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Brèves rencontres à Santo Antão

Au large du Sénégal, sous un climat tropical sec – sahélien – et un relief très accidenté, l’île montagneuse cap-verdienne de Santo Antão fait mieux que résister.

Temps de lecture : 4 min

Anciennement colonie portugaise, le Cap-Vert se compose de dix îles et de huit îlots, éparpillés à environ 450 km à l’ouest du Sénégal, 2.900 km du Portugal et 2.600 km de la ville de Natal, au Brésil. Les îles occupent au total une superficie de 4.033 km2 au sein d’une zone économique exclusive de 700.000 m2. La population est estimée à quelque 520.000 habitants, selon les données de la Banque mondiale en 2015. Cet État insulaire d’Afrique de l’ouest forme un petit chapelet d’îles volcaniques dénudées et pauvres en ressources naturelles, dont les rares terres arables sont sujettes à la sécheresse. D’où sa dépendance particulière aux importations de produits alimentaires, parfois sous forme d’aide.

En effet, contrairement à ce que laisse penser son nom, l’archipel ouest-africain est très aride et souffre d’un manque criant de ressources en eau douce aggravé par des cycles de longues sécheresses.

Clé de l’évolution

Comme le relève un rapport de la Banque africaine de développement, le Cap Vert a considérablement évolué depuis son accès à l’indépendance en 1975.

D’une dépendance extrême à l’importation de produits alimentaires, et d’une politique agricole nationale axée exclusivement sur l’assurance d’une sécurité alimentaire minimale et d’un apport calorique quotidien suffisant pour la population, le petit Archipel compte désormais sur une production alimentaire intérieure en croissance constante, mais encore bien insuffisante.

Le développement rapide du mode d’irrigation par goutte à goutte, dans une optique commerciale, est un important élément de progrès.

Le premier gouvernement après l’indépendance du pays est parvenu essentiellement à mettre un terme à la famine. Il est vrai que l’histoire de ce territoire est parsemée de famines meurtrières.

Les premières réformes agraires ont joué un rôle crucial en ce qu’elles promouvaient la mise en culture d’un maximum de terres arables (environ 9 % de la surface totale de l’Archipel), avec la volonté d’assurer l’égalité des chances et d’accès par les populations.

Agriculture essentiellement vivrière

L’agriculture pluviale est pratiquée à Santo Antão comme sur toutes les îles de l’archipel. Les principales cultures sont des associations de maïs et de haricots : feijão pedra (Lablab dolichos), bongolon (Vigna unguiculata), sapatinha (Phaseolus vulgaris), fava (Phaseolus lunatus) et feijão Congo (Cajanus cajan). Dans les zones de haute altitude, on trouve les patates douces, pommes de terre, le manioc et différents types de légumes.

Les principales cultures irriguées sont la canne à sucre, les bananes et les légumes comme les tomates, les carottes, chou, oignons, poivrons, etc., ainsi que les racines et tubercules, comme les patates douces, pommes de terre et le manioc.

Conditions extrêmes

Les ressources naturelles du Cap-Vert sont peu propices à la production agricole et pourtant celle-ci demeure la principale activité économique des zones rurales et le moyen prioritaire de subsistance de nombreuses communautés. En plus de terres arables en quantité limitée, de sols peu fertiles, et d’un relief escarpé (27 % des terres ont plus de 30 % de pente), le pays souffre de très faibles niveaux de précipitation, d’environ 200 mm par an, concentrés à près de 80 % sur deux mois, note la Banque africaine de développement. Ces pluies, irrégulières et incertaines, entraînent une grande dépendance à l’importation de produits alimentaires.

Au cours des dix à quinze années qui ont suivi l’indépendance, le gouvernement a dû recycler l’aide alimentaire et utiliser les revenus connexes pour financer des travaux publics, comme la construction de digues et de routes et la plantation d’arbres pour endiguer la déforestation.

Politique de l’eau énergique

Consacrant quelque 10 % de son budget à l’agriculture, le pays s’intéresse depuis bien longtemps à la gestion durable de l’eau. La tendance actuelle dans le secteur agricole est à l’adoption d’un système d’irrigation au goutte à goutte. Ces dernières années, une politique est menée pour accroître la productivité agricole, étendre la superficie de terres arables disponibles pour les activités agricoles et investir fortement dans la mobilisation des ressources en eau, notamment par la construction de digues et de barrages, l’octroi de micro-crédits aux agriculteurs et la mobilisation d’un encadrement technique autour de stratégies culturales plus économes en eau.

Résilience

Malgré l’étroitesse de son marché et sa dépendance à l’extérieur, le Cap-Vert a su s’imposer comme l’un des pays les plus dynamiques de la région, voire même comme un modèle pour l’ensemble de l’Afrique, avec un PIB par habitant trois fois supérieur à la moyenne d’Afrique subsaharienne.

Parmi les défis majeurs à relever à court terme, on pointe certainement l’adaptation et la lutte contre le changement climatique. Les modèles prévoient en effet une augmentation de l’aridité et donc un recul des ressources en eau, avec de lourdes conséquences sur l’agriculture.

Marc de Neuville

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