Accueil Bovins

Viande bovine : opportunités et difficultés pour ce début d’année

Pour débuter 2024, l’industrie de la viande bovine en Europe et aux portes de notre continent est marquée par plusieurs défis. Période du Ramadan, conditions climatiques, diminution du pouvoir d’achat, sont autant d’éléments qui influencent le marché, et l’élevage chez nos voisins.

Temps de lecture : 6 min

En France, seuls les abattages de jeunes bovins étaient en hausse avec plus 5 % en janvier, tandis que les autres catégories sont en diminution. C’est le même constat pour les exportations avec moins 16 % par rapport à 2022 pour la viande bovine, moins 7 % pour les broutards et moins 5 % pour les veaux laitiers.

Chez nos voisins, le pouvoir d’achat des ménages reste affecté par la hausse des prix des services et de l’énergie, et on constate une diminution de la consommation de viande bovine. D’ailleurs, le phénomène de descente en gamme observé en 2023 était toujours d’actualité pour ce début 2024. Les clients ont partiellement reporté leur consommation de viande hachée fraîche, vers le congelé, plus bon marché. Ainsi, d’après Circana, sur les cinq premières semaines de 2024, les ventes en valeur sur un an de bœuf haché surgelé ont progressé de plus de 4 % par rapport à 2023, contrairement à celle du frais (moins de 1 %).

Encore dans l’Hexagone, on constate des cheptels de vaches en baisse. Le 1er janvier, ce pays comptait 3,496 millions de vaches allaitantes (moins 1,9 % par rapport à 2023) et 3,374 millions de vaches laitières (baisse de 1,6 %). Et les chiffres sont éloquents puisque depuis le 1er janvier 2018, la France a perdu 476.000 vaches allaitantes et 367.000 vaches laitières !

L’approche du Ramadan dynamise le marché

Aux portes de l’Europe, du côté de la Turquie, suite à un manque de viande et pour faire face à la très forte inflation, le gouvernement a rouvert son marché à la viande bovine européenne il y a un an. Les flux semblent se tenir en ce début d’année, d’autant que l’approche du Ramadan, qui débutera le 10 mars, fait grimper la demande et les prix.

En quelques chiffres : la Turquie a importé 38.000 téc de viande bovine en 2023, contre seulement 3.000 en 2022. C’est la Pologne qui en a le plus profité, avec 28.000 téc expédiées, suivie de la France avec 7.000 téc.

Le pays a importé 725.000 bovins vivants (hors reproducteurs) en 2023, contre 94.000 en 2022. Ces bêtes, essentiellement des bovins d’engraissement, provenaient majoritairement d’Amérique du Sud (Brésil et Uruguay). L’Union européenne a, quant à elle, fourni 121.000 têtes (dont 37.000 de République Tchèque, 31.000 de Hongrie, 19.000 de Roumanie et 10.000 d’Irlande). En janvier, le gouvernement turc a annoncé qu’il prévoyait d’importer 600.000 bovins destinés à l’engraissement pour l’année, mais cette quantité pourrait être ajustée ultérieurement en fonction des conditions du marché intérieur.

Les cours toujours sur des niveaux records en Italie

Revenons en Europe, et plus précisément en Italie où la faiblesse de l’offre en jeunes bovins finis, liée au recul des envois de broutards français en 2023, permet de maintenir les prix à un niveau record, d’autant que la consommation ne semble pas fléchir. Le mâle limousin cotait 3,80 €/kg vif en semaine 7 (plus 2 % par rapport à 2023), le mâle charolais extra cotait, lui, 3,65 €/kg vif, soit 1 % de plus que l’année passée, et le mâle charolais Prima Qualità 3,54 €/kg, également 1 % de plus qu’en 2023.

La consommation italienne de viande bovine se maintient donc bien. Le panel ISMEA-NielsenIQ a d’ailleurs enregistré une hausse 0,6 % par rapport 2022 des volumes achetés par les ménages. En valeur, les ventes au détail de viande bovine ont progressé de 6,5 %.

Du côté de l’Allemagne et de la Pologne

Plus à l’est, en Allemagne, le marché du jeune bovin est équilibré d’après les experts d’AMI. La demande est modérée face à une offre plutôt restreinte. Les sorties de jeunes bovins (JB) devraient diminuer en 2024 compte tenu des faibles effectifs à l’engraissement. L’enquête cheptel de novembre recensait, en effet, 836.000 mâles de 1 à 2 ans soit moins 1,6 % comparé à 2022 et 389.000 mâles de 8 à12 mois (5,5 % de moins).

Enfin, sur les six premières semaines de l’année, les abattages de JB en Allemagne étaient en recul par rapport aux années précédentes.

De plus, si l’inflation a ralenti dans ce pays, les prix sont restés élevés et pèsent toujours sur les achats. D’après AMI, les viandes rouges piécées et plus chères ont été particulièrement affectées, et ce qu’il s’agisse de viande bovine ou de porc. Les Allemands ont préféré acheter de la volaille (plus 2,8 %) ou des viandes hachées mélangées (plus 5 %), qui restent moins chères malgré les hausses de prix.

En Pologne, la baisse de production et le regain de demande à l’export permettent de maintenir les cours à des niveaux supérieurs aux années précédentes. La cotation du JB R se situait à 4,84 €/kg de carcasse en semaine 6 (plus 2 % comparé à 2023) et celle du JB O à 4,70 €/kg (+3 %).

En Pologne, après quatre années consécutives de baisse, les effectifs de vaches étaient en hausse. On compte 2,20 millions de têtes en décembre 2023 (soit plus de 1,5 % comparé à 2022). Cette augmentation est liée à la progression des effectifs de mères laitières. Le cheptel de vaches allaitantes est lui resté stable à 135.000 têtes.

Inquiétude en Espagne suite à la sécheresse

Plus au sud, en Espagne, exclue des fournisseurs de l’Algérie en juin 2022 en raison d’un différend diplomatique au sujet du Sahara occidental opposant les deux pays, cette nation est de nouveau autorisée à exporter ses carcasses réfrigérées. Après un fléchissement au second semestre 2023 (descente en gamme de la demande espagnole en raison du contexte économique et de la concurrence des viandes d’import), les prix des bovins finis espagnols repartent à la hausse. La cotation du JB U atteignait 5,22 €/kg de carcasse en semaine 6, soit moins 5 % par rapport 2023, mais plus 16 % comparé à 2022. Celle du JB R est de 5,12 €/kg, soit moins 6 % par rapport à l’année passée, mais plus de 15 % comparé à 2022.

En outre, la sécheresse persistante qui frappe une partie de ce pays ainsi que les prix des fourrages et des grains encore élevés inquiètent les engraisseurs, et ce malgré la réouverture du marché algérien à la viande espagnole.

Des niveaux d’abattages élevés en Irlande

En Irlande, les abattages de réformes sont restés élevés pour commencer 2024, comme depuis le début du mois de septembre dernier, permettant de répondre à une demande dynamique du marché. D’après l’indicateur hebdomadaire du ministère de l’Agriculture irlandais, ces abattages de vaches ont progressé sur les semaines 4 à 7, soit plus 13 % qu’en 2023. C’était aussi le cas pour les autres catégories à l’exception des jeunes bovins, production minoritaire dans ce pays.

Concernant les chiffres du cheptel, les effectifs irlandais de vaches étaient en retrait à 2,33 millions de têtes en décembre 2023 (moins 2 % par rapport à 2022). Si le cheptel de mères laitières était stable à 1,51 million de têtes, celui des vaches allaitantes était en diminution, à 819.000 têtes (-5 %) dans le sillage d’une politique irlandaise moins favorable à la production de viande depuis plusieurs années.

A lire aussi en Bovins

Voir plus d'articles