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Selon le sondage du Sillon Belge: le MR et Les Engagés en duo de tête aux élections régionales wallonnes

Les élections approchent à grand pas… Devoir citoyen s’il en est, le passage dans l’isoloir est parfois vu comme une corvée. Les répondants à un sondage mené par Le Sillon Belge entendent cependant bien exprimer leur voix, comme en témoignent les résultats ci-après. Ils marquent nettement leur préférence pour certains partis. Avec certaines nuances selon l’âge des sondés.

Temps de lecture : 6 min

Le 9 juin, les Belges se rendront aux urnes et éliront leurs représentants aux parlements régional, fédéral et européen. Après un début d’année marqué par de nombreuses rencontres, manifestations et autres actions, les agriculteurs ont, à juste titre, des attentes bien définies à l’égard des femmes et hommes politiques. Mais vers quel parti se tourneront-ils une fois dans l’isoloir ?

Le Sillon Belge a souhaité jauger les intentions de vote de ses lecteurs et lectrices aux élections régionales wallonnes, à travers un bref sondage mené en ligne du 25 avril au 19 mai. Pourquoi ce niveau de pouvoir en particulier ? Car depuis plusieurs années déjà, les Régions ont la mainmise sur l’État fédéral en matière d’agriculture et d’environnement (après l’Europe, bien sûr, où sont prises de nombreuses décisions transposées ensuite à l’échelle régionale). Une question s’intéressait également au choix posé lors du dernier scrutin, en 2019.

Outre les intentions de votes, le sondage portait sur la profession des répondants (agriculteur, agriculteur à titre complémentaire ou autre). En effet, le métier exercé a généralement une influence sur les choix posés dans l’isoloir.

Une dernière question s’intéressait à l’âge des répondants : 40 ans ou moins ou plus de 40 ans. Un choix fait sur base des critères définissant, selon la législation en vigueur, le profil d’un jeune agriculteur.

Le MR, Les Engagés et Écolo composent le podium

Au total, 298 personnes ont pris part au questionnaire, parmi lesquelles 128 agriculteurs (42,95 % des répondants). Le solde se compose d’agriculteurs à titre complémentaire (46 sondés, 15,43 %) et de 124 personnes (41,61 %) pratiquant un autre métier. Si cette part du panel peut sembler surreprésentée, il ne faut pas oublier que de nombreux lecteurs du Sillon Belge, sans être eux-mêmes fermiers, exercent une profession étroitement liée au monde agricole (vétérinaire, entrepreneur, marchand de bétail…).

Les résultats montrent que 21,14 % des répondants (soit 63 personnes) ont 40 ans ou moins, contre 78,86 % (235 sondés) ayant plus de 40 ans.

Si l’on se consacre aux agriculteurs uniquement, 19,53 % d’entre eux ont moins de 40 ans. Selon les derniers chiffres disponibles au niveau de l’État de l’agriculture wallonne, relatifs à l’année 2020, un chef d’exploitation sur cinq a moins de 45 ans. On peut donc estimer que nos résultats correspondent à la réalité du terrain.

Au niveau des résultats globaux, le podium des intentions de votes se compose du MR, suivi des Engagés et d’Écolo. Ce top 3 est inchangé par rapport à 2019. On observe cependant une méforme des réformateurs, en recul de près de 13 % auprès des répondants. A contrario, Les Engagés grimpent de plus de 13 %.

La refonte du mouvement centriste présidé par Maxime Prévot semble porter ses fruits. La bonne forme de son parti, déjà mise en évidence par nos confrères de la presse quotidienne et télévisée, se confirme ici également. Sans en avoir la certitude, il y a une forte probabilité que les voix perdues par le parti de Georges-Louis Bouchez aient été récupérées par Les Engagés ; ces deux partis ayant généralement les faveurs du monde agricole.

Le 9 juin, la réalité des urnes prendra  le pas sur les résultats des sondages.
Le 9 juin, la réalité des urnes prendra le pas sur les résultats des sondages. - roibu - stock.adobe.com

À gauche de l’échiquier politique, Écolo et le PS perdent respectivement 1,68 % et 1,34 % entre 2019 et 2024. Le PTB, lui, grappille 2,35 % supplémentaires, tandis que Défi reste sous la barre de 1 %. Le parti amarante, tourné historiquement vers la défense des intérêts et des droits des francophones en région bruxelloise, n’a jamais réellement percé en Wallonie. Par ailleurs, les guerres internes au parti survenues ces dernières semaines n’ont pas contribué à lui construire un image positive.

Le pourcentage de répondants votant blanc ou s’abstenant se maintient aux alentours de 3 %.

Rappelons que ces chiffres reflètent les intentions de vote des 298 répondants à ce sondage et non de l’ensemble des lecteurs du Sillon Belge ou de la communauté agricole wallonne.

L’usure du pouvoir toucherait-elle le MR ?

Si l’on se consacre plus particulièrement aux agriculteurs à titre principal et complémentaire, le trio de tête demeure inchangé. Le MR rafle plus de la moitié des voix, Les Engagés près d’un tiers et Écolo, bien que sous 5 % des intentions de vote, complète le podium.

C’est néanmoins un coup dur pour les réformateurs, qui accusent un revers de près de 20 % entre 2019 et 2024. En Région wallonne, le portefeuille de l’agriculture est aux mains d’un ministre libéral, Willy Borsus. Le MR payerait-il l’usure du pouvoir ? Et ce, d’autant qu’à l’échelle fédérale, cette matière est gérée par un ministre issu du même sérail, David Clarinval. Dans une moindre mesure, cela pourrait influencer le choix des électeurs d’un niveau de pouvoir à l’autre.

Les Engagés, quant à eux, doublent leur score. On les sait attachés aux matières agricoles. Pour mémoire, Benoît Lutgen, Carlo Di Antonio et René Collin ont successivement occupé la même place que Willy Borsus entre juillet 2004 et septembre 2019, soit quinze ans.

Nul ne peut prédire quelle majorité se mettra en place au lendemain du 9 juin. Si ces deux partis montent ensemble dans le gouvernement wallon, il y a fort à parier qu’ils se disputeront âprement ce maroquin.

Les partis de gauche convainquent moins les agriculteurs. À l’extrême gauche toutefois, le PTB gagne près de 3 %. Tirerait-il parti de sa position ferme à l’égard des traités de libre-échange mis en place par l’Union européenne ?

Du côté des non agriculteurs, le classement est quasi identique : MR (37,90 % contre 41,94 % en 2019), Les Engagés (30,65 % contre 19,35 %), Écolo (15,32 % contre 17,74 %), PS (4,84 % contre 7,26 %), PTB (4,03 % contre 2,42 %) et Défi (0,81 % contre 0 %). 4,03 % des répondants entendent voter pour un autre parti (6,45 % en 2019) tandis que 2,42 % des sondés affirment vouloir voter blanc ou ne se rendront pas aux urnes (4,84 % en 2019).

Le MR accuse donc un léger recul, tandis que Les Engagés effectuent un bond de plus de 10 %. Écolo se maintient, à peu de chose près, et réalise, dans notre sondage, un bien meilleur score auprès des non agriculteurs que des agriculteurs. La part des sondés affirmant vouloir remettre un bulletin blanc, voire aucun bulletin, chute de moitié. On peut y déceler une envie d’exprimer davantage son opinion et ce, alors qu’une certaine lassitude politique touche certaines tranches de la population.

Pour qui votent les moins de 40 ans ?

Une analyse par tranche d’âge est riche d’enseignements. Si l’on retrouve notre incontournable trio de tête, on remarque que le MR séduit plus de la moitié des moins de 40 ans, loin devant les autres formations. Bien qu’arrivant en deuxième position, Les Engagés accusent en effet un retard de plus de 25 %.

Chez les plus de 40 ans, les libéraux conservent leur première position, mais l’écart avec les centristes est plus faible (12 %).

Écolo réalise un meilleur score dans la tranche d’âge inférieure. On sait que les verts performent généralement mieux auprès des plus jeunes ; cela se reflète dans nos chiffres. À gauche toujours, le PTB réalise un meilleur score chez les plus de 40 ans tandis que le PS séduit, grosso modo, la même part des plus et moins de 40 ans.

Aucun des répondants de 40 ans ou moins affirme vouloir s’abstenir ou remettre un bulletin blanc. Ils sont pourtant près de 4 % des plus de 40 ans à être dans ce cas. Cela témoigne probablement d’une certaine déception vis-à-vis de l’appareil politique wallon, après avoir exprimé son opinion à plusieurs reprises, mais aussi du sentiment de ne pas être écouté, année après année, élections après élections…

Jérémy Vandegoor

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