La ferme Leurquin remporte le concours «Qu’elle est belle ma prairie»
Dans le cadre de la Foire de Libramont, Natagora, la Fugea et Natagriwal ont remis les prix de leur concours « Qu’elle est belle ma prairie ! Des fermes autonomes, des prairies florissantes ». La première place revient à la ferme Leurquin, à Chimay (province de Hainaut). Maxime Mélon, éleveur à Viroinval (Hainaut également), est arrivé second tandis que Mathéo Anceau, installé à Doische (province de Namur) a remporté le prix « jeune ».

Organisé pour la onzième année, le concours « Qu’elle est belle ma prairie ! Des fermes autonomes, des prairies florissantes » récompense les pratiques agricoles qui permettent de préserver la biodiversité comme l’autonomie fourragère et l’élevage extensif. Parmi les nombreuses candidatures au concours, dix éleveurs ont été sélectionnés. Un jury professionnel les a choisis en se fondant sur la qualité biologique de leurs prairies, la manière dont celles-ci sont valorisées et intégrées à leur système d’exploitation, ainsi que sur le caractère exemplaire de leurs fermes en matière de transition agroécologique.
À l’issue du concours, les deux premières places ainsi qu’un prix « jeune » ont été décernées le 26 juillet. Le lauréat a remporté un bon d’une valeur de 1.000 € destiné à l’achat d’un animal.
Une parcelle suivie depuis le début des Maec en première place
La parcelle qui a remporté le concours est une prairie de 10 ha, en un seul tenant, humide et trop froide pour d’autres usages que celui qui en est fait. Elle appartient à Philippe et Olivier Leurquin, père et fils installés à Salles (Chimay). Dès l’achat de sa ferme, en 1983, Philippe a opté pour les méthodes agro-environnementales et climatiques (Maec) plutôt que pour l’intensification. Olivier l’a rejoint en 2018 et, ensemble, ils adaptent leur système aux réalités climatiques actuelles. Leur élevage de Blanc-Bleu mixtes est mené en agriculture raisonnée.
Leur prairie lauréate est engagée depuis le début du programme agro-environnemental en mesure ciblée « prairie de haute valeur biologique » (MC4). Elle est pâturée extensivement, c’est-à-dire avec une faible densité animale par unité de surface, et est gérée sans fertilisation. On y observe plusieurs centaines d’orchis mâles, d’orchis tachetés, et même le triton crêté.
Le maillage écologique mis en place sur la ferme est particulièrement développé, et c’est à l’encouragement de leurs enfants que Philippe et Oliver doivent leur participation au concours.
Le jury a apprécié leur démarche exemplaire de préservation de la nature dans un cadre raisonné, la belle image de transmission père-fils, l’engagement rare d’un élevage en race locale menacée, et la qualité exceptionnelle de la prairie, suivie depuis le début du programme Maec.
Maxime Mélon s’adjuge le second prix
Installé depuis 1999, Maxime Mélon a repris la ferme de son beau-père et engagé une conversion vers l’agriculture biologique. Il élève des bovins Aubrac et des moutons « Entre-Sambre-et-Meuse », une race locale menacée, sur 50 ha de prairies permanentes. Très ancré localement, il développe des activités socio-culturelles, un camping à la ferme et un pressoir partagé avec le village. Toute la production est transformée et vendue sur place.
Sa prairie (1,1 ha) présentée au concours est reprise dans le réseau Natura 2000 et exploitée en fauche et pâture. Dans les années 80, cette parcelle communale a échappé à un projet touristique grâce à une mobilisation citoyenne. Elle est aujourd’hui engagée en Maec « prairie de haute valeur biologique », avec zone refuge et pratiques extensives. On y observe une flore riche (flouve odorante, fétuque rouge, centaurée…) et des espèces emblématiques comme la pie-grièche et le chevreuil.
Le jury a apprécié l’intégration d’ovins « Entre Sambre et Meuse », une race locale menacée, la richesse exceptionnelle de la flore de la prairie, l’autonomie totale de la ferme en fourrage et alimentation, la forte dynamique locale portée par l’agriculteur et sa volonté d’aller plus loin encore, avec le creusement prochain de mares.
Un prix pour encourager la jeunesse
Installé depuis 2024, Mathéo Anceau, le plus jeune candidat ayant jamais participé au concours, a repris la ferme familiale, active depuis cinq générations et convertie en bio en 1994. Il élève des Blondes d’Aquitaine sur 58 ha, dont 82 % de prairies, avec une autonomie fourragère de 100 % et un système d’élevage extensif. Il a déjà replanté des haies et projette de développer la vente de colis de viande.
La prairie présentée (1,5 ha) est permanente. Elle est exploitée depuis plus d’un siècle et engagée dans le programme Maec comme « Prairie de haute valeur biologique » depuis 2019. Fauchée une fois le 1er juillet puis pâturée en fin d’été, elle est gérée sans intrants. Elle accueille une flore diversifiée et les haies sont propices aux chauves-souris. Ce que Mathéo apprécie dans cette prairie, c’est son exposition, la proximité de l’eau, les haies et le lien affectif avec le village de ses arrière-grands-parents.
Le jury a salué sa forte motivation, son jeune âge, son autonomie dans les décisions, même si son père reste impliqué, la qualité de la prairie et l’exemplarité de son engagement.