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L’Asinerie de l’O à Habay: des ânes pour (re)prendre confiance en s’amusant

Se responsabiliser par rapport à un animal, (re)prendre confiance en soi, apprendre en s’amusant ou simplement passer un bon moment, ce sont les possibilités qu’offre l’asbl l’Asinerie de l’O à Habay et son troupeau d’ânes.

Temps de lecture : 7 min

L’Asinerie de l’O a été créée en 2002 par un couple d’enseignants sur base d’une demande particulière : « Mes parents faisaient partie d’une asbl proposant diverses animations avec des ânes. Ils ont été plus particulièrement sollicités pour développer des activités avec des enfants en situation de handicap. L’asinerie s’est créée sous cette impulsion », explique Maïthé Sondag responsable de l’asinerie.

Depuis lors, elle s’est développée et accueille aujourd’hui des enfants de toutes parts et tous profils. Elle leur propose des stages, des anniversaires, des séances régulières collectives ou individuelles, de l’asinomédiation ou encore des promenades ou activités adaptées aux besoins de l’enfant.

Pourquoi l’âne et pas le cheval ?

Toutes ses activités auraient sans doute pu être proposées avec des chevaux mais, c’est l’âne qui est devenu l’animal de prédilection de la ferme d’animation. En effet, là où le cheval intimide, l’âne rassure. « Il est de plus petite taille, cela semble plus accessible et moins effrayant aux enfants comme aux adultes ». L’animal a également d’autre atout : « L’âne est très calme et dès qu’il a peur ou sent monter de la nervosité, il s’arrête. Si un enfant panique, il aura tendance à s’immobiliser, c’est un avantage. L’âne travaille en collaboration, il donne si on lui donne en retour. Néanmoins, chaque individu reste unique et a son propre caractère, nous choisissons donc l’animal adapté au public ou à l’activité. En asinomédiation, on procède avec un âne attitré que les enfants ont en général choisi ». L’animal est également très flexible en ce qui concerne son équipement : « On peut le monter avec ou sans bride. Avec les plus jeunes, on travaille souvent à la longe alors que les plus âgés montent avec des rennes. On fonctionne par contre très rarement avec selle et étriers. Les enfants n’ont pas toujours l’équipement adéquat pour monter de cette manière et on préfère éviter les pieds coincés… On utilise seulement un tapis et un surfaix (pièce qui se sangle sous le ventre et permet notamment l’accrochage) ce qui permet un contact plus direct avec l’animal ».

L’asinerie possède une quarantaine d’ânes issus de l’élevage de départ et d’ailleurs.
L’asinerie possède une quarantaine d’ânes issus de l’élevage de départ et d’ailleurs. - D.J.

Des ânes d’ici et d’ailleurs

Avant d’être une ferme d’animation, l’asinerie était une ferme d’élevage : « Notre tout premier âne était un mâle et il a engendré une belle descendance. Beaucoup d’ânes sont donc nés chez nous. Il est malheureusement aujourd’hui décédé et nous fonctionnons désormais énormément via le don. Des personnes qui n’ont plus la santé, le temps ou l’espace de s’en occuper nous laissent leurs animaux. Nous ne privilégions pas une race particulière, l’important pour nous est d’avoir des animaux bien dans leur tête. Nous possédons une quarantaine de femelles et de mâles, mais ces derniers sont castrés car cela est plus facile à gérer et ils sont plus sages ». Les animaux qui passent la porte de la ferme ne la quittent plus jamais. « Nous avons d’ailleurs quelques retraités qui n’interviennent dans les animations que pour les activités de pansage ou de soins. Le reste du temps, ils prennent du bon temps ».

«Les animaux qui passent la porte de la ferme ne la quittent plus jamais».

Les ânes profitent des 26 hectares des pâturages qu’occupe la ferme. « Ceux-ci fournissent aussi le foin nécessaire à l’alimentation d’hiver bien que les ânes aient encore accès à quelques parcelles d’hivernage ». À l’écurie, ils évoluent en stabulation libre : « Nous avons seulement quelques boxes d’isolement si des soins particuliers ou une mise à l’écart est nécessaire ».

La ferme possède également des petits animaux de présentation. Le public qui ne les connaît pas ou n’en a que trop rarement l’occasion peut donc découvrir lapins, poules, faisans, canards ou encore des chèvres. Quelques chevaux permettent aussi de démonter les clichés et montrer les vraies différences de morphologie qu’il existe entre l’âne et le cheval.

L’asinomédiation, c’est quoi ?

L’une des activités prépondérante de l’asinerie est l’asinomédiation qui est l’équivalent de l’hippothérapie mais avec les ânes. « On travaille en médiation sur base d’un triangle de trois personnes. L’enfant, l’âne et l’asinomédiateur. Ce dernier est là pour faire le lien entre l’enfant et l’animal, il n’impose rien. Les séances sont très variables et évoluent au jour le jour, en fonction des volontés et de l’état d’esprit de l’enfant ».

« L’âne travaille en collaboration ; il donne si on lui donne en retour. »

Selon l’objectif poursuivit les participants et leurs encadrants peuvent développer la confiance en soi, les relations sociales, la motricité, l’équilibre, le respect des règles, la collaboration, l’esprit d’équipe… « Les buts poursuivis sont souvent différents en séance individuelle ou collective. On procède aussi à la carte, en fonction des besoins des enfants et des demandes des parents, des éducateurs ou des institutions. Ces derniers viennent souvent avec un but précis qui peut concerner tout le groupe ou un membre isolé pour lequel l’ensemble du groupe vient en soutien ».

Tous ses objectifs peuvent être atteints par des gestes simples, au travers de mouvements réalisés sur le dos de l’âne mais aussi par la mise en place du matériel pour faire de l’attelage, des circuits d’équimotricité, dans la relation qui s’établit avec l’asinomédiateur ou les autres membres du groupe.

En asinomédiation, on procède avec un âne attitré que les enfants ont en général choisi.
En asinomédiation, on procède avec un âne attitré que les enfants ont en général choisi. - D.J.

Des activités pour raccrocher ou se responsabiliser

À côté des séances d’asinomédiation, la ferme propose également des activités parascolaires tout public. « Ça va de la psychomotricité avec les tout-petits ou les anniversaires, aux projets de responsabilisation ou au soutien scolaire. Quelle que soit l’activité, les enfants ou adultes doivent s’occuper de leur animal. Ils ne se présentent pas devant un animal frais et dispo et apprennent à le préparer ».

Chaque rencontre se passe en trois temps. « La première étape est la préparation de l’âne. On apprend à installer le matériel, à faire un nœud, à aborder l’animal en prairie, à se mettre en sécurité, à entretenir l’animal. Il est par exemple important de le brosser, on prend alors le temps de vérifier si son état de santé est correct et, si ce n’est pas le cas, on peut intervenir ou modifier l’activité en fonction de ses capacités. Quand panse son âne, on établit un contact sécurisant, on se pose et entre doucement dans la séance. Si on arrive pressé et nerveux, c’est contre-productif. On entre ensuite dans le corps de la séance avec de la monte, de l’attelage ou encore un simple contact. Enfin, on conclut avec une récompense, une activité plus ludique ».

Pour les projets de responsabilisation, les enfants s’impliquent totalement dans le suivi de l’animal : « Ils viennent 1h30 et apprennent à s’occuper de l’animal, à l’entretenir, le promener, suivre ses soins vétérinaires ou encadrer le maréchal-ferrant. Ils découvrent les obligations liées au fait de posséder un âne et cela peut être transposé à un autre animal ».

L’asbl travaille également avec des enfants de maternelle ou primaire en décrochage scolaire et utilise geste et action quotidienne pour les aider à ancrer certaines connaissances. « On réalise des apprentissages détournés. Il faut trouver le licol de son âne mais pour cela, l’enfant a besoin de lire. On travaille les tables de multiplication ou les couleurs sous forme de jeu dans des circuits d’équimotricité… On évite ainsi d’aborder les problèmes de front ».

Toutes ses activités sont souvent réservées à un jeune public mais l’asinerie accueille aussi des adolescents et des adultes : « Pour les ados, il s’agit alors plutôt de nous accompagner dans le travail quotidien. Les tâches varient de l’entretien, aux soins, à l’accueil de groupe. Cela permet de les responsabiliser par rapport à un travail et au respect des règles d’équipe ou des horaires. En ce qui concerne les adultes, il s’agit souvent de volontariat de long terme de la part d’une personne en situation de handicap. Elles viennent quelques jours en fonction de leur volonté et leurs possibilités. C’est souvent un premier pas qui les guide ensuite vers des entreprises de travail adapté dans lesquelles l’horaire est souvent plus intense ».

Les nombres, les couleurs, le respect des règles... autant de notions qui peuvent par exemple être travaillées de manière détournée dans, par exemple, des circuits d’équimotricité.
Les nombres, les couleurs, le respect des règles... autant de notions qui peuvent par exemple être travaillées de manière détournée dans, par exemple, des circuits d’équimotricité. - D.J.

Pour maintenir

l’esprit social de départ

L’ensemble des animations sont prises en charge par une équipe d’éducateurs formés à l’encadrement et l’asinomédiation. Elle assure également la gestion de la ferme, le nourrissage, les soins aux animaux et l’entretien des infrastructures… « Pour assurer la viabilité de l’asbl nous devons trouver un bon équilibre entre les stages et anniversaire et les activités « plus sociales ». Garder l’esprit d’intégration de départ est une de nos priorités mais l’asinomédiation seule ne peut assurer l’avenir de l’asinerie, où alors nous devrions en fermer l’accès à toutes une série de personnes en institution et ce n’est pas notre souhait. Nous essayons donc de coordonner l’ensemble dans un esprit de respect de l’autre, de l’animal et l’environnement ».

D. Jaunard

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