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Pourquoi opter pour du maraîchage sur planches permanentes?

En maraîchage, le choix de la culture à plat ou sur planches permanentes revient régulièrement. Bien plus qu’une question de technique de mécanisation et d’accès aux parcelles individuelles, la situation pédologique et le drainage jouent également un rôle déterminant.

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L’organisation de la gestion du temps et des espaces de plein air, et donc la question du travail influence le choix du travail sur planches permanentes ou pas. Celui-ci est un choix judicieux dans les fermes maraîchères diversifiées grâce à la facilité d’accès à toutes les zones de production, quel que soit le moment ou les conditions climatiques

Par ailleurs, les méthodes de travail des planches permanentes peuvent maintenir ou améliorer la fertilité. Les avancées permises par le guidage aidé complètent les expériences pratiquées par les maraîchers eux-mêmes.

Au niveau des aspects pédologiques

Les fermiers connaissent bien leurs parcelles. Ceux qui s’installent sur des terrains encore peu connus peuvent se renseigner chez les voisins et sur le site WalOnMap. Cette plateforme permet de localiser très facilement les zones agricoles, mais aussi d’obtenir des informations précises au sujet de la nature des sols et leur classe naturelle de drainage. Ces renseignements permettent de mieux appréhender l’utilité de travailler sur planches ou à plat.

Si la classe de drainage ou si les observations in situ caractérisent un sol qui se ressuie lentement, le travail sur planche peut permettre de réaliser les tâches dans de bonnes conditions plus tôt au printemps et plus tard en automne. Un facteur important pour les agriculteurs, en général, et tout particulièrement dans les fermes orientées vers une vente de produits végétaux 12 mois sur 12.

Se faciliter le travail grâce aux allées larges

Les allées larges entre les planches simplifient toutes les interventions du personnel. Une correction de l’enherbement, les observations, les cueillettes et les récoltes en sont facilitées. Les traces de roues étant pratiquement toujours aux mêmes endroits en planches permanentes, les parties du champ consacrées aux cultures proprement dites sont respectées quant aux tassements mécaniques. La décompaction y est donc facilitée. Notons que les parcelles au profil topographique vallonné présentent des problèmes d’évacuation d’eau dans les allées larges des traces de roues des engins chaque fois que l’eau de pluie ou d’irrigation s’y accumule.

Les méthodes modernes de pilotage

La précision permise actuellement par les aides au pilotage des tracteurs permet, sans aucun doute, de nouvelles perspectives de gestion des travaux des champs. Toutefois, à l’échelle de beaucoup de fermes maraîchères wallonnes, cela reste inaccessible économiquement.

Pourtant, l’intérêt est déjà grand. D’une part le maraîchage peut être une diversification d’une ferme classique déjà équipée de barres de guidage. D’autre part, les travaux mécanisés sont souvent confiés à des entreprises agricoles qui peuvent également en être pourvues.

Une reprise rapide au printemps et une meilleure activité biologique

L’entrée beaucoup plus rapide au printemps est le premier avantage pratique des cultures sur planches permanentes. Il faut aussi moins d’énergie pour ameublir les surfaces cultivées proprement dites. De plus, le rendement global sur l’ensemble de la parcelle est amélioré grâce à de meilleures structures de sol. Et attention, il est essentiel d’interdire tout travail lorsque le terrain est trop humide. La fertilité, quant à elle, est améliorée grâce au respect d’une bonne aération du sol.

Concernant les maladies et ravageurs, il n’y a pas ou peu de différence par rapport à une culture en plein.

En outre, on peut gagner du temps dans la gestion parcellaire parce que dès qu’une planche se libère, il est aisé de la préparer pour la culture suivante.

Enfin, le Pôle légumes région Nord, en France, a travaillé sur le sujet en sols assez lourds et à drainage modéré. Après des années d’études, il est apparu que l’enherbement est plus difficile à maîtriser sur planches permanentes, les résidus de cultures sont plus difficilement incorporés au sol, la structure tend à se dégrader dans les horizons inférieurs (compaction). Cependant, l’état de surface est favorable à la reprise des sols au printemps, l’activité biologique est améliorée et la biomasse est augmentée.

Les écartements de semis ou de plantation sont optimisés pour une utilisation rationnelle de la surface. Ainsi, même les espaces entre les planches se trouvent partiellement recouverts par le feuillage des cultures en place.
Les écartements de semis ou de plantation sont optimisés pour une utilisation rationnelle de la surface. Ainsi, même les espaces entre les planches se trouvent partiellement recouverts par le feuillage des cultures en place. - F.

Choisir le bon engin pour travailler le sol

Plusieurs types d’engins sont disponibles sur le marché des machines maraîchères, sans compter les constructions artisanales locales. Le tracteur enjambe la planche et roule toujours sur les mêmes traces. L’objectif est de disposer d’un sol meuble de bonne structure sur toute la largeur de la planche.

La butteuse à disques est profilée pour travailler le sol et réaliser un pseudo-labour très superficiel. Elle permet l’incorporation de matières organiques fraîches et de composts, et ce dans les dix ou quinze premiers centimètres, une profondeur idéale.

Le cultivateur à dents rigides permet un ameublissement profond, sans retournement du sol. Deux disques latéraux remettent la terre fine éboulée dans la planche cultivée. Les socs étroits conviennent bien pour extirper les rhizomes. Les socs larges démontent, eux, facilement les cultures d’engrais verts. Des roues de terrage permettent de travailler avec un tracteur à puissance de relevage modérée. Les outils à fortes dents rigides peuvent décompacter le sol de la planche sans nécessiter de labour, la culture en planches est adaptée au travail de décompactage par des outils à dents, c’est-à-dire sans retournement. La profondeur de travail sera changée à chaque passage pour éviter l’apparition d’une semelle de pseudo-labour.

Le cultivateur à dents vibrantes convient bien pour affiner, préparer les semis et faux semis. Le rouleau arrière stabilise la profondeur de l’engin.

Les machines à mouvements commandés et axe horizontal (roto fraise) ou axes verticaux (herses rotatives) permettent l’affinement des mottes et un travail d’aspect impeccable. Il est important de s’assurer que le terrain soit suffisamment ressuyé et de vérifier le profil en profondeur avec une bêche avant de commencer les opérations.

Ces machines se complètent pour s’adapter aux différentes circonstances du travail du sol.

Les butteuses à asperges sont des outils disponibles sur le marché et adaptables pour d’autres cultures. Elles sont équipées pour butter et pour débutter.

La structure du sol sur la planche peut être idéale.
La structure du sol sur la planche peut être idéale. - F.

Gérer les entre-planches

La terre des entre-planches est compactée par le passage des engins. Il peut être nécessaire de la décompacter pour améliorer le drainage, mais il est préférable d’éviter de la remettre telle qu’elle sur la zone semée ou plantée.

La hauteur des planches peut aller de quelques centimètres seulement, c’est-à-dire la profondeur des empreintes des roues dans les passages, jusqu’à une quarantaine de centimètres dans les sols à drainage modéré.

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