Pendant la culture de betterave, les moyens de lutte contre les pourritures racinaires sont quasi inexistants, c’est pourquoi, il est important de pouvoir les identifier afin de limiter leur développement par des mesures prophylactiques en cours de la rotation, par un choix variétal adapté ou encore par un arrachage précoce limitant au maximum les blessures racinaires ou une conservation courte et isolée des tas. Les pourritures racinaires sont notamment causées par des pathogènes attaquant les betteraves en cours de cultures. Il peut s’agir de champignons du sol tels que l’aphanomyces (Aphanomyces cochlioides), le rhizoctone brun (Rhizoctonia solani) ou le rhizoctone violet (Rhizoctonia violacea ou Rhizoctonia croccorum), mais aussi du nématode du collet, de la bactérie Erwinia ou encore du virus de la rhizomanie (transmis par un champignon du sol, Polymyxa betae). Des facteurs abiotiques, tels qu’une carence en bore ou le gel, ainsi que le développement de champignons de conservation (Botrytis, Fusarium, Sclerotinia, Penicillium ) peuvent également être responsables de pourritures racinaires.
Aphanomyces
Les symptômes
L’année passée, suite à des conditions climatiques très humides, l’aphanomyces a fait son grand retour, après 25 ans d’absence.
Au stade plantule, l’aphanomyces est connue sous le nom de maladie du « pied noir » et les fongicides présents dans l’enrobage des semences le combattent habituellement bien.
Au niveau foliaire, les betteraves atteintes par cette pourriture ne présentent aucun symptôme, sauf dans le cas d’attaque importante où un flétrissement temporaire peut être visible par temps sec. Des symptômes racinaires sont par contre bien observables. Les racines présentent des malformations et des zones pourries avec un éclatement de l’épiderme. Des crevasses superficielles spongieuses, une nécrose des tissus ou encore une pourriture sèche superficielle peuvent également être visibles. Néanmoins, la pourriture étant superficielle, son développement pose peu de problèmes lors de la conservation.

Les facteurs favorables
Les parcelles à pH acide, à faible teneur en calcium, avec des problèmes de structure et de drainage entraînant des sols asphyxiés ou encroûtés sont plus exposées à la maladie. Les rotations courtes, les fortes pluies et un sol chaud et humide contribuent également à son développement.
Les moyens de lutte
Aucun moyen de lutte n’étant possible en cours de culture (ni fongicide, ni travail du sol), il est conseillé d’améliorer la structure et le drainage de des parcelles sensibles ainsi que de corriger leur pH par l’apport d’un amendement calcaire avant l’implantation des betteraves.
Le rhizoctone brun
Le rhizoctone brun est la maladie racinaire la plus fréquente en Belgique. La conservation de betteraves atteintes par cette maladie pose beaucoup de soucis car le champignon pénètre jusqu’au centre des racines. Au plus la conservation de celles-ci est longue, au plus elles pourrissent.
Les symptômes
La maladie apparaît souvent par foyers avec un jaunissement et un flétrissement des feuilles de l’extérieur vers l’intérieur. La croissance de la plante est tout d’abord est freinée et, par la suite, celle-ci peut mourir.
Au niveau racinaire, l’attaque débute soit par taches sur la racine soit au niveau du collet avec une teinte brun noir prononcée. Les taches sont visibles dès la fin juin. La moisissure pénètre dans l’entièreté de la betterave. Des infections secondaires amplifient la pourriture superficielle et engendrent une odeur d’humus forestier.

Les facteurs favorables
La maladie se développe plus facilement en sols légers et pH acide. Elle est favorisée par une mauvaise structure du sol et la compaction. Un excès de fumure et une mauvaise dégradation des résidus de cultures ou des couverts enfouis lui sont aussi grandement profitables. Le rhizoctone brun est fréquemment présent dans des exploitations mixtes qui ont du maïs et du ray-grass dans leur rotation et qui épandent régulièrement des matières organiques.
Les moyens de lutte
Afin de limiter son développement, on recommande d’utiliser des variétés doubles tolérantes rhizomanie-rhizoctone brun. On privilégiera aussi un bon travail du sol superficiel pour une bonne incorporation des résidus et l’amélioration de leur dégradation. Comme sous-entendu ci -avant, les précédents maïs (grains) et ray-grass sont à éviter ainsi que les excès de fumure minérale comme organique.
Le rhizoctone violet
Les symptômes
Les symptômes foliaires du rhizoctone violet sont peu visibles au moment de l’arrachage si ce n’est une légère dépression du feuillage avec des jaunissements dans les zones plus fortement touchées.
Les symptômes racinaires de la maladie apparaissent quant à eux tardivement en saison et sont facilement caractérisables. L’infestation

Le nématode du collet
Le nématode migre dans l’eau du sol vers le bouquet foliaire des plantes et y pénètre via le collet.
Les symptômes
Chez les jeunes plantules, la maladie se manifeste par une distorsion et un gonflement. Les plantes peuvent aussi présenter une déformation des feuilles.
Les racines laissent quant à elle apparaître des cavités liégeuses, parfois profondes au niveau du collet que l’on peut parfois confondre avec des symptômes du rhizoctone.

Les facteurs favorables
Le nématode apparaît plus fréquemment en semis précoces, sol très humide et lors d’épisodes de températures faibles en mai et juin associés à un développement lent de la betterave. Une rotation avec des plantes hôtes telles que l’avoine, l’oignon, le haricot ou la fève lui est aussi favorable.
Les moyens de lutte
Pour lutter contre le nématode, on conseille d’allonger la rotation et d’éviter les plantes hôtes ainsi que la moutarde ou l’avoine en interculture.
La carence en bore
Les carences en bore s’observent dans des sols à faible teneur en bore ou lors de blocage de l’assimilation.
Les symptômes
Dans ce cas, les feuilles du cœur de la betterave restent petites et meurent. Des taches brunes nécrotiques apparaissent sur les pétioles et les feuilles ont un port horizontal. Les feuilles plus âgées jaunissent et deviennent cassantes, puis noircissent et meurent.
Le collet présente quant à lui des fissures et de la pourriture sèche. Le développement de la maladie se fait par zones au sein de la parcelle.
Les facteurs favorables
La disponibilité du bore est fonction du pH du sol : pHKCl entre 6,0 et 6,5 pour des sols sablo-limoneux et pHKCl entre 6,7 et 7,1 pour des sols limoneux. Elle peut aussi être limitée par une sécheresse au printemps. Un blocage peut avoir lieu suite à l’apport d’amendement calcaire avant la culture de betterave.
Les moyens de lutte
Une application préventive de bore de 500 g /ha est toujours recommandée dans les terres à faible teneur en bore (<0,50 mg/kg de sol).
Rendement et qualité des racines
L’impact des maladies racinaires sur le rendement et la qualité de la culture est toujours dépendant du niveau d’infection de la parcelle. Dans le cas d’aphanomyces, l’effet sur la qualité sera plus limité tandis que le rendement dépendra surtout des casses et déformations racinaires visibles lors de la récolte.
Du fait de la pourriture rapide, le rhizoctone brun impactera par contre plus fortement le rendement et la qualité des betteraves. L’impact du rhizoctone violet sera quant à lui plus limité aussi longtemps que l’attaque restera superficielle.
Le nématode du collet peut avoir un très gros impact car la pourriture qu’il engendre est très rapide.
Le chaulage à l’aide d’écumes de sucrerie peut jouer un rôle positif contre les maladies racinaires.
«Il s’agit d’un amendement calcique efficace qui apporte une correction rapide de pH des sols trop acides et est une source de phosphore et de magnésie. Il permet également de stimuler l’activité biologique des sols d’améliorer leur stabilité structurale des sols», explique Françoise Vancutsem.