier composté car les animaux retournent et oxygènent la paille. « Ce qui est intéressant d’un point de vue environnemental car l’azote organique qu’il contient se minéralise moins rapidement. Il y a donc moins de risque au niveau des nappes phréatiques ».
Trois valeurs fondamentales
La ferme de Malfalise n’est pas la première à avoir été conquise par la filière. Il faut bien avouer que ce concept, et ses trois valeurs fondamentales, ont de quoi en séduire plus d’un.
Enfin, grâce à « Porc sur paille », l’ingénieur poursuit l’objectif de travailler en circuit court, en ne collaborant qu’avec des artisans bouchers, eux aussi, en perte de vitesse.
Les dix bougies de la filière
Cette année, « Porc sur paille » souffle ses dix bougies. Des années ponctuées de succès, comme lors de la période du Covid avec l’essor du circuit court, mais aussi de difficultés (voir ci-dessous). Une belle histoire qui s’est écrite grâce à Jean-Philippe Falque. Tout débute avec son travail dans la firme d’alimentation Debaillie, basée à Roulers. « En commençant, j’ai notamment hérité d’une clientèle spécialisée en engraissement de porcs sur paille. J’ai tout de suite été séduit par l’idée de pouvoir faire du cochon dans les fermes sans que cela représente d’énormes investissements. Avant, les éleveurs fonctionnaient souvent en ronde d’été. Lorsque les vaches partaient en prairie, les étables vides étaient utilisées pour mettre ces animaux ».
Toutefois, en 2015, le secteur fait face à une nouvelle crise financière. Face à cette difficulté, l’avenir de ces animaux avec cette conduite d’élevage était en danger. « Ce sont des cochons sportifs, ils bougent. Dès lors, forcément, ils mangent plus et reviennent plus cher à produire ».
Finalement, en accord avec sa direction, il décide de lancer la filière. Des animaux nourris avec la nourriture de la firme, composée à 80 % de céréales. Quant au soja, même si l’entreprise n’a pas trouvé le moyen de s’en affranchir, elle travaille avec du « soja responsable ».
De quoi permettre aux bêtes de se développer de manière optimale, tout en profitant allègrement de la paille mise à leur disposition, pour le plus grand bonheur de la famille Tavernel.
