Accueil Céréales

Fertilisation de l’escourgeon: intervenir dans des conditions favorables

Les températures des mois d’octobre et décembre ont été particulièrement élevées pour la période et certains escourgeons ont déjà profité de ces conditions et de la minéralisation pour prélever de l’azote dans le profil.

Temps de lecture : 5 min

Les précipitations très importantes des derniers mois ont favorisé le lessivage de l’azote. Nous ne connaissons pas encore les conditions printanières qui influenceront particulièrement fort la valorisation des fractions d’azote qui seront apportées, toutefois, les premières analyses de reliquats azotés dans le sol réalisées fin janvier permettent d’estimer l’état moyen des profils azotés en escourgeon.

Vingt-cinq parcelles d’escourgeon (uniquement des précédents « froment ») ont été échantillonnées en ce début d’année 2024 (tableau 01).

9-azote-web

Les quantités d’azote disponibles dans les 90 premiers centimètres du profil sont un peu plus faibles par rapport aux années précédentes. La moyenne de ces 15 dernières années (30 kg Nmin/ha sur 0-90 cm). L’azote est réparti uniformément dans les trois horizons du sol.

Le conseil de fertilisation

La fumure de référence conseillée pour 2024 est basée sur les résultats de l’analyse pluriannuelle (2018 à 2023), de l’expérience du passé et sur une analyse des résultats des essais « fumures » de 2023 ainsi que sur base des observations de ce début de saison et sur le prix des engrais. Étant donné que les réponses à l’azote diffèrent entre les variétés lignées et hybrides, les schémas de fumure seront traités séparément pour ces deux types de variétés.

La fumure de référence proposée en 2024  pour l’escourgeon ligné est de :

– 50 N pour la fraction du tallage (1ère fraction) ;

– 60 N pour la fraction du redressement (2e fraction) ;

– 50 N pour la fraction de la dernière feuille (3e fraction).

La fumure de référence proposée pour l’escourgeon hybride est de :

– 25 N pour la fraction du tallage (1ère fraction) ;

– 75 N pour la fraction du redressement (2e fraction) ;

– 75 N pour la fraction de la dernière feuille (3ème fraction).

Les essais montrent qu’une fumure raisonnée permet d’éviter les surcoûts de fertilisation et d’obtenir un bon rendement économique tout en préservant l’environnement.

Dans des conditions climatiques favorables

Il est impératif de s’abstenir d’apporter de l’azote sur des sols déjà saturés d’eau, car dans de telles conditions, les plantes ne peuvent pas tirer profit de l’engrais. Leurs racines, asphyxiées, sont incapables d’absorber les nutriments. Il est donc essentiel de n’intervenir que dans des conditions climatiques favorables : le sol doit être ressuyé et non gelé, une pluviométrie d’au moins 10 à 15 mm est attendue après l’application de l’engrais et les températures doivent être propices à la croissance des plantes.

Attention que ces conseils de fumure doivent être ajustés à chaque parcelle (région, état du sol, précédent, apport de fumure organique… Des facteurs de correction sont indispensables pour arriver au programme de fumure qui correspond à votre parcelle.

À adapter selon la situation

La fumure de référence est valable dans la majorité des situations culturales. Le meilleur moment pour effectuer l’apport post-hivernal de tallage doit coïncider avec la reprise de la végétation. Intervenir plus tôt ne s’est jamais concrétisé par un bénéfice à la culture, au contraire une telle pratique présente des risques pour l’environnement et pour la culture.

D’une manière générale, le conseil est de ne pas renforcer la fraction de tallage de la fumure azotée, qui reste de 25 kg N/ha pour les variétés hybrides et de 50 kg N/ha pour les variétés lignées. Dans une situation normale, augmenter de manière trop importante ces fumures risquerait de provoquer un développement de talles surnuméraires, non productives et génératrices de difficultés de conduite de la culture (densité de végétation trop forte, verse, maladies…).

Toutefois, comme expliqué précédemment, il est important de tenir compte de facteurs correctifs pour sa parcelle et une majoration de la dose préconisée au tallage doit se concevoir dans certaines situations particulières, lorsque l’emblavure apparaît claire ou peu développée à la sortie de l’hiver, comme dans les exemples suivants :

– cas de certains semis tardifs ;

– suite à l’arrêt précoce de la végétation à l’arrière-saison ;

– suite à un déchaussement de plante.

Faire l’impasse sur la fraction de tallage

Dans certaines situations, une impasse de la fraction de tallage est possible :

– dans les parcelles à bonne minéralisation (en région limoneuse et sablo-limoneuse) ;

– dans des cultures très denses en sortie d’hiver ;

– dans les parcelles où la culture est plus précoce et proche du redressement à la sortie de l’hiver ;

– lorsque les conditions climatiques sont particulièrement favorables.

Si l’impasse de la fraction de tallage est nécessaire ou justifiée, il reste important de respecter certaines consignes quant au moment de l’application. Faire l’impasse de toute fumure avant le stade 1er nœud est souvent pénalisant. De ce fait, il conviendra donc d’anticiper et d’appliquer la fraction unique « tallage + redressement » quelques jours avant le stade « épis à 1 cm », en veillant à ne pas dépasser un total de 115 kg N/ha. Notre conseil est de se limiter à 100 kg N/ha.

À l’opposé, il convient de ne pas faire l’impasse sur la fumure de tallage dans des parcelles peu fertiles ou trois froides, même en Hesbaye.

Les deux dernières fractions

À partir du stade redressement, les besoins de l’escourgeon deviennent importants. Les disponibilités à ce stade doivent être suffisantes pour couvrir les besoins afin d’éviter toute faim azotée mais, comme pour le tallage, il est inutile, quelles que soient les situations, d’appliquer des fumures excessives au risque d’entraîner ultérieurement des problèmes de verse, maladies…

La fraction de dernière feuille est destinée à assurer le remplissage maximum des grains en maintenant une activité photosynthétique la plus longue possible pour permettre un transfert parfait des matières de réserve vers le grain.

D’après le Livre Blanc céréales

, février 2024

A lire aussi en Céréales

Protection fongicide des froment: faire le bilan des risques sanitaires encourus par la culture

Céréales Les froments sont susceptibles d’être attaqués par des maladies cryptogamiques au niveau des racines (piétin-échaudage), des tiges (piétin-verse), des feuilles (rouilles, septoriose, oïdium) et des épis (septoriose, fusarioses). Elles peuvent altérer le rendement, soit de manière directe par la destruction des organes, soit de manière indirecte comme le piétin-verse qui affaiblit les tiges et favorise la verse. Certaines maladies peuvent également déprécier la qualité sanitaire de la récolte, comme les fusarioses qui produisent des mycotoxines pouvant se retrouver sur les grains.
Voir plus d'articles