Haute école Charlemagne : les étudiants créent du mobilier design… avec des plastiques agricoles!
Une chose est sûre : les étudiants de la haute école Charlemagne ne manquent ni de talent, ni de créativité. Dans le cadre de leur cours sur l’entrepreneuriat, ces jeunes de première master ont créé plusieurs projets innovants. Des plastiques agricoles transformés en mobilier design, au cornet permettant, même aux intolérants au lactose, de déguster une glace… tour d’horizon de ces réalisations que l’on espère retrouver dans le monde de demain.



L’année passée, déjà, des étudiants avaient fait la fierté de leur haute école Charlemagne, située à Huy. Ces futurs ingénieurs avaient alors développé un fil de suture changeant de couleur en cas d’infection. Une véritable success-story puisqu’ils avaient raflé plusieurs prix lors de concours d’entrepreneuriat.
Cette année, rebelote. Ces jeunes se sont de nouveau creusé les méninges pour concevoir des projets originaux. C’est notamment le cas d’Isirecyle. L’objectif : donner une nouvelle vie aux plastiques agricoles. Des déchets dont certains fermiers peinent à se débarrasser… « Pour la province de Liège, Intradel les collecte et les envoie aux Pays-Bas pour y être retransformés en billes de plastique. Mais cela a un coût », explique Justine Barbier. Sa condisciple Aline Henrot embraie : « Dans d’autres endroits en Wallonie, où il y a beaucoup d’agriculteurs, ce sont eux qui doivent payer pour les faire enlever. Parfois, cela peut monter à 250 € la tonne, sachant qu’en moyenne, dans une ferme, il y a entre 4 et 6 t. Cela représente une somme importante ».
Une réalité de terrain…
Ces deux étudiantes savent de quoi elles parlent. Filles d’agriculteurs, la problématique du plastique ne les laisse pas indifférentes. Dès lors, avec leur groupe composé de cinq étudiants de 1re master en agronomie, elles ont imaginé le moyen de transformer ces déchets en… matériaux design. Après des mois de dur labeur, l’équipe a finalement réussi à imaginer du mobilier de jardin composé d’une table et de bancs. Et attention, pas n’importe quels bancs, ils sont inclusifs. « Les grands-parents rencontrent parfois des difficultés à s’asseoir sur des meubles standards. Il fallait que ce soit accessible à tout un chacun, même aux personnes porteuses de handicap », ajoute Justine.
L’idée mise sur papier, fallait-il encore la rendre réelle. Pour cela, direction le labo. « Nous avons travaillé avec le four de l’école. On a dû fabriquer le moule, presser le plastique », se souvient Tomas Ruelle qui a justement repris les plastiques de la ferme laitière dans laquelle il travaille.
Résultat ? Un banc noir, marbré, et design qui pourra prendre joliment place sur les terrasses de jardin. On retrouve aussi des plaques de plastique de différentes couleurs : « il pourrait être possible de revendre celles-ci à des designers afin qu’ils les transforment selon leur volonté ».
Ingénieuse et écoresponsable, cette innovation participera au concours Agreen startup lors de la Foire de Libramont. De quoi, qui sait, permettre à ces jeunes de rafler un nouveau prix. En effet, ce projet s’inscrivait dans le Young Enterprise Project (YEP). Une compétition lors de laquelle ils se sont hissés sur la deuxième place du podium… juste derrière d’autres étudiants de Charlemagne !
Un cornet de glace spécial pour les intolérants au lactose
Cette première place, justement, a été remportée par Lactozen développé par les étudiants en bio-industries. Là encore, leur idée a de quoi en séduire plus d’un… Son but est de permettre, même aux intolérants au lactose, de déguster une glace sans endurer de l’inconfort digestif. Pour ce faire, ils ont créé un cornet à base de drêches de brasserie enrobé d’un sirop contenant de la lactase. « Amory, l’un des membres de notre groupe, était intolérant au lactose. Il nous a fait part des problèmes déjà rencontrés. Nous avons essayé d’y apporter une solution. La lactase, une enzyme produite naturellement dans le corps humain, mais déficitaire chez les intolérants, dégrade le lactose contenu dans la glace. En outre, en utilisant des drêches, notre produit s’inscrit dans l’économie circulaire. Puis, il est riche en fibres, en protéines, et moins calorique qu’un cornet traditionnel », indique Florian Vanhole.
Le cornet ressemble à un cône traditionnel, sauf le sirop de sucre, enrichi en lactase, mis sur le dessus. Là est toute la différence. « Nous l’avons mis sur le dessus car nous avons remarqué que tous les consommateurs ne mangent pas la totalité du cornet ». Autre membre de l’équipe, Gabriela Mosena acquiesce : « Et ils peuvent manger n’importe quelle glace ! » Pareil pour un milk-shake, le principal étant de consommer le cornet et le produit laitier dans un laps de temps de 30 minutes.
Testé sur des intolérants au lactose, ce cône a tenu ses promesses. Quant à son prix, les étudiants l’ont fixé à 40 centimes d’euro l’unité. « C’est plus cher que le traditionnel, toutefois la glace sans lactose est également plus onéreuse », ajoute Gabriela.
Sachant qu’une personne sur cinq souffre de cette pathologie, cette réalisation s’inscrit, sans aucun doute, dans une problématique actuelle. D’ailleurs, outre la médaille d’or au Young Enterprise Project, elle a remporté Ecotrophélia organisé par la Févia. L’équipe représentera donc la Belgique au concours Ecotrophélia Européen organisé à Cologne début octobre. Sur le plan international, aussi, elle a brillé à Athènes lors du Gen-E 2025 où elle est repartie avec le premier prix. Une première pour la Belgique francophone et pour ces entrepreneurs qui comptent poursuivre sur leur belle lancée en essayant de lancer leur entreprise à la fin de leurs études.
Manger des nouilles saines grâce à la spiruline
Toujours au niveau de l’alimentation, une autre équipe en bio-industries a, quant à elle, imaginé Nutrisy. Il s’agit d’une portion de nouilles prête en 3 minutes à base de spiruline et de drêches de brasserie. Riche en protéines et vitamines, elle permet de prendre un repas rapide, nourrissant et sain. En outre, ce plat sera servi dans un emballage 100 % recyclable. « La spiruline est une algue riche en protéines. Ces nouilles pourront nourrir les sportifs, les personnes en activité constante qui n’ont pas nécessairement le temps de s’alimenter correctement », ajoute Louis Debrandt.
Afin d’obtenir un plat bénéfique pour la santé sans lésiner sur le goût, différents tests ont été réalisés. Matéo Everaert, l’un des membres du groupe, s’est attelé à la tâche en essayant plusieurs recettes. Finalement, les nouilles sont agrémentées d’un bouillon de légumes bio.
Grâce à leur plat d’un nouveau genre, ce groupe a été classé 2e lors d’Ecotrophélia. Une compétition parmi d’autres où ces étudiants ont osé faire bouger les lignes de notre société pour s’inscrire dans un avenir où l’entrepreneuriat a décidément toute sa place.