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Viande porcine : des pistes pour améliorer la résilience du secteur

Alors que le secteur porcin est confronté à plusieurs défis, le groupe de réflexion européen sur la viande de porc recommande dans son rapport final de limiter la concentration, en cours, de la production.

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P our garantir sa résilience, il est proposé d’améliorer sa gestion des risques, de réduire sa dépendance à certains marchés, d’optimiser l’utilisation des engrais et de renforcer les mesures en matière de santé animale et de bien-être animal.

Fortement fragilisé sur le plan économique depuis plus d’un an en raison de la combinaison de plusieurs facteurs (restrictions liées au Covid-19, propagation de la peste porcine africaine et la réduction des exportations vers la Chine ou encore la hausse du coût des intrants dans le contexte de la guerre en Ukraine), le rapport final du groupe de réflexion européen sur la viande de porc publié le 18 janvier recommande une restructuration du secteur pour limiter sa tendance à la concentration de la production, tant sur le plan géographique que sur celui de la taille de la production.

Améliorer les campagnes d’information

Lancé en février 2022 à l’initiative du commissaire Wojciechowski, pour apporter des réponses aux inquiétudes des États membres, le groupe d’experts composé des parties prenantes de la section viande de porc du groupe de dialogue civil pour les produits animaux et de la section produits animaux du groupe d’experts de l’OCM, s’inquiète notamment de la forte diminution du nombre d’exploitations porcines, en particulier des petites exploitations.

Sur le 1,4 million de producteurs de porcs, 2 % représentent 75 % de la production, précise-t-il. Dans certaines régions de l’UE, la production porcine hautement concentrée pose ainsi des problèmes en matière de protection de l’environnement.

Dans ce contexte, et en raison des faibles marges et des risques financiers élevés, le groupe d’experts appelle à promouvoir la coopération entre les producteurs de porcs (organisations de producteurs et coopératives) et à améliorer les campagnes d’information sur le rôle des exploitations porcines familiales et les avantages des chaînes d’approvisionnement courtes.

Gestion des risques et dépendance

Confrontés aux évolutions cycliques du marché, les producteurs européens de porcs, contrairement à d’autres secteurs, n’ont historiquement jamais bénéficié de mesures de soutien telles que l’intervention publique ou les paiements couplés. Pour les protéger, précise le rapport, la Pac prévoit traditionnellement différents types d’outils de gestion des risques (primes d’assurance pour les cultures, assurance santé animale et végétale, fonds de mutualisation et outils de stabilisation des revenus).

Dans un souci d’amélioration, le groupe d’experts encourage ainsi les Vingt-sept à tester et à piloter différentes stratégies et outils de gestion des risques agricoles avec la participation des producteurs de porcs au niveau national et régional ou encore à envisager de lier les avantages des outils de gestion des risques à des actions concrètes pour adapter l’offre à la demande.

Le secteur porcin de l’UE est également vulnérable en raison de sa dépendance à certains marchés, en particulier la Chine qui absorbe plus de la moitié des exportations de viande de porc de l’UE. En raison de la propagation de la peste porcine africaine au sein de l’UE, plusieurs États membres ont été confrontés à des restrictions à l’exportation, notamment venues de Chine.

En conséquence, les exportations de l’UE ont stagné en 2021 et ont baissé de 20 % en 2022. Dans ce contexte, le groupe d’experts recommande de diversifier les marchés d’exportation de l’UE et réduire la dépendance à l’égard de quelques destinations, en particulier les partenaires peu fiables.

Durabilité et santé animale

Concernant le renforcement de la durabilité du secteur, le groupe d’experts recommande de développer le traitement du fumier (par exemple, les produits « Renure ») et une utilisation plus efficace des engrais organiques ou encore concevoir un cadre durable pour la gestion du fumier à des fins de fertilisation. Il appelle également à soutenir les solutions locales de biogaz basées sur le lisier, les résidus et les déchets qui impliquent non seulement l’élevage de porcs mais aussi les communautés locales. Sur ce point, le rapport explique que la nouvelle Pac offre un cadre amélioré aux éleveurs de porcs pour qu’ils deviennent plus durables.

Alors que les producteurs de porcs ont souffert économiquement de la propagation de la peste porcine africaine dans l’UE, le groupe d’experts recommande de soutenir des mesures de biosécurité en utilisant tous les outils disponibles, y compris les interventions au titre de la Pac tout en appelant à appuyer le développement de vaccins pour les sangliers et les porcs domestiques.

À l’échelle internationale, il souhaite qu’il y ait une meilleure coopération avec les pays tiers, y compris au sein d’organismes internationaux (OMC et OMS), afin de garantir la reconnaissance du principe de régionalisation de l’UE.

Recours à la Pac

En matière de bien-être animal, la castration des porcelets, les conditions de logement des truies et l’abandon de la pratique de la caudectomie des porcs sont quelques-uns des principaux défis que doit relever le secteur, explique le rapport.

À cette fin, le groupe d’experts recommande la mise en œuvre de tous les outils disponibles, y compris les interventions au titre de la Pac et le soutien des actions, y compris la recherche, pour développer et mettre en œuvre des systèmes offrant un niveau élevé de bien-être animal, respectant les besoins comportementaux des porcs et réduisant l’utilisation des antibiotiques.

Enfin, il appelle à promouvoir les normes de l’UE en matière de bien-être animal dans les forums internationaux et en particulier dans le cadre des accords de libre-échange.

Présent lors de la présentation de ce rapport, le commissaire à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski a indiqué qu’il allait « décider des prochaines mesures à prendre, y compris le partage du rapport avec le parlement européen et le conseil ». Sur ce point, le président du groupe de travail sur la viande de porc du Copa-Cogeca, a invité le commissaire « à soutenir ce travail auprès des commissaires concernés, à savoir ceux en charge de la santé et de la sécurité alimentaire, du commerce, de l’environnement et du marché intérieur, afin qu’ils suivent ces recommandations pour le secteur ».

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