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L’élevage laitier à l’épreuve de la durabilité

Alors que l’UE demeure le premier producteur mondial de lait, la parole des agriculteurs se fait trop rare dans les débats qui redessinent les contours de l’élevage de demain. Le secteur, à la croisée des chemins, réclame reconnaissance, innovation et équité.

Temps de lecture : 3 min

Présents de la Bavière aux vallées alpines, des plaines françaises aux Pays-Bas, les producteurs laitiers, garants de la souveraineté alimentaire et de l’équilibre rural, voient leur avenir fragilisé par les pressions environnementales, économiques et réglementaires. Caroline Van der Heyden, ingénieure agronome, a récemment défendu leur cause devant l’intergroupe sur l’élevage durable du parlement européen, dressant un tableau nuancé d’un secteur en pleine mutation.

Caroline Van der Heyden rappelle que l’UE, géant laitier mondial, fait face à une demande toujours plus forte. Pour y répondre, l’innovation s’impose, afin de garantir une production durable, accessible et rémunératrice pour les éleveurs.

Une diversité de modèles à valoriser

L’élevage laitier européen est loin d’être uniforme : alpages traditionnels, fermes robotisées, modèles familiaux ou spécialisés… Cette diversité, trop souvent caricaturée, mérite reconnaissance. « Il ne s’agit pas d’opposer les modèles », insiste l’agricultrice, mais de reconnaître leur adaptation à des contextes locaux variés.

La baisse du cheptel s’accentue sous l’effet de maladies, de la volatilité des marchés et des tensions géopolitiques. L’incertitude freine l’investissement, tandis que les contraintes environnementales, parfois vécues comme injustes, renforcent un sentiment d’abandon. Une réduction forcée des cheptels risque de freiner l’innovation et de décourager les jeunes.

Les éleveurs pris en étau

Pourtant, cette pluralité est aujourd’hui sous tension. La baisse du cheptel, entamée depuis plusieurs années, s’accélère sous l’effet de maladies animales, de la volatilité des marchés et, plus récemment, des secousses géopolitiques. L’incertitude pèse lourdement sur la capacité d’investissement des exploitations, menaçant d’entraver les efforts de modernisation.

Dans certains États membres, les injonctions à réduire les émissions de gaz à effet de serre et l’usage des effluents se multiplient, alimentant un sentiment de défiance, voire d’injustice. Derrière ces mesures se dessine le spectre d’une « réduction artificielle » des cheptels, qui pourrait bien provoquer un effet boomerang en étranglant l’innovation, en freinant la recherche, et en détournant les jeunes générations d’un métier déjà exigeant.

Le fumier, nouvelle ressource stratégique

Longtemps perçu comme un déchet, le fumier devient un atout écologique. Grâce aux technologies, il produit de l’énergie, des fertilisants et des digestats durables. Une ferme de cent vaches peut ainsi remplacer jusqu’à cinquante tonnes de nitrate d’ammonium. Le frein n’est plus technique, mais politique.

La directive Nitrates, malgré ses ambitions environnementales, limite encore l’usage de fertilisants organiques issus de nouvelles technologies. Ce cadre freine l’innovation et la circularité que l’UE appelle pourtant de ses vœux. Les agriculteurs réclament des règles plus souples, fondées sur les réalités agronomiques et les besoins du terrain.

Reconnaître et accompagner la transition

Le secteur attend une politique commerciale équitable, la reconnaissance de ses efforts en matière de durabilité, et surtout, la levée des freins réglementaires. L’avenir passe par une vision stable, ouverte à l’innovation et construite avec les acteurs de terrain.

« Et si nous demandions enfin aux agriculteurs eux-mêmes quelle agriculture ils souhaitent pour demain ? » interroge Mme Van der Heyden. Un rappel essentiel : la transition ne viendra pas de la commission seule, mais de ceux qui, chaque jour, nourrissent l’Europe et façonnent ses paysages.

Marie-France Vienne

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