Avec soin et qualité, la laine wallonne est prête à reprendre un nouvel élan!
Valbiom organise, pour la seconde édition, une collecte de laine dans différentes régions du sud de notre pays. De juin à septembre, les éleveurs, hobbystes ou professionnels, peuvent donc venir y déposer le fruit de la tonde, et recevoir une compensation financière selon la qualité du produit. L’objectif ? Transformer cette laine 100 % wallonne pour en faire de l’isolant, des feutres maraîchers ou encore des couettes ou des matelas.

En 2024, ces collectes avaient déjà rencontré un beau succès avec pas moins de 42 t ramassées dans cinq endroits en Wallonie. Cette année, six lieux sont disponibles : Faulx-les-Tombes, Botrange, Viroinval, Houffalize, Étalle et Mons. Bien que certaines collectes affichent déjà complet (plus d’infos ci-dessous), cette action permet à tout un chacun de valoriser la laine de son troupeau. En effet, selon les chiffres de Valbiom pour l’année passée, le nombre de kilos de laine déposé par éleveur variait fortement : de 2 à… 1.600 kg ! Quant au prix, en moyenne, chaque participant a pu gagner 165 €.
Cependant, ce dernier peut fortement changer en fonction de la qualité du produit déposé… Cela débute à 30 centimes jusqu’à 1,50 € du kg. Ainsi, il existe quatre catégories distinctes. La première, moins triée, colorée… servira à concevoir de l’isolant et des feutres maraîchers. La deuxième catégorie est, elle, destinée à faire du rembourrage et des matelas. C’est la laine blanche. Si celle-ci est de très haute qualité (très blanche, fine…), elle sera transformée en couette. Et tout cela grâce à l’entreprise Woolconcept.
Enfin, la laine la plus chère, provenant de certaines races de moutons, partira, elle, chez la Heid de Frenay qui propose des créations en feutre comme des semelles, tapis de yoga, gym ou de sol, plaids, sacs, paniers…
« Lorsque l’éleveur arrive, on choisit la catégorie, on pèse, et on donne des indications pour augmenter la qualité de leur produit, comme enlever la paille avant de tondre. Puis, on charge dans le camion », explique Pauline Gillet, cheffe de projets pour les produits biosourcés chez Valbiom.
Redonner de la valeur à ce produit
Notons que jusqu’en 2022, un négociant en laine proposait des collectes en Wallonie. « Cependant, ce métier a malheureusement cessé avec l’arrêt de certains acteurs de la filière », poursuit la cheffe de projets. Elle ajoute : « Mais pour les éleveurs, savoir que l’on valorise leur laine est super important. Elle est également le reflet de l’état de santé de leurs animaux. Par exemple, suite à la FCO, certaines laines sont très cassantes ».
Puisque le fruit de la tonte n’était plus récupéré, les détenteurs d’ovins ont, évidemment, accordé moins d’attention à la qualité de cette ressource. « Chez Valbiom, nous travaillons sur ce secteur depuis 2022. Nous voulions donc réorganiser rapidement ces collectes pour redonner de la valeur à ce produit ».
Une réorganisation des ramassages qui n’est pas sans déplaire aux nombreux propriétaires de moutons, dont certains ont même pu payer le prix de la tonte grâce à l’argent récupéré. « C’était encore le cas jusqu’en 2011. Ensuite, la laine a dévalué, car il s’agit d’un marché mondial, avec une concurrence d’autres pays comme la Nouvelle-Zélande et l’Australie qui en produisent une plus fine et avec beaucoup d’usages possibles. Il y avait une offre trop conséquente en Europe, donc son prix a diminué. Notre ambition n’est pas qu’elle repaie la tonte, mais plutôt qu’elle soit de qualité, pour pouvoir être transformée selon la demande ».
Lever les freins du grand public
Pour que la tendance s’inverse, il est ainsi primordial de travailler avec la meilleure matière possible, que les entreprises soient partantes, mais aussi que les consommateurs répondent présent. Un grand public avec encore de nombreux a priori. Par exemple, qui n’a jamais entendu qu’un pull en laine grattait ? Pour certains, les matelas fabriqués avec elle sont inabordables. Des idées reçues qui ne reflètent pourtant plus les réalités du terrain. « Ces préjugés du grand public peuvent freiner sa consommation… », regrette Pauline Gillet.
Pour lever ces freins, différentes actions sont mises en place. C’est notamment le cas de Made in Wool, le plus grand salon de la laine en Belgique, organisé en septembre. L’opportunité de promouvoir cette fibre et de (re)découvrir ses multiples usages.
Et avec environ 250 t de laine produites chaque année, la Wallonie possède un réel potentiel pour valoriser cette matière agricole et lui redonner un nouveau souffle.