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La loi de la discorde

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Malmenée, vilipendée, finalement rejetée le 31 mai par la commission de l’Agriculture du parlement. La proposition de législation sur la restauration de la nature agite depuis de nombreuses semaines l’hémicycle qui s’est parfois mué en véritable ring de boxe virtuel.

À ma gauche, écologistes et socialistes rappellent le besoin urgent d’efforts de restauration des écosystèmes européens, à la fois à l’intérieur des zones protégées désignées existantes mais aussi en dehors de ces espaces, dont les terres agricoles. À ma droite, le puissant PPE accuse les textes présentés par la commission de pousser à la décroissance du secteur agricole et de mettre en péril la sécurité alimentaire de l’UE dans un contexte de crise. « Nous sommes dans une surenchère de réglementations environnementales, la loi sur restauration de la nature est la goutte qui fait déborder le vase » s’était d’ailleurs exclamée la démocrate-chrétienne Anne Sander, rapporteure de l’avis négatif sur cette loi inscrite dans le cadre du Pacte Vert européen.

Mais, factuellement, où en sommes-nous ? Si l’UE a fortement progressé dans la réalisation de nombreux objectifs socio-économiques, c’est beaucoup moins clair au niveau de l’environnement. La biodiversité et la lutte contre le changement climatique sont deux domaines dans lesquels l’UE enregistre le moins d’avancées, voire régresse. Même si le nombre de zones terrestres protégées a augmenté depuis 2013, il reste que l’UE continue de faire face à un déclin constant des populations d’oiseaux communs et de papillons de prairie. Un constat qui pousse la commission à réclamer des efforts supplémentaires pour inverser le processus de dégradation des écosystèmes.

Reconnaissons que le flou entourant les indicateurs, le manque de cohérence du texte avec les réglementations déjà en place et l’absence de clarté au niveau des fonds supplémentaires a certainement contribué à attiser les tensions entre les différentes parties.

La fronde a atteint son paroxysme le 1er juin dernier à Bruxelles. Le Copa-Cogeca, flanqué d’une poignée d’organisations agricoles, dont le Boerenbond et la Fédération wallonne de l’agriculture, investissait la place du Luxembourg pour dénoncer une loi qui laisserait peu de place à l’agriculture dans sa version actuelle et dont le coût serait à charge des agriculteurs. Si quelques eurodéputés sont sortis apporter leur soutien à la manifestation, d’autres se sont rassemblés, à moins de 20 m, autour de Jutta Paulus (négociatrice des Verts) en brandissant des pancartes frappées du hashtag « RestoreNature ».

La commission de l’Environnement du parlement, responsable du dossier, doit adopter sa position dans quelques jours avant un vote en plénière. Sans vouloir distribuer bons et mauvais points, il est peut-être utile de rappeler une réalité criante : la maison brûle et il serait temps de ne plus regarder ailleurs…

Marie-France Vienne

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