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Au potager, le bêchage comme le non-bêchage se préparent en automne

Après l’été très sec et les pluies automnales, les terrains sont de nouveau assez faciles à travailler. Les bêchages et les décompactions peuvent être réalisés. Les conditions hivernales par alternance de froid et de dégel permettent la mise en place d’une bonne structure de sol. Tant que les sols sont bien ressuyés, nous pouvons agir.

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Selon les circonstances, nous choisirons le bêchage ou, au contraire, la simple décompaction sans retournement du sol, le non-bêchage. Sans tomber dans des excès allant jusqu’à bannir tout usage de la houe ou de la bêche, essayons de discerner les avantages et les limites du non-bêchage. Focalisons-nous sur les travaux à mener en cette fin de saison automnale.

Différentes façons de ne pas bêcher

La surface occupée par les légumes encore en place diminue chaque semaine. Sur la surface ainsi libérée, nous pouvons adopter différentes méthodes, avec ou sans bêchage.

Laisser la terre et les apports végétaux en place

La plus simple est de ne rien faire. Les débris végétaux sont laissés sur place. Les plantes sauvages restent en place également et se développent ou pas selon les rigueurs de l’hiver et leur sensibilité spécifique. Au printemps, ces débris et végétaux présents seront laissé en place ou enfouis très superficiellement par de légers travaux à quelques mm de profondeur. Seuls les potagers avec très peu de plantes adventices sont concernées par cette méthode.

Pour les jardins à forte présence de plantes sauvages, il est déconseillé de travailler de cette manière. En cas de présence de plantes comme le chiendent, les liserons ou les prêles, le retournement du sol avec une fourche bêche permet d’extirper une grande partie des racines et rhizomes et diminuer d’autant le travail d’entretien lors des années suivantes.

Travailler très superficiellement

On peut éventuellement choisir de travailler très superficiellement le sol pour incorporer les matières végétales sous quelques mm de terre. Mais cela doit se faire uniquement en excellentes conditions. Il faut que le sol soit bien ressuyé. Sinon nous dégradons la structure du sol au détriment des échanges d’air entre le sol et l’atmosphère et donc au détriment de la vie dans le sol. Actuellement, les sols sont bien ressuyés et nous sommes en de bonnes conditions pour réaliser ce type de travail.

Pailler

Un paillage d’automne présente indéniablement des avantages. Il permet de recouvrir les débris en place et les adventices présentes et de favoriser leur décomposition pour enrichir le sol. Les apports peuvent facilement se faire depuis des sentiers ou passages aménagés pour la circonstance, sans être obligés de marcher sur le sol humide, sans risquer de le compacter.

Une couche de compost mixte convient parfaitement. Les matières déjà bien compostées s’incorporeront au sol par gravité et surtout par l’action de transport par les animaux du sol. Les matières moins évoluées en terme de compostage resteront en surface. Elles pourront être rassemblées au printemps et retourner au tas de compostage.

Le sol est protégé. L’eau de pluie et de la fonte de neige pénètre dans le sol sans obstacle. La température du sol peut être légèrement supérieure à celle d’un sol non paillé. C’est favorable pour la vie dans le sol.

Au printemps, un sol paillé sèche moins vite qu’un sol non-paillé. Pour permettre les tous premiers semis et les toutes premières plantations, il peut être intéressant de retirer le paillage quelques jours avant ces nouvelles implantations. L’évaporation d’eau et le séchage par le soleil y seront facilités.

Nous pouvons aussi pailler directement avec des feuilles provenant de notre jardin. Mais un bref compostage les rendra moins sensibles aux envols par les effets du vent.

Cette méthode convient bien pour des potagers ayant déjà une excellente structure de sol.

Le broyat de branchettes seul protége le sol des effets de la pluie. Il peut rester tout l'hiver  et sera ensuite évacué au printemps en vue d'être composté avec des matières plus riches  en azote, comme les tontes de pelouses par exemple.
Le broyat de branchettes seul protége le sol des effets de la pluie. Il peut rester tout l'hiver et sera ensuite évacué au printemps en vue d'être composté avec des matières plus riches en azote, comme les tontes de pelouses par exemple.

Que se passe t-il sous le paillage ?

Les vers de terre, notamment, vont jouer un rôle essentiel dans la création d’une perméabilité verticale grâce aux traces laissées par leur passage. Ils sont aussi des agents actifs dans la formation du complexe argilo-humique et la stabilité de la structure du sol.

Une des difficultés rencontrée dans nos conditions climatiques belges est la tendance au tassement et à la compaction. Le jardinier se gardera d’aggraver cela en ne marchant jamais sur les espaces cultivés. Il aménage donc son jardin en zones cultivées et en zones de passages. Cela peut être des bandes cultivées séparées par des sentiers d’accès. Mais la créativité est de mise pour les formes et agencements les plus variés.

Pour réaliser les plantations ou les semis, le jardinier écarte localement le mulch de surface pour disposer les plants ou les graines. Le seul travail du sol est un éventuel griffage très léger de surface pour disposer d’un peu de terre fine au moment du semis.

Comme la matière organique de surface est dégradée par les organismes du sol, nous devons prévoir de nouveaux apports réguliers, chaque année.

Les avantages du paillage d’automne

Le mulch de surface protège très bien le sol des effets érosifs des pluies violentes ou importantes. Il empêche également l’érosion et les ruissellements.

L’humification des matières organiques végétales exige de l’oxygène, une bonne aération. Comme les matières végétales restent en surface du sol, l’aération est très bien assurée. La formation de l’humus peut se dérouler en bonnes conditions.

La couche de surface est un tampon thermique, un isolant. Elle limite les variations de température entre la nuit et le jour et adoucit progressivement les variations saisonnières.

Une bonne épaisseur de la couche de surface permet de maîtriser le développement de certaines plantes adventices.

Les limites de la technique de non-bêchage

Le paillage réalisé au départ de matériaux collectés dans le jardin permet une certaine autonomie par rapport aux matières organiques. Si nous devons acquérir ces matériaux à l’extérieur, la question de l’équilibre sur le long terme se pose.

La fraîcheur sous le mulch est favorable à la multiplication des limaces, escargots et campagnols. De plus, ce paillage protège ces ravageurs des attaques par les oiseaux et d’autres prédateurs.

Les campagnols devront être surveillés également pour éviter que des colonies ne deviennent envahissantes.

Les plantes sauvages persistantes sont favorisées par l’absence de travail du sol profond et l’absence d’extirpage. La présence de chiendent, de liserons, de chardons ou de prêles incite à veiller à réduire ou mieux à éliminer leur présence dans le potager. Cela passe par l’élimination des racines et rhizomes. Ce ne sera que par la suite que nous pourrons envisager une culture sans bêchage.

Chaque année, nous pouvons apporter un complément à ce paillage pour compenser ce qui a été décomposé lors des derniers mois.

D’autre part, nous sommes amenés à dégager les lignes de semis de nos légumes pour permettre leur installation ; les graines d’adventices voisines profitent également de ce dégagement de lumière.

Les techniques de désherbage sont différentes de celles employées sans couverture végétale de surface. L’emploi de rasettes est réduit. Les adventices gênantes seront arrachées avant qu’elles n’aient pu produire un nouveau stock de semences.

Les feuilles tombées fraîchement peuvent servir de paillage pour le potager. Un séjour de quelques jour  en compostage limitera les risques d'envols sous l'effet du vent.
Les feuilles tombées fraîchement peuvent servir de paillage pour le potager. Un séjour de quelques jour en compostage limitera les risques d'envols sous l'effet du vent.

Et le bêchage classique ?

Lors de la mise en place d’un potager, un travail du sol en profondeur est souvent préférable. Ce sera le cas après des travaux d’aménagement du jardin, après le retournement de terrains en friche. Ce sera aussi le cas si le sol est très compacté.

Déjà évoqué plus haut, la maîtrise des chiendents, liserons et prêles est compliquée. En extirpant leurs rhizomes et racines, nous résolvons une bonne part de la question. L’emploi d’une fourche-bêche convient bien pour ce travail. Les rhizomes et racines seront laissées à se dessécher en surface (sur une aire de pelouse, par exemple). Nous ne les ajoutons certainement pas au tas de compost.

F.

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