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Une formation de terrain pour maîtriser les ficelles de l’agriculture régénérative

En mars 2022 naissait l’Académie Regenacterre. Un an plus tard, une trentaine d’agriculteurs et d’agronomes ont déjà intégré la deuxième cohorte du programme, avec l’objectif d’en apprendre davantage sur l’agriculture régénérative et d’expérimenter de nouvelles pratiques, sans pour autant négliger la rentabilité de leur ferme.

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Fondée en 2016 autour d’une poignée d’agriculteurs, l’asbl Regenacterre regroupe aujourd’hui une nonantaine de membres, issus de toute la Wallonie. Si la structure a grandi avec les années, sa mission, elle, n’a pas changé : fournir un conseil indépendant à celles et ceux qui s’orientent vers l’agriculture régénérative et ce, sans négliger la rentabilité de leur ferme. « Certains de nos membres pratiquent l’agriculture conventionnelle tandis que d’autres ont fait le choix du bio ; certains sont des cultivateurs alors que d’autres sont à la tête d’une exploitation de polyculture-élevage… Peu importe, notre mission demeure la même », insiste Frédéric Muratori, agronome et directeur de l’asbl.

Aux côtés du conseil, Regenacterre propose des contrats de culture à ses membres, en partenariat avec d’autres maillons de la chaîne agroalimentaire qui souhaitent renforcer le recours aux ingrédients issus de l’agriculture régénérative. Enfin, un volet « formation » complète les activités de l’asbl et a récemment pris de l’ampleur.

Des conférences, des ateliers, des visites de terrain…

« Avec le soutien d’un mécène, nous avons créé l’Académie Regenacterre, à destination d’agriculteurs engagés dans l’agriculture régénérative mais aussi d’agronomes », explique Marie Bosquet, Program Director. Concrètement, les participants rejoignent l’académie pour un cursus d’un an, s’étalant sur quatre saisons et mêlant conférences, ateliers et visites de terrain. Avec quels objectifs ? Découvrir de nouvelles pratiques et les expérimenter sur sa ferme, partager ses connaissances et observations mais aussi bénéficier du savoir des autres participants.

En pratique, dix modules techniques, consacrés au travail du sol, aux semis, aux couverts végétaux, à la santé des plantes…, se succèdent. Un module mêlant optimisation économique des fermes et services écosystémiques complète le programme. Les agronomes suivent un douzième module ayant pour thème l’accompagnement au changement. « Il leur permet d’acquérir les clés nécessaires pour guider les agriculteurs en transition vers l’agriculture régénérative », précise-t-elle.

Et Frédéric Muratori de compléter : « Le plus souvent, les experts animant les conférences et ateliers sont eux-mêmes agriculteurs. Nous avons choisi les meilleurs d’entre eux en vue de garantir la qualité du programme proposé ».

Enfin, un voyage de deux jours enrichit le cursus. Il est consacré à la visite de plusieurs fermes où se pratique l’agriculture régénérative et permet aussi de découvrir les défis auxquels font face d’autres agriculteurs.

Privilégier les échanges et interactions

Pour sa première saison, débutée en mars 2022, l’Académie a enregistré 22 participations. La nouvelle cohorte, dont le coup d’envoi a été donné le 22 mars dernier, rassemble 35 personnes. « Nous privilégions les groupes de petite taille, en vue de faciliter les discussions et les interactions entre participants. Nous constatons d’ailleurs que celles-ci sont nombreuses, sans distinction entre agriculteurs et agronomes, et contribuent à la richesse de la formation », poursuit-il.

« Les agriculteurs découvrent de nouvelles pratiques, les testent dans leurs conditions et partagent ensuite les résultats entre eux. C’est cela aussi le but de l’académie ! », ajoute Marie Bosquet, qui souligne encore que l’ensemble des activités se déroule dans une grande convivialité, « ce que recherchent aussi les participants ».

Des ateliers, en petits groupes, permettent de mettre en pratique les propos des conférenciers.
Des ateliers, en petits groupes, permettent de mettre en pratique les propos des conférenciers. - Regenacterre

Précisons à ce sujet que la formation n’a pas pour vocation de dicter aux « académiciens » une manière de travailler. Des tendances, des conseils, des idées… sont partagés et présentés mais il convient à tout un chacun de les adapter à ses conditions pédoclimatiques, à sa situation et à sa méthode de travail.

Dans ce contexte, la participation de fermiers venant d’horizons différents constitue assurément un plus, de même que la présence d’agronomes. Ceux-ci peuvent, en effet, compléter les propos sur base de leur expérience dans l’industrie ou dans l’administration, notamment. L’asbl y voit également un atout en matière de diffusion de l’information. « Les agronomes vont distiller leurs apprentissages vers les agriculteurs qu’ils conseilleront. Cela permettra à l’agriculture régénérative de gagner du terrain. On peut y voir un effet boule de neige », espère Frédéric Muratori.

Assurer la pérennité de l’Académie

Avec le lancement de la deuxième cohorte, Regenacterre réfléchit déjà au futur de son académie. « Nous souhaitons capitaliser sur les groupes et leur motivation, voire créer un groupement rassemblant les participants des deux sessions en vue de faire essaimer le mouvement en Wallonie. »

Les réflexions portent aussi sur le troisième cycle de formation. Vu la demande élevée, l’asbl envisage de permettre à deux cohortes d’y participer. « Sur ce point, rien n’est encore défini. Mais nous préférons former deux petits groupes plutôt qu’un seul et unique grand rassemblement. Non seulement pour favoriser les interactions et les échanges, comme déjà évoqué, mais aussi pour ne pas nuire à la qualité de la formation. »

Si le financement de ce troisième cycle est d’ores et déjà garanti grâce au mécénat, Frédéric Muratori souhaite que l’Académie soit financièrement autonome. « Cela nous permettra d’assurer sa continuité sur le long terme », précise-t-il. Et Marie Bosquet d’ajouter : « Actuellement, notre cursus s’adresse à des agriculteurs maîtrisant les bases de l’agriculture régénérative. En assurant la pérennité financière du programme, nous pourrons l’ouvrir à un autre public, qui souhaite faire ses premiers pas en la matière par exemple ». Avec toujours l’objectif de faire essaimer ce modèle en Wallonie, voire au-delà.

J. Vandegoor

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