Accueil Potager

Comment épargner les arrosages en été?

Dans notre pays, les précipitations sont généralement bien réparties à l’échelle annuelle. Mais, il n’est pas rare qu’une période sèche se prolonge plusieurs semaines durant. Dans ce cas, il convient de réaliser les apports en eau qui répondra aux besoins des cultures potagères mais il est aussi possible d’intervenir en amont en adoptant des techniques permettant de réaliser de précieuses économies en eau.

Temps de lecture : 6 min

De manière rationnelle, pour que la plante puisse germer, croître et se développer, l’apport d’eau est indispensable. Heureusement, en Belgique, les périodes prolongées de sécheresse sont rarement très longues. De plus, les précipitations annuelles dépassent les besoins des végétaux. Par conséquent, la percolation de l’eau de pluie approvisionne les nappes souterraines.

Mais lors des six dernières années, trois d’entre elles furent marquées par des longues périodes presque sans pluie.

Objectiver les précipitations sur le jardin

Un jardinier peut évaluer les besoins en eaux de ses cultures. Les services météo signalent les précipitations mesurées dans les stations de leur réseau. Mais de fortes variations peuvent être constatées, surtout lors d’orages. Idéalement, le jardinier mesure et note les quantités tombées dans son jardin.

Quelle quantité d’eau apporter à chaque arrosage ?

Il faut distinguer le cas des semis en conditions sèches, le cas de la plantation de plantules nues ou en mottes et, enfin, le cas de légumes en croissance et développement.

Pour les semis en conditions sèches, il faut que le contact entre la graine et le sol soit franc mais aussi que le sol soit suffisamment humide pour permettre l’hydratation des graines. Et ce, durant toute la période de germination. Pour des chicorées qui lèvent en cinq jours, ce sera plus facile que pour des carottes qui lèvent en trois semaines.

Les arrosages sont destinés à mouiller correctement 4 à 5 cm de sol, par des passages fréquents et sans interruption longue. En période de fort ensoleillement et de vent desséchant, les apports seront de l’ordre de 4 à 5 l/m² et par jour. En période plus calme, on visera environ 2 l/m² et par jour.

Par ailleurs, la pose d’un voile de forçage réduit l’effet desséchant du vent tout en permettant les arrosages.

Pour les plantations de plants aux racines nues ou en motte, les arrosages doivent d’abord faciliter le contact intime entre les racines présentes et le sol. L’arrosage au goulot dans le fond du trou de plantation et une seconde fois immédiatement après la plantation joue ce rôle.

Les laitues ou les chicorées (frisées, scaroles, ...)  développent un enracinement pivotant capable  d'explorer le sol en profondeur et d'en capter l'eau.  Le repiquage brise cette racine, l'enracinement  reste alors plus superficiel.
Les laitues ou les chicorées (frisées, scaroles, ...) développent un enracinement pivotant capable d'explorer le sol en profondeur et d'en capter l'eau. Le repiquage brise cette racine, l'enracinement reste alors plus superficiel. - F.

Par la suite, les arrosages seront des bassinages jusqu’à la reprise (soit une dizaine de jours). En pratique, ils consisteront à maintenir une humidité sur et autour de la plante pour éviter qu’elle ne se déshydrate. Par la même opération, la partie supérieure du sol reste humide également.

Enfin, n’oublions pas de praliner les plants aux racines nues pour favoriser le contact racines/terre.

Pour les légumes en croissance et en développement, les arrosages sont destinés à apporter une humidité suffisante au sol sur une profondeur correspondant à la profondeur de l’enracinement. Nous essayerons de mouiller le sol sur une profondeur d’une trentaine de centimètres.

Si la météo demeure sèche, nous recommencerons à arroser de la même façon après une dizaine de jours. Si la pluie revient, le principe est le même ; les arrosages se feront naturellement.

Économiser l’eau en réduisant sa consommation

Plusieurs pratiques permettent d’économiser les besoins en apports complémentaires d’eau.

Le paillage

Comme son nom l’indique, le paillage est constitué de paille… Mais cela peut aussi être d’autres matériaux dont nous disposons facilement dans le potager ou à proximité. Des tontes de pelouse, des feuilles d’arbres ou encore du compost peuvent être déposés en couche mince au-dessus du sol.

Ce paillage va réduire considérablement l’évaporation d’eau au départ du sol, ce qui permettra une énorme économie d’eau, au bénéfice des plantes. Une couche de 5 cm joue parfaitement ce rôle.

Le mulching est un autre nom pour qualifier une technique comparable.

La quantité d’eau amenée à chaque arrosage

En arrosant copieusement au pied des plantes, nous mouillons le sol sur une profondeur importante. Les racines y puiseront l’eau nécessaire lors des jours suivants. Au contraire, en arrosant superficiellement le sol, un peu chaque jour, les adventices germeront en masse et les légumes n’en profiteront guère.

La structure du sol

Une bonne structure de sol est la base d’un développement puissant du globe racinaire des plantes. En explorant un plus grand volume de sol, la plante peut y trouver davantage d’eau et de nutriments. Les apports réguliers de matières organiques au sol sont donc à favoriser.

Les haies

Les haies coupe-vent contribuent beaucoup aux économies d’eau. En réduisant la vitesse du vent, elles diminuent l’effet desséchant.

Le désherbage

En désherbant, on s’épargne la concurrence qu’ont les plantes adventices sur les cultures.

Les plantes  adventices sont  de redoutables concurrentes des légumes vis-à-vis de l'eau.
Les plantes adventices sont de redoutables concurrentes des légumes vis-à-vis de l'eau. - F.

Le mode de culture

Dans nos conditions climatiques, des plantes comme les laitues ou les chicorées peuvent être semées, d’une part, directement au jardin ou, d’autre part, en pépinière ou en terrine avant d’être transplantées quelques semaines plus tard. Ces plantes produisent naturellement une racine pivotante capable de s’enfoncer verticalement à bonne profondeur et d’y prélever l’eau disponible.

Cependant, lorsqu’elles sont transplantées, la racine pivotante est brisée ; l’enracinement ne pourra explorer que la partie superficielle du sol. En semant en place, nous permettons à ces plantes de s’enraciner plus profondément. Avec un inconvénient toutefois : le désherbage est un peu plus compliqué lors des premières semaines de culture.

Quelle méthode d’arrosage choisir ?

Plusieurs méthodes d’arrosage existent et présentent chacune leurs avantages et inconvénients. Passons-les en revue.

L’arrosage par aspersion est facile à installer, mais il présente plusieurs inconvénients. Chaque arroseur ou asperseur mouille une surface souvent plus vaste que ce qui doit absolument être irrigué. Les cultures voisines mouillées peuvent être le siège de développement de maladies. De plus, la surface mouillée involontairement correspond à un volume d’eau utilisé de manière moins optimale.

L'emploi des asperseurs est adapté aux  légumes « feuilles ».
L'emploi des asperseurs est adapté aux légumes « feuilles ». - F.

L’irrigation par aspersion réalisée lorsque l’air est sec provoque une perte importante d’eau par évaporation. Les gouttelettes tombées sur les feuilles peuvent provoquer des brûlures en plein soleil (effet loupe).

L’arrosoir a l’avantage de permettre de n’arroser que ce qui doit vraiment l’être. Il a cependant l’inconvénient d’apporter une grande quantité d’eau assez brutalement sur le sol. Celui-ci finit par se tasser, se refermer. Il sera alors nécessaire de prévoir un binage superficiel pour l’aérer, pour casser la croûte formée et ce, avant l’arrosage suivant.

Les systèmes goutte-à-goutte sont fréquemment utilisés par les professionnels du maraîchage et sont aussi disponibles pour les potagers. L’eau est apportée à débit réduit, de l’ordre de 2 litres par heure et par mètre de tuyauterie distributrice. Celle-ci est positionnée au pied des alignements de plantes afin qu’elles bénéficient au mieux de l’eau apportée.

Recycler mieux

En Belgique, les quantités annuelles d’eau de pluie disponibles suffisent plus que largement pour les besoins du potager. Le tout est de pouvoir la stocker lors des périodes pluvieuses afin d’en disposer en période sèche.

La récupération d’eau peut se faire facilement au départ des toitures ; c’est l’eau de citerne. La démarche de récupération est alors combinée pour les besoins du potager et ceux des usages ménagers. L’eau n’est pas gaspillée, elle n’est pas perdue. Son emploi est simplement étalé dans le temps.

F.

A lire aussi en Potager

L'Indice de qualité des sols wallons citoyens officiellement lancé à Louvain-la-Neuve

Potager Développé dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie, l'Indice de qualité des sols wallons citoyen (IQSW) a été lancé mercredi à Louvain-la-Neuve en présence du ministre wallon de l'Environnement Yves Coppieters. Il s'agit d'un outil permettant à tous les citoyens d'évaluer la qualité du sol de leur jardin, via des tests simples et sans matériel couteux. L'IQSW, projet porté le Service public de Wallonie, a été développé grâce à une collaboration entre l'UCLouvain, le Centre wallon de recherches agronomiques de Gembloux, et le bureau d'études Aries Consultants.
Voir plus d'articles