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En Wallonie, une année 2023 au-dessus de la moyenne, sans être exceptionnelle

La direction de l’analyse économique agricole de la région wallonne a dévoilé, le 6 décembre dernier, les chiffres clés de l’agriculture pour l’année 2023.

Temps de lecture : 6 min

Au niveau météorologique, l’année 2023 a été une année exceptionnellement chaude et humide. Au niveau des cultures, les pluies du printemps ont perturbé et retardé l’implantation des cultures de printemps.

L’érosion du nombre d’exploitation se poursuit

Les rendements en céréales sont mitigés. Les betteraves sucrières, malgré un bon rendement à l’hectare, se caractérisent par un taux de sucre très faible. Enfin, les conditions automnales très humides ont perturbé les récoltes des betteraves, chicorées et pommes de terre.

En Wallonie, le nombre d’exploitations ainsi que leurs facteurs de production (terre et cheptel) poursuivent la même tendance que celle observée ces dernières années c’est-à-dire, une lente érosion du nombre d’exploitations et un agrandissement de leur taille moyenne.

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L’année 2022 a été exceptionnelle avec des prix de marché particulièrement élevés. En revanche, 2023 a marqué une baisse des prix, notamment pour les matières premières agricoles telles que les céréales, les oléo-protéagineux et le lait. Cette diminution entraîne en 2023 une baisse des produits économiques par rapport à 2022. Cependant, ces produits restent à un niveau élevé si l’on compare avec la moyenne de la dernière décennie. Parallèlement, les charges sont en augmentation, prolongeant la tendance observée en 2022.

Cette double évolution – baisse des prix et hausse des charges – conduit à un revenu du travail de 661 € par hectare de superficie agricole utilisée (SAU) en 2023. Ce niveau est comparable à celui de 2021, mais bien inférieur à celui de 2022 (1.018 €/SAU). Malgré cela, il reste supérieur à la moyenne des dix dernières années.

Ce revenu est le résultat économique de l’exploitation après avoir couvert l’ensemble des charges réelles et calculées sur les capitaux en propriété. Cela permet de comparer les exploitations entre elles car le mode de rémunération des facteurs de production (terre, capital et travail) est le même dans toutes les exploitations.

Les jeunes s’installent en moyenne à 26 ans

En 2023, 12.423 exploitations gèrent 733.907 ha de superficie agricole utilisée en Wallonie soit un peu moins de la moitié de la superficie régionale (tableau 1). Depuis trois décennies, la Wallonie a perdu un nombre important d’exploitations mais depuis 10 ans, ce phénomène semble se stabiliser. Toutefois, en 2023, cette perte est un peu plus importante. Les fermes disparues sont reprises, bien souvent, par d’autres ce qui entraîne une augmentation de la superficie moyenne. En moyenne, les exploitations agricoles gèrent 59 ha.

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En 2023, malgré cette disparition, 311nouveaux agriculteurs se sont installés en Wallonie et parmi ceux-ci 78 % sont des jeunes, c’est-à-dire âgé de moins de 41 ans. Vu la difficulté de la reprise des exploitations agricoles, la question du renouvellement des générations est cruciale pour garantir une production alimentaire locale et le maintien des exploitations familiales.

En effet, seul un cinquième des exploitations wallonnes compte au moins un jeune. Ceux-ci représentent 17 % de la main-d’œuvre régulière. En moyenne, ils s’installent à l’âge de 26 ans. Presque la moitié des jeunes se trouvent dans des exploitations spécialisées en bovins (laitiers, viandeux ou les deux) et un quart des exploitations avec au moins un jeune sont spécialisées en grandes cultures.

La Wallonie, terre d’élevage

La Wallonie se caractérise par une répartition géographique particulière des types d’exploitation. Le Sud est occupé par une majorité d’exploitations spécialisées en bovins viandeux. À l’Est, ce sont les exploitations spécialisées en bovins laitiers qui sont principalement observées. Tandis qu’au Nord, les exploitations sont essentiellement spécialisées en grandes cultures. L’Ouest se caractérise plutôt par une agriculture « mixte » et il y est plus difficile d’observer des orientations technico-économiques (Ote) dominantes.

Les fermes spécialisées en élevage (bovins laitiers et/ou viandeux) dominent le paysage agricole wallon et représentent pratiquement la moitié des exploitations professionnelles. Ce chiffre est corrélé à la présence de superficies fourragères sur la moitié du territoire agricole. Cependant, au fur et à mesure des années, les exploitations spécialisées en grandes cultures prennent de l’importance.

En effet, les détenteurs, d’au moins 10 bovins, sont de moins en moins nombreux ces dernières années (perte d’environ 3 %/an), engendrant un phénomène de concentration du cheptel au sein des élevages. Ce constat est encore plus vrai pour les exploitations spécialisées en bovins laitiers. Malgré ce phénomène, la Wallonie reste une terre d’élevage avec plus d’un million de bovins. En 2023, le cheptel bovin moyen est de 153 têtes par exploitation détentrice.

La rentabilité revient au niveau de 2021

Pour l’année 2023, en moyenne, l’ensemble des produits de l’exploitation en Wallonie moyenne atteint une valeur de 3.580 €/ha, aides comprises, soit un niveau élevé bien qu’il soit en recul de 8 % par rapport à 2022. La baisse observée est principalement due à une baisse des prix des matières premières agricoles (céréales, lait, etc.). Les produits des herbivores et des cultures fourragères représentent 44 % du total des produits, étant donné le poids de l’élevage bovin en Wallonie. Les produits des cultures commerçables, quant à eux, représentent environ 30 % du total.

En 2023, alors que les produits ont diminué, les charges ont continué d’augmenter, prolongeant ainsi la tendance observée en 2022 pour ce paramètre. Cette augmentation résulte principalement de la hausse des charges de structure, tandis que les charges opérationnelles sont restées relativement stables. L’ensemble des charges (hors salaires de la main-d’œuvre familiale et salariée) atteint 2.919 €/ha.

En 2023, au départ d’une marge brute de l’ordre de 1.515 €/ha de SAU, l’exploitation wallonne obtient un excédent brut de 1.231 €/ha de SAU et un revenu du travail de 661 €/ha de SAU (tableau 2). Après quelques années de stabilité, ces valeurs ont entamé une hausse à partir de 2020 pour passer par un pic en 2022 avant de retrouver des valeurs proches de l’année 2021.

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Outre ces évolutions, de grandes disparités existent entre les différentes orientations technico-économiques [OTE]. Pour plus d’informations, le site internet de l’État de l’agriculture wallonne, reprend des analyses économiques détaillées de la rentabilité des exploitations spécialisées en grandes cultures, en bovins laitiers et en bovins viandeux.

Au niveau des exploitations spécialisées en grandes cultures, après les hausses observées depuis 2020, le revenu du travail par unité de travail [Rt/Ut] de 2023 atteint la valeur de 45.323 €/Ut. La descente est brutale même si cette valeur est supérieure à celles observées ces dix dernières années ainsi qu’à la moyenne régionale (33.286 €/Ut).

L’année 2022 est à marquer d’une pierre blanche pour les exploitations spécialisées en bovins laitiers, avec une progression du revenu du travail par unité de travail de pratiquement 200 % par rapport à 2021. Malheureusement, l’année 2023 n’a pas suivi la même tendance et enregistre une baisse de 38 % de ce revenu par rapport à 2022. Il atteint la valeur de 43.179 €/Ut, valeur bien supérieure à la moyenne des dix dernières années (29.197 €/Ut) mais également à la moyenne par l’exploitation wallonne.

En 2023, le revenu du travail des exploitations spécialisées en bovins viandeux reste nettement inférieur à celui des autres types de production. Il atteint seulement 15.594 €/Ut. Étant donné que ces exploitations ont enregistré une hausse plus modérée en 2022, la baisse en 2023 est également moins marquée, avec une diminution de 14 %. Pour mettre ce chiffre en perspective, le revenu des exploitations spécialisées en bovins viandeux représente la moitié de celui des exploitations agricoles wallonnes moyennes.

2024, moins bonne année pour l’économie agricole ?

Les prix de plusieurs productions importantes sont restés à des niveaux assez bas en 2024, voire ont encore baissé pour certains. Mais surtout, dans le secteur des grandes cultures, les rendements en céréales et betteraves sont mauvais.

Du côté de l’élevage, la fièvre catarrhale ovine (Fco), ayant frappé notre région durant l’été, a impacté nos élevages. En revanche, le prix du lait et des bovins ont augmenté. Ces différents éléments font dire que 2024 risque de ne pas être une année exceptionnelle au niveau économique. Cela devra évidemment être confirmé par les données comptables.

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